Une histoire simple 0.5 (français)
#24 of A simple Story
Un franc soleil entretenait sur la petite ville un temps chaud et sec depuis plusieurs jours déjà, pour le plus grand bonheur de tous les habitants. De rares nuages blanc passaient parfois pour rompre le bleu uniforme qui illuminait le ciel, mais sans faire craindre d'une pluie prochaine. La météo était formelle, il ne pleuvrait pas avant des jours. Le printemps avait été suffisamment humide comme cela, personne ne voulait ressortir les parapluies, et les élèves encore moins. Tous, dans la classe, regardaient leurs montres ou l'horloge murale. Le professeur tentait de maintenir un semblant d'ordre et d'attention afin de terminer la leçon d' anglais. Mais le jeune taureau savait que cela était peine perdue avant même que la grande aiguille ne finisse enfin par se fixer sur le «12» si désiré de tous. Une forte sonnerie retentit et la trentaine de jeunes garçons et de jeunes filles, tous au seuil de l'adolescence, s'élança en hurlant sa joie hors de la classe, essayant d'ignorer le professeur qui hurlait les chapitres à réviser pour le lundi suivant.
Rassemblant ses deux livres et les jetant de façon précipitée dans son sac a dos, le jeune âne quelque peu obèse soupira son soulagement. Le week-end, enfin.
FJ se leva et au contraire de ses camarades, il marcha calmement vers la sortie, prenant soin de saluer d'un geste de la main le professeur qui lui retourna la politesse de façon mécanique, occupé déjà à effacer le tableau. Le garçon regarda furtivement son reflet dans la glace de la porte. Il ne vit rien d'autre que son visage encore un peu poupin. Un tour de visage noir, le centre de sa figure blanche, de grandes oreilles un peu recourbées et arrondies à la teinte charbon, un museau rond également et proéminent, comme il sied à chaque âne. Il se surprit à se sourire un peu, content d'avoir un peu de repos à la maison. Son grand T-shirt bleu marine couvrait tout son tronc mais ne cachait rien de ses bourrelets un peu trop prononcés, même pour lui. La génétique familiale jouait en sa défaveur, car il avait la même physionomie que son père, sa mère mince ne lui ayant légué que peu au niveau du physique. Les efforts qu'il faisait au niveau de son alimentation n' étaient guère payés en retour.
« Alors, tu viens ou pas ? »
FJ sortit de sa rêverie, le visage tourné vers le garçon qui venait de s'adresser à lui, tout sourire.
« Je ne sais pas. Tu crois qu' on a raison de faire ça ?
- Allez, on ne fait rien de mal ! Je le sais car moi je l'ai déjà fait ! Et puis tu vas voir, ce sera mieux que sur u-porn ! »
FJ rougit à l'évocation du site de vidéos pornos que lui et son ami regardaient parfois ensemble certains soir. Il regarda plus attentivement son ami.
« Je ne sais pas. C'est ton père après tout
Il n'en saura rien ! Cela fait six mois que j'ai trouvé l'endroit ou il emmène les filles qu'il se trouve pour les niquer tranquillement et il ne m'a jamais attrapé !
Si tu le dis, Calvin... »
Le louveteau gris sourit plus franchement. De même taille que FJ, mais plus mince et, selon FJ, plus séduisant que lui, il mit son bras autour du cou de l'âne, l'entrainant doucement mais fermement vers la sortie du collège. FJ songea qu'il ne lui restait plus que quelques semaines avant les vacances, et son passage en 4ème. Il céda à l'amicale pression.
« Bon c'est d'accord, si tu me dis qu'il n'y a pas de danger. »
Le louveteau gris contint sa joie.
« Il n'y en a pas, c'est garanti ! Pas plus que de se palucher devant un clavier avec papa et maman en bas nous croyant endormis ! Tu vas voir, voir cela en vrai, c'est bien meilleur que de regarder sur un écran. Papa est endurant et s'il a choisi cette maison, c'est bien parce qu'il sait qu'elle n'est pas prête d'être vendue
- Je parie que c'est lui qui est chargé de la vendre... »
Calvin, cette fois-ci, ne contint pas son rire.
« Bien entendu ! C'est pourquoi il a les clés et c'est pourquoi j'ai trouvé la maison si facilement ! Ah, quand je serai plus grand, j'espère pouvoir toujours y aller et amener ma propre copine ! »
FJ rit à son tour, rougissant toujours un peu. Calvin était un garçon bien plus extraverti que lui ne l'était. Et, mais cela il se gardait bien de le lui dire, bien plus intéressé par les filles que lui ne l'était. Que lui ne le serait jamais.
« Je ne sais pas si je resterai longtemps par contre. Je dois prendre Lily sur le chemin du retour. »
Calvin grimaça.
« Encore ? Tu es sa baby-sitter ou quoi ?
Juste son grand frère. Tu le seras peut-être un jour.
Vu la quantité de préservatifs que papa achète, j'en doute ! »
Le jeune duo passa les portes du collège, Calvin ayant relâché le cou de FJ. L'âne gratifia ses amis d'un salut rapide, son pas leur faisant comprendre qu'il avait autre chose à faire. Calvin fit de même, et aucun des groupes en cours de dispersion ne leur en tint rigueur.
« Tu dois la prendre à quelle heure ? »
FJ regarda sa montre.
« Dans un peu moins d'une heure.
Cela ira alors, je ne pense pas que l'on puisse tenir bien longtemps. Tu as des mouchoirs ?
Pourquoi faire ?
Pour pas laisser de traces, voyons ! J'ai pas envie de prendre le risque qu'on nous surprenne, ou que papa trouve du sperme sur la vitre du salon ! J'ai eu assez de mal à nettoyer mon clavier la dernière fois. »
FJ rougit plus intensément.
« J'en ai je crois bien, oui. »
FJ mit sa main dans sa poche droite et trouva un paquet de mouchoirs jetables qu'il garda en mains un moment avant de le remettre dans sa poche.
« Et puis, je ne l'ai pas fait exprès, tu le sais bien. »
Calvin rit franchement à la remarque.
« J'imagine bien, oui ! J'ai quand même été surpris par la distance. »
FJ était gêné de parler de cela. Il savait que son ami plaisantait quelque peu de ce qui était arrivé. FJ sentait tout de même qu'il devait répliquer.
« Et moi donc ? Toi tu as failli hurler «headshot !» quand tu as touché le visage de la fille avec ton truc ! »
Calvin eut du mal à réprimer un fou rire, les deux garçons continuant à marcher dans la rue.
« Hé, les blondes, cela me fait cet effet. A toi aussi, non ? »
FJ évita le regard de son ami, et répondit timidement qu'ils étaient devant le même film. Il ne voulait pas lui dire que ce qu'il avait le plus apprécié, c'était l'ours polaire et la façon qu'il avait eu de pénétrer la jeune lionne. Plus exactement la grosse paire de testicules qui se découpait pleinement contre les fesses de la jeune fille à chaque fois que son sexe était entré à fond. La simple pensée de la scène faisait un petit effet à FJ.
Tournant le coin de la rue, les deux garçons passèrent devant une maison de briques rouges, au toit plat, un peu cachée derrière une haie d'arbustes. Cette haie s'arrêtait sur le coté gauche pour laisser la place à une palissade de bois blanc. Le bas de la palissade était caché par endroit par des buissons. Les deux adolescents regardèrent autour d'eux et notant que personne ne passait dans la rue, ils se courbèrent et franchirent l'obstacle par un trou dissimulé par un des buissons, contournant le panneau « a vendre » qui pendait à son support depuis des mois, défraîchi par le soleil et la pluie. Ils entrèrent dans le jardin aux herbes hautes et marchèrent silencieusement jusqu'à l'arrière de la maison, où une porte vitrée fermée permettait tout de même de voir dans le salon. Les garçons se dissimulèrent dans les hautes herbes et s'approchèrent doucement. La porte était fermée et un vieux rideau translucide pendait devant. Mais le rideau était troué et de larges pans évidés permettaient tout de même de voir à l'intérieur d'autant plus facilement que les lumières du salon étaient allumées. Calvin savait que son père était présent, car il avait vu sa voiture, une vieille Buick verte, garée un peu plus haut dans la rue. Il n'y avait que très peu de vent, donc aucun risque pour les garçons d'être découverts par une rafale. Ils se mirent à genoux. FJ nota que Calvin avait déjà ouvert sa braguette et qu'il repoussait son slip vers le bas, un sourire de plaisir illuminant ses lèvres quand sa main entra en contact avec son intimité. FJ l'imita, essayant de ne pas regarder le membre de son ami.
De l'intérieur de la maison, on entendait des râles et des cris quelque peu étouffés. De leur position, les garçons ne voyaient pour le moment que le vieux canapé, le dossier tourné vers eux, dissimulant les deux adultes dont ils ne voyaient que les jambes nues se frotter les unes aux autres. Deux voix, une masculine et une féminine, échangeaient des soupirs de désir et de lubricité. Les garçons eux restaient muets, ne voulant pas se faire entendre. Calvin se caressait, fermant les yeux à moitié. FJ, lui, l'imitait mais il ne prenait guère de plaisir à tout cela. L'étrangeté de la situation l'effrayait quelque peu. C'était une chose de voir des films pornos sur un écran, c'en était une autre d'espionner deux adultes. Et FJ n'aimait pas vraiment cela. Pour ne pas froisser son ami qui avait fait l'effort de lui révéler un de ses secrets les plus intimes, FJ essaya de se concentrer sur une puissante voix grave, un peu comme celle de l'ours du dernier film, afin de se donner tout de même du plaisir.
A l'intérieur de la maison, le loup se redressa, sa tête et son tronc apparaissant désormais au dessus du dossier du canapé. Il regardait vicieusement la jeune femme sous lui, l'insultant et lui faisant part du plaisir qu'elle lui donnait. FJ voyait avec un peu de malice les expressions de plaisir identiques chez le père et le fils. Il se garda bien de rire, ne voulant pas attirer l'attention de quiconque.
Le père souleva alors la jeune femme et la força à se positionner contre le dossier, le visage face à la porte vitrée. Leurs yeux fermés, le rideau, les herbes et la lumière extérieure les empêchaient de voir qu'ils étaient espionnés. Les gros seins de l'ânesse bougeaient à chaque fois que le loup, placé derrière elle, lui rentrait son sexe dans son vagin. Elle criait son plaisir à chaque coup de boutoir, la tête en arrière.
Cela n'avait pas empêché FJ d'ouvrir de grands yeux effrayés. Il avait cessé tout geste en voyant le visage de la femme. A ses côtés, Calvin avait poursuivi un court instant ses caresses intimes avant de se rendre compte du fait qu'il connaissait très bien la partenaire de son père.
« Maman ! »
Le cri de FJ était presque muet. Calvin y avait entendu toutefois tout le désarroi dont le garçon était capable. Il regardait la femme, perdue dans son désir, dodelinant de la tête avant d'être remise sur son dos par le loup qui s'étendit à nouveau sur elle, ne laissant plus voir que leurs jambes. Une larme commença à couler sur la joue droite de l'âne. Baissant la tête, il referma sa braguette et se leva doucement, trainant son sac à dos au sol, incapable ou ne pensant pas à le remettre sur ses épaules. FJ essuya rapidement la larme et contint la suivante qui menaçait de couler. Calvin, lui, referma aussi son pantalon, tout désir coupé. Il posa une main sur l' épaule de FJ.
« Je ne savais pas... Je te le jure... »
FJ resta sur place une seconde avant de repartir vers la sortie, trainant toujours son sac. Il jeta un oeil rapide par dessus son épaule, la voix emplie de larmes.
« C'est l'heure pour moi d'aller chercher ma soeur. »
Calvin resta sur place, se demandant quoi faire. FJ lui donna une bonne raison de ne pas s'inquiéter pour lui.
« Je sais que c'est pas ta faute. Mais je dois aller chercher Lily maintenant. »
Sans plus se retourner, FJ rejoignit la rue, la tête basse, refoulant autant qu'il le pouvait sa tristesse, sa honte, pendant que Calvin restait dans le jardin à ruminer sa propre stupidité.
FJ marcha tel un automate, la tête basse, une sangle de son sac sur son épaule gauche. Il n'avait pas eu le coeur ni la force de le remettre correctement sur son dos. Il franchit quelques rues, ignorant les passants qui le reconnaissaient et qui le saluaient. Sa mine déconfite fit comprendre à tous que FJ était totalement déprimé, et personne ne lui tint rigueur de son silence ou de son impolitesse. Il nota à peine l'attroupement qui se forma devant lui. Ce n'est que lorsque un sonore
« Pousse toi, Grasdu ! »
retentit à ses oreilles qu'il leva les yeux. Trois garçons se tenaient face à lui. Son esprit était si anesthésié qu'il nota à peine la présence d'un rott, d'un sanglier et d'un jeune ours noir face à lui. Les noms de Gruff, de Reese et de Dave qui s'imprimèrent dans son esprit ne le firent pas réagir d'avantage autrement que comme d'une information. FJ ne fit même pas attention aux trois blazers neufs aux couleurs de l'équipe de football du collège qu'ils arboraient fièrement. Il continua sa route, passant à coté de Gruff qui saisit le sac de FJ dans sa main, le retirant de son épaule.
« Je crois t'avoir dit de te pousser, Grasdu ! »
FJ leva la tête une seconde, contemplant d'un oeil stupide les trois jeunes emmerdeurs avant de baisser la tête à nouveau, soupirant. Il ne fit rien pour essayer de reprendre son sac des mains de Gruff, comme il s'échinait à le faire quand cela arrivait avant.
Le sac de FJ en mains, Gruff regarda le garçon, surpris par son manque de réaction. Ses amis Dave et Reese agitaient les mains, voulant jouer à se lancer le sac autour de FJ, comme de coutume. Gruff regarda ses amis, secoua sa tête et jeta le sac en direction du garçon. Il atterrit quelques pas devant lui.
« Pourquoi tu ne nous l'as pas lancé ? »
Reese regardait Gruff avec un regard de reproches.
« C'est pas marrant quant il n'essaye pas de le reprendre. »
Dave dodelina de la tête, pour marquer son accord. Le plus amusant était de voir le garçon obèse tenter de reprendre son bien, ayant toujours un temps de retard sur les échanges. Mais si FJ ne réagissait pas, à quoi bon se fatiguer ? Reese grogna son désaccord, mais il suivit ses amis qui poursuivirent leur route, se forçant à oublier la rencontre ratée.
Dans leur dos, FJ s'était arrêté face à son sac. Il tentait de se convaincre de le reprendre. Ce n'est qu'en songeant au prix que son père avait payé pour le lui offrir qu'il fut convaincu de ne pas l'abandonner. Il prit soin d'enlever quelque peu la poussière avant de le remettre convenablement sur son dos, reprenant sa route vers l'école élémentaire.
Le regard de FJ ne se ralluma quelque peu que lorsque il vit la petite ânesse, portant un t-shirt mauve sur son pantalon bleu, assise sur un banc face à l'école élémentaire. Les sombres pensées de FJ se dissipèrent à la vue de sa jeune soeur qui prit son sac, saluant ses amies avant de se jeter dans les bras de son frère aîné. Sa voix claire et haut perchée était un baume sur le coeur blessé du garçon.
« Qu'est-ce qui se passe FJ ? On dirait que tu as pleuré ! »
Le garçon sourit timidement, prenant sa cadette de trois ans de moins que lui par la main, reprenant le chemin de la maison.
« C'est rien, Lily. J'ai pris... des morceaux d'oignons dans le visage, ça me pique encore un peu. »
FJ faisait attention à contrôler sa voix. Il ne voulait à aucun prix que sa soeur puisse deviner ce qui venait de se passer. Fort heureusement, si elle se douta de quelque chose, elle n'en fit rien paraître. Après tout, à neuf ans, on n'avait pas encore la tête à cela.
« Comment a été ta journée ? »
La petite ânesse arborait un visage épanoui. Sa tête était similaire à celle de son grand frère, la distribution des couleurs de sa fourrure les distinguant cependant. Noire là ou FJ était blanc, blanc ou le garçon était noir. Lily tenait de sa mère autant que FJ tenait de son père.
« Comme d'habitude, et la tienne ?
Pareille aussi ! Aujourd'hui on a fait un peu de musique ! Je suis bien contente de voir que je joue mieux de la flute que cette bécasse de Tifany ! Elle arrive à peine à aligner deux notes justes, et moi je vais jusqu'à quatre ! Oh et puis Kevin n'était pas là aujourd'hui. La prof nous a dit qu'il avait une pneu...pneuma...Pnauno...
Pneumonie.
Oui ! Il a toujours eu les poumons fragiles, c'est la troisième fois cette année ! Et puis on a su aussi que Miss Partridge allait prendre sa retraite ! Elle n'est pas si vieille que cela pourtant ! Elle fait plus jeune que Miss Rayley mais elle de toute façon, je l'aime pas !
Oh et pourquoi ça ?
Je sais pas mais je l'aime pas ! Et puis elle sait pas mettre un haut correct qui aille avec ses pantalons ! C'est pas compliqué pourtant, moi et maman, on y arrive bien ! »
La mention de sa mère fit faire une grimace à FJ. Il constata avoir eu la chance de voir que Lily regardait vers une haie fleurie du voisinage. Elle ne poserait pas de question à ce sujet.
« Tu crois que papa sera déjà rentré ?
Je crois, oui. On est vendredi et il rentre toujours plus tôt. Enfin, quand il n'a pas de réunion de dernière minute.
Cool. J'espère que papa fera de la pizza ! »
FJ acquiesça, souriant. Son père était un raisonnablement bon cuisinier, et ses pizzas étaient meilleures que les surgelées. Le garçon se focalisa sur la journée de sa soeur qui lâcha sa main une fois arrivée au seuil de la maison. FJ aimait sincèrement sa petite soeur. Il se souvenait encore de la première fois qu'il l'avait vue, une heure à peine après sa naissance. Elle était alors une si petite chose, si fragile, que FJ avait senti le besoin inné de la protéger. Il n'était qu'un petit garçon de même pas encore 4 ans, mais il s'était fait la promesse de veiller sur elle du mieux qu'il le pourrait.
La petite fille sage se changea alors en tornade mauve en entrant dans la maison, cherchant ses parents. A son grand déplaisir, seul Marty, son père, se trouvait dans le salon. Sa peine de ne pas voir sa mère s'effaça quand l'homme la prit dans ses bras pour lui embrasser ses joues. Lily tenta de résister pour la forme.
« Non papa, tu piques ! »
Marty ignora les protestations et l'âne costaud ne relâcha sa fille qu'une fois convenablement embrassée sur ses joues. FJ fit un geste rapide de la main pour saluer son père, restant à distance. Il avait passé l'âge de ce genre d'effusions mais Marty se plaisait à ignorer ses protestations parfois.
« Tu sais où est ta mère ? J'ai essayé de la joindre mais son téléphone est sur répondeur.
- Maman n'est pas là ? »
Lily ne cachait pas sa déception. Cela ne l'empêchait pas de se ruer sur le frigo pour en sortir une grande bouteille de lait. FJ, qui avait posé son sac, la suivit pour lui donner un verre. La mention de sa mère fit avaler FJ presque de travers. Il évita de regarder son père droit dans les yeux, prenant pour excuse le fait de chercher dans la cuisine quelque chose à manger. Marty, qui était reparti vers le salon, ne protesta pas en le voyant faire.
« Heu, non.
- Elle doit encore être en réunion ! »
Lily n'ajouta rien, le museau désormais occupé à boire son lait. FJ ne fit rien pour la contredire. Un vieux magazine à la main, Marty se dirigea vers les toilettes.
« Elle travaille trop parfois. J'imagine qu'elle sera quand même à temps à l'heure pour manger ! Et toi, FJ, tu fais une drôle de tête. Tu as des soucis ? »
FJ reposa l'en-cas qu'il avait en mains et regarda son père fixement.
Que dire ?
« Non papa, j'ai juste vu maman se faire sauter par le père de mon meilleur ami, je crois qu'elle rentrera tard ce soir et qu'elle aura la migraine. »
Absolument hors de question.
« Non papa, j'ai juste eu une grosse journée. »
Marty scruta le visage de son fils un instant. FJ reprit son en-cas et détourna son regard.
Il soupira. Après tout, si FJ avait vraiment un problème, il finirait bien par venir en parler. Le père s'enferma dans la salle de bains avant que Lily ne prenne possession des lieux. Fort heureusement pour la vessie et les intestins du père, sa fille était captivée par la télévision et les trois super-héroïnes dessinées qui mettaient une volée à un singe maléfique.
Le sandwich que FJ mâchait lui semblait insipide. Assis contre le bord de la table, le garçon finit par le remettre au frigo et par monter dans sa chambre. Rien n'avait changé de place depuis le matin, mais FJ ne se sentait plus chez lui. Il manquait la sensation de protection qu'il venait de perdre. Il lui manquait aussi un véritable ami à qui se confier. Depuis son départ de la maison maudite, FJ n'était plus très enclin à fréquenter Calvin.
Ce n'était pas la faute du garçon, non, mais il était un peu responsable de tout cela quand même. Le garçon pensa que sa rancoeur se dissiperait peut-être avec le temps. FJ retira ses chaussures et s'allongea sur son lit, les bras derrière la tête. Il ne bougea plus et laissa une larme couler sur la mort de son innocence.
Tout venait de changer. Et ce qui faisait le plus peur à FJ était de savoir qu'il ne pouvait pas imaginer quelle serait sa vie désormais. Il ne savait pas non plus ce qu'il devrait dire, ou faire. Ou ne pas dire, ne pas faire.
A l'extérieur, le soleil poursuivait sa course et la petite ville était pleine de gens qui vivaient chacune leurs propres existences, faisaient face à leurs propres drames, jouissaient de leur propres plaisirs et expérimentaient leurs propres joies. FJ était trop perdu dans ses pensées et ses inquiétudes pour avoir conscience de tout cela. Il était trop occupé à réfléchir.
A ses yeux, une seule chose était certaine.
Rien ne serait plus pareil.