Renaissance
This story was wrote in 2008. It's been 8 years, and I didn't publish here before... It was a mistake.
This mistake is corrected today.
Renaissance
Première Partie : Au commencement
Chapitre Premier : La Belle, le Zoo et les Salauds
Je marchais aux côtés de Graphite, ma jument, une pur-sang à la robe d'un noir mat profond. Elle était belle, gentille et intelligente, la partenaire idéale pour la course. Je la connaissais depuis sa naissance, presque dix ans auparavant, je l'avais vu naître puis grandir, je m'occupais d'elle depuis le début. Elle était grande, toisant un bon mètre soixante-quinze, presque aussi grande que moi, mais aussi fallait-il dire que j'étais un géant parmi les jockeys, culminant à un mètre quatre-vingts. Je l'entraînais pour la course de plat, et elle avait déjà plusieurs victoires en régional à son actif.
Ce jour là, l'habituelle séance d'entraînement d'endurance au galop était finie, je la raccompagnais à son box pour la laver. Comme d'habitude. La douche était pour elle un vrai plaisir, elle adorait sentir l'eau chaude lui parcourir le pelage, et elle appréciait encore plus le moment où je la savonnais, tout comme elle adorait les contacts intimes, tels que les massages et les caresses. Une fois rincée, je saisis la brosse et commençai à la bouchonner, commençant par sa tête, et allant progressivement vers son arrière-main. Je m'affairais sur chaque centimètre carré de ce doux et fin pelage de la couleur du graphite, j'exerçais un brossage énergique mais très doux, sans trop, ni trop peu de pression sur la brosse. C'est ce genre de contact très intime qui crée les liens les plus forts, et ces liens avec ma jument était devenus, à la longue, un peu... spéciaux. Le brossage, une fois arrivé aux environs de la queue, provoqua un petit effet à Graphite, mes massages lui allumaient un petit feu intérieur, et elle le signalait en levant légèrement la queue. Je posai la brosse et commençai à la caresser tendrement tout en lui susurrant :
- À ce que je vois, tu en as tout autant envie que moi.
En guise de réponse, elle leva un peu plus sa queue. Je glissai une main un peu baladeuse vers son sexe, et j'entrepris de glisser doucement un index dans son intimité, je vis qu'elle était déjà bien mouillée. Je rangeai rapidement le matériel, et emmenais Graphite vers son box. Par prudence et paranoïa, je fis le tour de l'écurie. Une fois que je m'étais assuré que personne ne pourrait nous surprendre en pleins ébats, je la rejoins rapidement. Je la caressai de nouveau, très tendrement. Mon contact et ma chaleur firent remonter son désir, et son odeur le mien. Je glissai de nouveau une main baladeuse. Elle leva de nouveau la queue, elle n'avait pas l'air d'avoir changé d'avis. Je glissai un doigt, doucement, et elle releva encore un peu plus sa queue. Je commençai à la masturber lentement. Elle respirait de plus en plus bruyamment. Mes autres doigts suivirent rapidement, puis ma main entière. Elle avait complètement levé sa queue, et écarté ses membres, offrant ainsi un accès aisé vers le fond de son vagin. Je la pénétrai donc avec mon bras, doucement, mais en allant bien profondément, et sans aucune difficulté. Je restais ainsi, sentant son excitation monter à chacun de mes mouvements. J'entamai un petit va-et-vient lent, sentant ses sécrétions, de plus en plus abondantes, couler le long de mon bras. J'augmentai l'amplitude des mouvements, elle me répondait en serrant son vagin autour de mon bras. Je m'employai à stimuler son point G, me calquant sur ses spasmes et ses contractions. Son orgasme arriva très vite, et une bonne dose de cyprine, mêlées à une longue giclée d'urine, coula sur mes chaussures. Elle expira très bruyamment. L'odeur particulière de l'expression du plaisir m'enivrait, et j'avais mal tant mon sexe était dur. Je me déshabillai et me serrai contre elle, qui était en train de reprendre son souffle après ces vives émotions, j'appréciais sa chaleur et la douceur de son pelage. L'odeur même de sa transpiration me transcendait. Je léchai mon bras, dégustant le jus de son plaisir. J'allais chercher le tabouret dans le box, et le plaçais derrière Graphite, je grimpai, et posai mes mains sur la croupe de mon amour. Elle devina immédiatement mes intentions, et se plaça en conséquences, elle était visiblement très impatiente de voir la suite. Je la pénétrai aussi tendrement que mon état d'excitation le permettait. Mes coups de reins firent rapidement remonter le plaisir de ma partenaire, qui commençait déjà à avoir un autre orgasme. Mes va-et-vient se firent de plus en plus profonds et de plus en plus rapides, ce qui provoquait des petits bruits de succion très excitants. Elle atteignit le paroxysme de son plaisir alors que j'atteignais le mien et que je déversais une belle quantité de ma semence en elle, alors qu'elle arrosait de nouveau le sol de ses sécrétions. Je repris mon souffle, et me retirai. Je l'enlaçai et me collai à son cou. La fatigue nous atteignit rapidement, et nous nous allongeâmes sur la paille, ignorant les flaques des produits de nos deux corps. Je me serrais contre son corps et nous restâmes ainsi à dormir toute la nuit.
Le lendemain, je m'éveillai avec le Soleil. Graphite dormait encore, je décidai de ne pas mettre fin tout de suite à son repos. Je regardais sa respiration gonfler son ventre, et écoutais son souffle comme si c'était la plus belle chanson du monde. J'entendis des pas, venant vers le box de Graphite. Une voix, que je connaissais bien, se manifesta :
- Vincent, je sais que vous êtes là.
Max, mon petit disciple, venait probablement me réveiller. Je me levai donc et lui répondis :
- Oui, Max, je suis là.
C'était un jeune homme brun, assez petit et plutôt maigre, donc bien taillé pour devenir jockey. Il n'était pas vraiment beau, mais il avait un certain charme qui ne me laissait pas indifférent, malgré le fait que je n'aimais pas les hommes. Ses origines très modestes ne l'aidant pas à réaliser son rêve, j'avais décidé un an plus tôt de le prendre sous mon aile. C'était aussi un tournant pour ma vie professionnelle, car je commençais à être un peu trop lourd et âgé pour espérer gagner les prochaines courses. Le dressage des nouveaux champions et l'apprentissage aux nouveaux jockeys devenaient mes activités principales. Max allait devenir mon premier apprenti jockey. Le fait qu'il connaisse mes activités sexuelles déviantes ne le dérangeait pas vraiment, il trouvait ça juste un peu... sale.
- àce que je vois, vous avez bien profité de la soirée, déclara Max en me voyant nu et bien poisseux de sueur et autres fluides corporels.
- Pourquoi es-tu là ?
- Pour vous dire que vous êtes en retard pour le salon du cheval.
- Eh merde !
J'avais complètement oublié que je représentais le haras au salon du cheval de Montpellier, et le propriétaire du haras voulait que je lui fasse de la publicité en participant au concours d'élégance. La petite séance sexe de la veille avait encore plus sali Graphite qu'une journée complète d'entraînement. Je douchai donc de nouveau ma belle jument et la bouchonnai, puis je la chargeai dans la remorque pour l'emmener vers le parc des expositions, où se tenait le salon du cheval, à une heure de route. Pour ne rien arranger, le vieux pick-up du haras refusa obstinément de démarrer. Lorsque je réussis enfin à faire partir le moteur, en poussant le pick-up avec l'aide de Max, je pris la route et arrivai à destination, très en retard. Je me présentais à l'entrée des exposants, puis déchargeais Graphite. Lorsque les organisateurs me virent, ils me réprimandèrent en me disant que j'avais mis le bordel dans le planning, et déclarèrent que je passerai en dernier. Cela me laissa une petite heure pour parfaire la toilette de ma jument. Je fus appelé, puis présentai Graphite au public et aux regards critiques des juges. Nous inscrivîmes un score honorable, malgré le retard. Mais ce score ne suffit pas à entrer dans des classements honorifiques. Un bel échec, en somme.
Mon retour peu glorieux provoqua quelques rires de la part des employés du haras, et surtout le mécontentement du propriétaire des lieux, qui espérait qu'un peu de ma renommé ne retombe sur sa propre réputation. Mais j'étais autant connu comme bon entraîneur que comme mauvais exposant. Je raccompagnais Graphite à son box, et lui donnais quelques bouquets de fleurs, cueillis dans le pré d'à côté, afin de m'excuser auprès d'elle pour cette journée, particulièrement les moments où je me faisais engueuler devant elle. Je n'accordais aucune importance à ce salon, mais c'était un peu ma façon de payer la location de ma chambre et du box de Graphite. Un coup de pub pour le proprio valait quelques mois de loyer, et accessoirement la tolérance de mes pratiques peu courante.
Le propriétaire, Edouard de Rostollan, vint me voir dans les écuries, après s'être assuré que personne ne nous entendrait :
- Le fait que vous fassiez des cochonneries avec votre cheval ne me dérange pas, mais il ne faut pas que cela empiète sur ma réputation. Alors c'est la dernière fois que vous êtes en retard à un évènement, surtout la cause est un lendemain de débauche.
- Oui monsieur, cela ne se reproduira plus.
Sur ces mots, il partit, me laissant seul avec ma jument. Le seul fait d'être dépendant de la volonté de cet homme m'agaçait fortement. Et le fait qu'il soit un salaud de première n'arrangeait sûrement pas les choses.
Le pire homme du haras n'était pas ce bourgeois puant, mais son fils, bien plus fort que le père dans la compétence « comportement hautain et sectaire », si prisée des couches sociales qui se disent et qui se sentent supérieures. Charles de Rostollan était l'être le plus détestable que j'eu le déplaisir de connaître, ses manières de noble et son irrespect total pour les chevaux me donnaient très fréquemment des envies de meurtres. À peine son père parti, Charles, égal à lui-même, vint m'aborder pour ajouter une couche de réprimandes, déjà bien épaisse :
- Alors mon petit baiseur de chèvres, à ce qu'il paraît tu aurais raté le concours d'élégance du salon du cheval.
- Un véritable échec dont j'ai le secret.
- Tu es le prince des abrutis, Vincent.
- Tu es vraiment le seigneur des emmerdeurs, Charles.
- La raison de ce retard me paraît hautement compromettante, que ce passerait-il si je décidais de raconter un peu partout que tu baises avec ton cheval ?
- Si tu fais ça, je te tue, c'est bien compris, répondis-je d'un ton passablement excédé.
- Mon père sera fortement déçu par ton attitude.
Ma limite était atteinte, mais je réussis à me contenir. Le fait de voir ma zoophilie révélée au grand jour ne me dérangerait pas. Ce que je craignais par dessus tout, c'est qu'une personne bien-pensante et se sentant probablement plus impliqué que moi pour le bien être des animaux, décide de me dénoncer aux flics, qui prendraient sûrement ma déviance pour une maltraitance envers les animaux. Surtout que la Fondation Brigitte Bardot était récemment passé maître dans l'art de pourrir leur meilleurs alliés potentiels.
- Si ton père me vire,_déclarais-je, _ce haras ne vaudra plus rien, les seuls chevaux qui gagnent quelque chose sont ceux que j'ai dressés personnellement, les autres ne font que de la figuration ou des promenades. Ton père me doit tout ce qu'il a gagné par ce haras.
- C'est à cause de ta perversité que ce concours a été un fiasco, la prochaine fois que tu portes atteinte à mon père, ou à sa réputation, je tue ta salope de jument. C'est clair ?
Ces mots me firent l'effet d'un poignard dans le dos, et je ne pus me contrôler. Je lui envoyai mon poing dans la figure, suffisamment fort pour qu'il trébuche et s'étale de tout son long dans les déjections fraîchement déposée là par les bons soins de ma chère et tendre. Il se releva, la bouche en sang et le costard recouvert de crottin bien frais. Il jura qu'il se vengerait, avant de se diriger vers la sortie.
Le soir arriva, et je pris mon repas avec Graphite, car si je savais que Charles était incapable de m'affronter directement, j'ignorais ce qu'il serait capable de faire à un cheval. Et cela m'effrayait. Même si je n'osais pas me l'avouer. La nuit passa sans que je puisse fermer l'il. Graphite, sentant ma crainte, venait constamment se blottir sur moi, à la fois pour me rassurer et se trouver un réconfort.
Lorsque l'aube vint enfin, Linette, la secrétaire du propriétaire, m'apporta des croissants et un thermos de café. Elle connaissait ma déviance, mais cela ne l'empêchait pas d'essayer de me draguer. Je la soupçonnais d'être amoureuse de moi. Je la remerciai et déjeunai en compagnie de ma jument, lui offrant quelques croissant, ce n'était pas du tout raisonnable, mais elle adorait les viennoiseries. Je passai ensuite la totalité de la matinée à m'occuper de Graphite, à l'entraîner, et même à la promener. Je souhaitais par-dessus tout rester avec elle, ne pas la quitter du regard un seul instant, et empêcher tout ce qui pourrait lui arriver. Quand l'heure du repas arriva, je rentrai au haras, avec l'idée de ne rester que le temps de nourrir Graphite et de manger quelque chose. Mais le proprio me tomba dessus, avec l'intention visible de me faire des réprimandes :
- Vincent, vous parquez votre cheval et vous allez me voir dans mon bureau, tout de suite !
Sa colère était si intense qu'elle en était presque palpable, ses joues flasques et ridées viraient à l'écarlate, et ses yeux injectés de sang me fixaient d'une manière inquiétante. Je commençais à me demander quels outrages il allait me faire subir. J'emmenai donc Graphite dans son box, et je demandai à Max de la nourrir et de s'en occuper, et de ne surtout pas s'éloigner d'elle, pour quelle raison que ce soit. Il m'obéit, sans oublier de me traiter de parano. Après ça, je me dirigeai vers le bureau du proprio. Son fils m'attendait à l'entrée de la maison, il avait l'air de se délecter de quelque chose, et son sourire affichait un côté malsain. Il avait sûrement tout balancé à son père, probablement en exagérant un peu les choses, et il jouissait d'avance des proportions que cela allait prendre. Je ne lui adressai pas la parole, pas même un regard, et entrai dans la maison, puis frappai à la porte du bureau.
- Entrez !
J'ouvris la porte et la fermai précautionneusement.
- Vous savez sûrement pourquoi je vous ai demandé de venir.
- Parce que j'ai frappé votre petit con de fils ? Répondis-je avec franchise et une pointe de défi probablement mal placé.
- Il y a de ça, mais pas uniquement. Je vous ai convoqué parce que votre petite prestation d'avant-hier a fait le tour de la propriété.
- Comment ça ?
- Vous avez été filmé.
Cette nouvelle me choqua, non parce que cela révélait ma zoophilie à tout le haras, ce qui ne m'importait peu, mais parce que c'était un moment d'intimité en compagnie de l'être que j'aimais. Et le viol d'un tel moment faisait toujours subir quelque chose à son amour propre. Je dus m'appuyer sur le dossier de la chaise pour ne pas tomber. Mes jambes devenaient chancelantes.
- Vous avez de la chance, j'ai intercepté le DVD avant qu'il ne se retrouve sur internet.
Cela me transperçait le cur, mais je devais reconnaître qu'il m'avait rendu un grand service.
- Merci, monsieur de Rostollan.
- Ne me remerciez surtout pas. J'ai décidé de vous mettre au pas. àpartir de maintenant, vous ne ferez plus aucune action risquant de mettre en péril ma propriété.
- Je ne ferais plus rien qui pourrait vous atteindre, monsieur. Vous avez ma parole.
- étant donné ce qu'elle vaut, j'ai pensé que cette petite vidéo vous fera tenir cette promesse, dit-il en agitant le disque irisé devant mes yeux.
- Vous voulez dire que...
- Je veux dire que si, dans le cas où vous ne teniez pas parole, cette vidéo irait droit à la gendarmerie, que je n'aurais aucune difficulté à convaincre les autorités que ceci est un abus sexuel, soit une forme de maltraitance grave, et qu'il vaudra mieux pour la santé de cette pauvre bête qu'elle soit confiée à mes bons soins de professionnel.
Du pur chantage. Soit je lui obéissais au doigt et à l'il, soit il m'enlevait Graphite. Sans que je puisse rien y faire. Quand je disais qu'il était un immonde salaud... Il me tenait par les couilles, et je ne pouvais pas riposter.
- Si vous voulez vraiment jouer sur ce terrain là, alors je m'incline, je ne ferais plus rien de répréhensible, dis-je, résigné et surtout dégoûté.
- Je préfère nettement cette attitude. Allez travailler.
Je sorti de la maison, Charles m'attendait. Ce petit fils de salaud avait probablement dégusté tous les mots qui étaient sortis de la bouche son père. Il riait, un rire sadique. J'étais sûr que le film, c'était lui. Il devait avoir caché une caméra dans le box de Graphite, et je m'étais fait avoir en beauté. Il fallait tout de même noter que si j'étais très prudent, je ne passais pas le box au peigne fin à chaque fois que je m'y rendais. J'ignorai Charles et retournai au travail sans conviction, l'amertume me rongeait de l'intérieur, la colère me poussait à frapper du poing tout ce que j'approchais, que ce soit une botte de paille, un mur, ou un tracteur. Chose regrettable, car il est assez douloureux de frapper un tracteur. Lorsque je parvins au box de Graphite, je la regardai, l'enlaçai, puis éclatai en sanglots. Max, qui était encore là, me traita de grand fou puis partit. J'étais sous l'emprise des deux hommes que je haïssais le plus, et ça me rendait malade. Je passai ainsi le reste de l'après-midi avec ma jument, à m'occuper d'elle. Elle sentait ma détresse, et tentait par tous les moyens de me consoler, mais sans réel résultat. Le soir venu, ce fut Max qui me fit sortir du box, il me proposait une promenade au clair de Lune. J'acceptai, car je ne savais pas quoi faire d'autre, à part rester sur place à pleurer sur mon sort. Je sellai donc Graphite, pendant que Max préparait Annette, une jument camarguaise utilisée pour promener les touristes et initier les enfants à l'équitation. C'est ainsi que nous partîmes vers la garrigue, personne au haras ne remarqua notre départ.
Nous étions déjà loin du haras, quand nous décidâmes de nous arrêter pour faire une pause. Nous restâmes tous les quatre un long moment, les humains couchés et regardant les étoiles, les juments se baladant librement et dégustant quelques fleurs sauvages bien fraîches. Max me posa une question assez curieuse :
- Vincent, vous croyez en des êtres supérieurs ?
- Du genre... Dieu ?
- Oui, quelque chose comme ça.
- Non.
- Dommage.
- Pourquoi cette question ?
- Pure curiosité.
Max n'était pas bavard, alors cette question me rendit vraiment curieux.
- Tu n'es pas vraiment du genre à t'intéresser à ce genre de chose, remarquai-je.
- Je sais bien, mais je voulais être sûr de quelque chose.
- Quelle est donc cette chose en question ?
- Je ne sais pas si je peux vous le dire...
- Pourquoi ça ?
- Vincent, est-ce que je peux vous faire confiance ?
- C'est à toi seul de le décider.
Max réfléchit un long moment avant de me révéler le pourquoi de cette question :
- Je crois en É_pona,_lâcha-t-il soudainement.
- _Chacun est libre de choisir ce en quoi il croit,_remarquais-je.
- En fait, je ne crois pas... je sais.
- Comment ça ?
- J'ai déjà vu Épona.
Épona, la déesse gauloise des chevaux. Venant d'un homme que je pensais athée, cette révélation me coupa la respiration pendant quelques secondes. Max n'était vraiment pas du genre à faire des blagues d'un goût douteux, et il était suffisamment intelligent pour savoir que les hallucinations mystiques ne sont généralement pas bon signe de santé mentale.
- Max, quand aurais-tu vu Épona ?
- Vous ne me croyez pas, c'est ça ?
- Je dois bien avouer que j'ai beaucoup de mal à y croire.
- Alors je vous en apporterais la preuve.
Graphite mit fin à la conversation en venant près de moi, et en m'incitant à me lever, c'était le signe qu'elle était fatiguée et qu'elle avait envie de rentrer. Max et moi nous levâmes, puis nous remontâmes en selle. Nous prîmes le chemin du retour sans échanger une seule parole. La révélation de Max me laissait profondément perplexe, je ne savais pas trop quoi penser de tout ça. Une fois rentrés, nous nous séparâmes en nous souhaitant bonne nuit, puis je raccompagnai Graphite vers son box, en laissant Annette dans le pré en passant. Une fois de plus je me couchai avec ma jument, sauf que cette fois je réussis à m'endormir.
Chapitre 2 : Mysticisme
Je marchais dans un pré, il faisait nuit. L'herbe bien grasse était un véritable matelas, sur lequel marcher était très agréable. Le paysage était indistinct, je ne voyais rien de bien plus précis qu'une vague colline au loin. C'est alors que je la vis, à plusieurs dizaines de mètres devant moi. Une Licorne. Je courrais pour me rapprocher au plus vite de cette fabuleuse créature. Mais elle s'enfuit dès qu'elle me vit. Elle s'éloigna d'une centaine de mètre, puis s'arrêta, et se retourna pour me regarder. Je marchais vers elle plus calmement, j'essayais de paraître le plus inoffensif possible. Elle ne bougea pas lorsque j'arrivai enfin à la rejoindre. Elle était très grande, au moins cent quatre-vingts centimètres au garrot, ses muscles étaient très développés et très bien dessinés. Il se dégageait d'elle une beauté et une sensualité indescriptible. Sa robe, d'un blanc parfaitement immaculé, était presque éblouissante sous la lueur de la pleine Lune. Sa corne torsadée mesurait au moins quarante bons centimètres, elle avait l'aspect et l'éclat de l'ivoire. Elle m'observait la détailler avec un calme à la fois rassurant et mystérieux. Ses yeux transparaissaient d'une profonde sagesse. En faisant le tour de son corps, je ne pus m'empêcher de jeter un coup d'il sur ce qui était caché sous sa queue. Je ne vis pas grand-chose, je n'osais pas la toucher, et j'oserais encore moins de tenter un contact plus intime avec elle. Il n'empêchait que le peu que je vis me suffisait amplement. Je revins face à elle, elle me regardait toujours de ses doux yeux noirs. Nous restâmes un certain temps à nous observer mutuellement. Ce fut elle qui fit le premier pas, se rapprochant de moi un sabot après l'autre. Je ne bougeais pas, attendant simplement de savoir ce qu'elle allait faire. Je ne réagis pas lorsque qu'elle se cabra, dans une attitude à la fois menaçante et prudente, je n'avais pas peur, je lui faisais même étrangement confiance. On aurait dit qu'elle tentait de m'impressionner. Mais elle se reposa assez rapidement sur ses quatre membres. Ce fut à mon tour de m'approcher, je tendis la main pour voir si elle acceptait que je la caresse, elle ne déclina pas cette offre. Je posai ma main sur son front, le contact avec son pelage chaud et soyeux me provoqua une décharge d'adrénaline inexpliquée. Elle baissa la tête, elle voulait que je la gratte derrière les oreilles, je la grattai donc. Son odeur était douce et agréable. Une voix résonna dans ma tête :
- Je suis heureuse de te rencontrer enfin, Vincent.
Je n'osais pas répondre, j'avais un peu peur de réaliser que cette créature tout droit sortie de la mythologie pouvait me parler.
- N'ai pas peur. Je ne suis pas venue ici pour te faire du tort.
- Qui êtes-vous ? Demandais-je, la voix tremblante.
- C'est une chose que tu peux savoir par toi-même.
Je ne sus trop pourquoi, mais une évidence vint parcourir mes synapses.
- Vous êtes Épona, c'est ça ?
- Tu vois, tu es assez intelligent pour le deviner.
- Je croyais que vous étiez une femme.
- Il ne faut pas croire tout ce que racontent les légendes anciennes et les cours de latin.
- Je dois bien avouer que je ne croyais pas en vous il y a encore quelques minutes.
- Croire en moi n'a pas d'importance.
- Alors, qu'est-ce qui est important ?
- L'amour.
- Je ne vous suis pas...
- Je t'ai choisi parce que tu es éperdument amoureux de Graphite. Et cet amour va t'être utile, plus tard.
- Comment ça ?
- Je vais te confier une mission de la plus haute importance.
- Quelle mission ?
- Il y a un esprit mauvais, il fait du mal à mes protégés, mais je ne peux pas intervenir directement. Un mortel doit le faire.
Je ne savais vraiment pas quoi dire. J'avais été choisi par la déesse des chevaux pour effectuer une mission, mais je me posais tellement de questions que je ne savais pas par laquelle commencer.
- Tu manques terriblement de réponses à tes questions, mais je ne peux pas t'aider, tu dois trouver seul toutes les solutions à tous les mystères que je t'ai révélés, me dit-elle.
- Dites moi au moins qui est l'esprit mauvais...
- Je dois partir, le temps passe vite, et il est l'heure de te mettre au travail.
C'est ainsi qu'elle fit demi-tour et qu'elle partit, au pas, calme et sereine. Je la regardais marcher, j'étais désorienté et un peu affolé.
J'ouvris les yeux, à moitié ébloui par le Soleil, déjà haut dans le ciel. J'étais dans les écuries, le pré avait disparu. Tout ça n'avait été qu'un rêve, je n'avais pas quitté le box. J'enlaçais encore Graphite, qui dormait paisiblement. Je me levai et allai voir mes affaires, je pris ma montre et regardai l'heure, il était déjà plus de dix heures du matin. Je me souvenais parfaitement de ce que j'avais rêvé cette nuit, et une telle précision m'intriguait. Je n'avais pas l'habitude de me souvenir de mes songes.
Je me levai en évitant de réveiller Graphite, puis je m'habillai. Je me mis à fouiller le box, à la recherche de la caméra cachée. Je la trouvai, à peine camouflée entre le mur de pierres et une poutre en bois de la toiture. Personne ne s'était donné la peine de la reprendre. Ce fait me confirma que c'était l'un des Rostollan qui l'avait mis là, car cet appareil valait bien dans les mille euros, et les Rostollan se foutaient d'une somme si ridicule à leurs yeux. L'abus de fric pourrit les gens, et les pousse au gâchis. La caméra était alimentée en permanence par le secteur, s'affranchissant ainsi des problèmes d'autonomie de la batterie. La curiosité me poussa à regarder le contenu de son disque dur. Près de vingt heures de film y était enregistrées. La plus grande partie du film ne montrait que le box vide, j'allai donc rapidement vers la fin du film.
Je me vis arriver dans le box, desseller Graphite, puis lui donner un seau d'avoine. Pendant qu'elle mangeait, je rangeai tout le matériel. Une fois qu'elle eu fini son avoine, je lui murmurais des mots doux, puis me déshabillai et me couchai avec elle, en l'enlaçant. Je sautai la séquence de film me montrant en train de m'endormir, et arrivai à celle je commençais à rêver. Je me vis parcouru de spasmes et murmurer des paroles à peine compréhensibles. Mais tout cela ne restait qu'un rêve, juste une invention de l'esprit durant le sommeil. J'éteignis la caméra et la rangea mon sac.
Graphite se réveilla et se remit sur ses sabots. Je lui donnai une botte de luzerne. Je pris la décision de ne pas aller manger, malgré la requête formelle de mon estomac de le remplir. Je regardais ma belle manger, et mon ventre criait sa souffrance. Sans que je sache trop ce que je faisais, je pris une poignée de luzerne, et la mangeai, brin par brin. Le goût n'était pas si mauvais, mais c'était un peu sec et surtout très long à mâcher, les dents humaines n'étaient pas vraiment conçues pour ça. En tous cas ça remplissait mon estomac. Me voir manger du foin avait l'air d'amuser Graphite, elle m'observer me transformer en herbivore. Nous finîmes la botte de luzerne, puis je sellai ma jument.
C'était parti pour une journée complète d'entraînement. Le prochain concours régional approchait, et je devais le gagner, pour tenter de convaincre Rostollan de ne pas virer un de ses entraîneurs phare.
Entraînements difficiles, guerres faciles ; disait un adage militaire, et il pouvait tout aussi bien s'appliquer à la course. Je faisais donc faire des sprints à ma jument d'une longueur triple de ce que la course comptait réellement. Graphite n'était pas la seule à souffrir de cet entraînement, car recommencer plusieurs fois ce long galop me tassait les vertèbres et m'enflammait les genoux, ce qui était plutôt douloureux.
Nous nous arrêtâmes pour le repas de midi. Nous rentrâmes au haras, couverts de poussière et éreintés par l'épuisement, mais assez fiers des progrès du jour. Graphite n'aimait pas vraiment s'entraîner, mais elle adorait gagner, dépasser tous les autres chevaux à la course, et surtout, les voir envier sa position. Pour ma part, j'aimais partager ce moment de gloire avec ma partenaire. Mais cette fois-ci, la gloire n'allait pas me revenir en tant que jockey, mais en tant qu'entraîneur, car je n'avais plus aucune chance de gagner, car avec l'âge, mon poids était devenu un peu trop important. Max allait donc monter Graphite. Je ne lui avais pas encore annoncé, mais j'imaginais déjà la joie que cette nouvelle ne manquerait de lui donner. Une fois Graphite dessellée et son seau d'avoine servi, je sortis des écuries pour me diriger vers la maison. On allait servir le repas lorsque j'entrai dans la salle à manger. Je cherchai Charles, et lorsque je le trouvai, je décidai de rester et de m'asseoir à la table. Avoir le danger devant moi permettait de me rassurer sur ce qu'il pourrait faire à ma jument. Max me vit et vint s'asseoir à côté de moi. Les autres employés vinrent se mettre à table, et le cuisinier apporta les plats. Le haras comptait trente-deux employés, ça faisait une grande table. Chacun se servit à tour de rôle, et le repas commença. Je regardais très fréquemment Charles pour m'assurer de sa présence. Je profitai du cliquetis des couverts et de la cacophonie des conversations diverses pour parler discrètement avec Max :
- Épona, à quoi ressemble-t-elle ? Lui demandais-je.
- Je croyais que ne vous intéressiez pas à elle.
- Max, s'il te plaît.
Je ne savais pas si c'était mon regard suppliant, ou bien sa grande envie d'exposer ses croyances, qui l'incita à continuer.
- Épona peut apparaître sous plusieurs formes, suivant où et comment elle décide de nous rendre visite.
- Dans un rêve ?
- Elle apparaît sous la forme d'une licorne blanche.
Le fait que ça collait à mon rêve me troubla, Max ne savait pas que j'avais rêvé, et il ne pouvait pas savoir ce que j'avais rêvé, tout comme ça aurait été une coïncidence improbable de rêver d'une licorne blanche qui parle et qui dit s'appeler épona. Max avait probablement compris pourquoi j'avais posé cette question :
- J'ai comme l'impression que cette question n'était pas anodine.
- Je pense que tu n'as plus besoin de m'apporter la preuve de l'existence d' _É__ pona..._
- Elle est intervenue dans vos songes ?
- Oui...
- Que vous a-t-elle dit ?
- Qu'elle m'avait choisi pour une mission...
- Quelle mission ?
J'étais assez mal à l'aise, et ça devait se voir, car plusieurs employés me regardaient, intrigués.
- On parlera de ça plus tard, ajoutais-je.
- _Je pars en ville cet après-midi, je ne rentre qu'à six heures,_me dit-il.
- On se retrouvera aux écuries.
Je finis mon repas, puis me levai, en jetant un dernier regard sur Charles. Celui-ci ne m'accorda pas la moindre attention. Je sortis de la maison, et me dirigeai vers les écuries. Je retrouvai Graphite, couchée, elle récupérait paisiblement du travail du matin. J'en profitais pour nettoyer son abreuvoir et changer une partie de la paille de la litière. Ces travaux de nettoyage ne la dérangèrent même pas. Elle ne bougea pas non lorsque je m'assis contre elle, en me collant à son flanc. J'adorais la regarder dormir, observer sa cage thoracique se gonfler puis se dégonfler successivement, voir ses membres parcourus par les spasmes provoqués par ses rêves, humer son odeur, sentir sa chaleur. Je l'aimais d'un amour fou et inconditionnel. Je m'allongeai sur elle et m'endormi à mon tour. Une bonne partie de l'après-midi fut consacrée à cette agréable sieste.
Graphite se réveilla la première, et elle se leva, me bousculant au passage. Il était déjà cinq heures. Je sellai Graphite, puis nous partîmes faire une petite promenade. Nous rentrâmes peu après sept heures.
Max vint me trouver dans le box. Il donna à Graphite les carottes qu'il avait amené exprès pour elle, ce qu'elle apprécia grandement. Il flatta un moment ma jument, puis il alla droit au but :
- Alors, quelle est cette mission ?
- Je ne sais pas si...
- Qu'a dit épona ?
- _Que... qu'il y avait un mauvais esprit,_finis-je par dire.
- Et ?
- Et que je dois le combattre.
- Et après ?
- C'est tout...
- Pas de détail ? Rien du genre : qui est l'esprit mauvais ?
- En fait, c'est que je comptais un peu sur toi pour m'apporter un semblant de réponse à ce sujet...
Max garda le silence. Je ne savais pas vraiment s'il était sans réponse ou s'il ne voulait pas me répondre. Il avait l'air fier de découvrir que sa déesse apparaissait à quelqu'un d'autre que lui, mais il avait aussi l'air déçu de constater mon ignorance. Je laissai couler le silence encore deux minutes, avant de décider de lui annoncer sa participation au prochain concours régional :
- Max, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer.
- Laquelle ?
- Tu vas monter Graphite.
Ses yeux s'agrandirent, et il ne put contenir sa joie :
- C'est génial, je vais enfin prendre le départ avec les plus grands jockeys de toute la région. Ça va être grandiose !
- Je savais que ça te ferait plaisir, mais il va falloir que tu t'y mettes sérieusement, le concours est dans un mois, et c'est assez peu de temps pour t'habituer à ma jument.
- Je commence dès demain, déclara-t-il, presque en criant de joie.
- Graphite est prête, elle arrive à tenir des temps respectables avec ma vieille carcasse sur le dos.
- Avec mon poids plume, ça devrait le faire.
- Je pense que tu peux au moins arriver à te qualifier.
- Le proprio devrait enfin vous laisser en paix avec sa putain de notoriété.
Il se leva, donna une petite tape amicale à Graphite, puis il parti, me laissant seul avec ma jument. Je m'approchai d'elle, et commençai à la caresser. Pour la première fois depuis trois jours, j'étais d'une humeur bizarrement joyeuse. Et lorsque j'étais joyeux, j'étais complètement obsédé.
- ç_a va être une soirée mémorable, je vais te faire l'amour comme si j'avais passé cent ans loin de toi,_lui glissais-je à l'oreille.
Je ne savais pas si elle m'avait compris, mais elle me laissa l'exciter. Je la caressais et la massais sur tout le corps, depuis la tête, jusqu'au bassin. Lorsque j'arrivai à vers la queue, je m'agenouillai et lui caressai les mamelles, elle adorait ça. Je lui suçai les tétines, sans arrêter de la caresser. J'envoyai de temps à autres une main se balader sous sa queue, pour lui faire monter son impatience. De plus en plus ma main revenait poisseuse de mouille, que je m'empressais de lécher, pour en recueillir tout l'arôme. Je me relevai et vis qu'elle était complètement folle de désir, et qu'elle n'attendait que toujours plus de jeux intimes et de plaisirs. Je posai mes deux mains sur sa vulve, franchement mouillée, puis lui écartai délicatement les lèvres. Elle contractait son vagin, faisant cligner et saillir son clitoris. Je pris son abricot dans la bouche et le suçotai, je jouai avec ma langue, mes lèvres et même mes dents. Elle grognait sans arrêt et contractait son vagin de plus en plus souvent. Je glissai ma langue dans l'entrée de son vagin, et l'agitai dans tous les sens. Son goût me rendait complètement ivre, elle mouillait tellement que mes vêtements étaient imbibés de ses sécrétions. J'avais mal, je bandais si dur que mon jean était prêt à exploser. Sans m'arrêter de la lécher, j'enlevai mes chaussures, en les faisant voler dans le box, j'enlevai mon pantalon fébrilement, manquant par trois fois de trébucher et de me retrouver au sol, mon slip suivit rapidement. Je m'arrêtai deux seconde le temps d'enlever mon tee-shirt, elle hennit et frappa du sabot, elle ne voulait aucune pause. Je repris le jeu de langue, mais cette fois j'y ajoutai un doigt, pour lui titiller le clitoris. Elle fut prise d'un spasme violent et eu un orgasme. Elle versa une jolie quantité de sécrétions, mélangées avec un bon jet d'urine, je m'en retrouvai complètement trempé. Je la laissai souffler quelques secondes, juste le temps d'aller chercher le tabouret. Je grimpai dessus et la saisi pas les hanches, puis la pénétrai. Elle se contracta si fort que j'eu du mal à aller plus loin. Mais je parvins à aller jusqu'à la garde, pendant qu'elle grognait son plaisir. Je la limai ainsi, avec un rythme effréné et autant d'amplitude que me le permettaient mes attributs. Elle serrait si fort que ça me faisait presque mal, mais je continuais, en retardant au maximum le moment de mon propre paroxysme. Ses spasmes se faisaient de plus en plus fréquents, elle n'était pas loin de hurler son deuxième orgasme. Je continuai à la limer comme un sauvage, me couchant presque sur elle pour ne pas être plus rapide encore. Elle hennit si fort que toute la région devait l'avoir entendue. Je me lâchai juste après, atteignant un orgasme comme je n'en connaîtrais que peu dans ma vie. J'eu beaucoup de mal à contenir mon hurlement, mais j'étais sûr que tout le haras m'avait entendu. Je m'écroulai par terre, complètement sonné par une telle décharge de plaisir. Graphite, se coucha près de moi, dans les vapes elle aussi. Je l'enlaçai et la sentis s'endormir dans mes bras. Je sombrai dans le sommeil quelques minutes après.
Chapitre 3 : Amours Martiales
Le lendemain, je me réveillai alors que le Soleil se levait à peine. Je me levai, sentant une douleur dans chaque muscle que je sollicitais. Les restes des galipettes de la veille me faisaient assez horriblement souffrir, je n'étais plus si jeune. Je sortais des écuries, me dirigeant vers la maison, en quête d'une tasse de café. Je boitais presque, mon dos me faisait mal. Les quelques employés déjà arrivés me virent, eurent quelques regards amusés, et échangèrent des petits commentaires sur les raisons de mes souffrances. J'entrai dans la maison, et me dirigeai directement vers la cuisine. évidemment, personne n'avait pensé à faire de café. Je le préparai et mettais la machine en route, en attendant, je parti prendre une douche. L'eau bouillante me débarrassa de la plupart des petits désagréments post-orgiastique. Lorsque je sorti, je tombai nez à nez avec Linette. J'étais nu comme un vers, et elle jugeait mes attributs avec un air amusé. Elle était brune, sportive, arborait une poitrine généreuse, et me dépassait largement avec son grand mètre quatre-vingts dix.
- _Pour quelqu'un qui couche avec un cheval, je m'attendais à mieux,_riait-elle.
- _Linette, tu abrèges les commentaires sur mon service trois pièces et tu me passes la serviette,_dis-je assez énervé.
- Tu es maigre, pas vraiment musclé et imberbe, tu n'est pas vraiment viril comme mec.
- Linette...
- ça doit être pour ça que tu es zoophile.
- Linette, pour la dernière fois, donne-moi cette putain de serviette !
Elle pris enfin, la serviette, mais elle ne me la tendait pas, elle préférait s'amuser de me voir le bras tendu, l'air con.
- Il y a une condition pour que je te la donne, dit-elle, avec un sourire en coin.
- _Laquelle ?_Posais-je, résigné.
- Tu dois m'embrasser.
- Quoi ?!
Je savais déjà qu'elle était amoureuse de moi, mais je ne la savais pas capable de me faire du chantage pour obtenir ce qu'elle voulait.
- Et si je t'embrasse, tu me donnes la serviette ?
- Juré !
- T'as gagné, je vais t'embrasser...
Je m'approchai d'elle, mes mains toujours plaquées sur mon entrejambes. Elle me pris le visage entre les mains, puis posa ses lèvres contre les miennes. Elle poussa le crime jusqu'à mettre la langue. Je m'exécutais calmement, en tachant de ne pas la mordre. Lorsque ce fut fini, elle me tendit la serviette.
- ça me va, sèche-toi.
Je pris la serviette, et commençais à me sécher. Elle me regardait encore, elle essayait d'entrevoir la moindre parcelle de mon corps. Son regard pénétrant et impudique commençait à me faire rougir, et j'avais honte qu'une femme m'humilie ainsi. Je jetai un regard sur elle, et me rendis compte qu'elle fantasmait complètement sur moi.
- Linette, cesse de me regarder comme ça, on dirait que tu vas me sauter dessus.
Je n'aurais peut-être pas dû lui donner cette idée, car elle se jeta littéralement sur moi. Avec mes pauvres soixante kilos tout mouillé, je ne faisais vraiment pas le poids face à la secrétaire qui en affichait dix de mieux. Je me retrouvais plaqué au sol, le souffle coupé. Elle arracha très rapidement ma serviette, dévoilant tout ce que je lui cachais auparavant. Elle posa sa main sur l'objet de son désir ardent. Je me débattais, je ne voulais pas faire quoi que ce soit avec elle. Elle essayait de me stimuler les parties génitales, tout en me maintenant sous elle, en profitant de son poids. Je ne savais pas quel sport elle pratiquait, mais je penchais sérieusement pour un art martial, genre judo ou ju-jitsu. Je parvins enfin à me dégager, je couru vers la porte, tournai la poignée, mais parvins pas à l'ouvrir. Cette salope l'avait fermée à clef, et elle n'avait surtout pas oublié d'enlever la clef de la serrure... Je me retournai, elle tenait la clef dans sa main :
- C'est ça que tu veux ? Viens la chercher !
Elle jeta la clef dans l'évier, qui tomba directement dans la canalisation. Je la regardai, et vis qu'elle se déshabillait. Elle avait tout calculé, c'était un véritable guet-apens. Je me résignai à faire un choix : lui donner ce qu'elle voulait, ou bien attaquer, sachant que je n'avais que peu de chances de gagner. Elle affichait un sourire, toutes dents apparentes, celui que les prédateurs accordaient à leur proie, juste avant de les mettre à mort. Elle me terrorisait. Elle devait être la réincarnation d'une lionne, elle aimait la chasse, elle s'extasiait de la terreur de sa proie, et elle adorait le sexe. Elle se jeta de nouveau sur moi, et m'immobilisa sans grande difficulté. Elle me retenait les bras de ses mains, et mon corps de son poids. Elle ne bougeait plus, mais à chaque fois que je tentais de me dégager, elle m'immobilisait de nouveau. J'arrêtai de bouger, attendant qu'elle relâche son attention. Elle fit soudain un mouvement, elle prit mon cou de ses deux mains, et me serra fortement la gorge. Je tentais de retirer ses mains, mais elle avait vraiment beaucoup de puissance. Elle ne m'empêchait pas de respirer, mais je voyais mon champ de vision rétrécir au fur et à mesure, et mes forces me quitter. Je m'évanoui très rapidement.
Lorsque je me réveillai, je remarquai que j'étais couché sur le dos, les mains immobilisées par quelque chose de froid. Je jetai un regard autour de moi, je vis Linette qui m'observait, toujours avec son large sourire de prédatrice. Elle était encore nue.
- Une femme te propose une partie de jambe en l'air dans la salle de bains, et toi tu refuses. Tu sais que tu vis l'un des fantasmes de la plupart des hommes ? Remarqua-t-elle, en riant.
- Me faire violer par une judoka ne fait pas vraiment parti de mes fantasmes... dis-je avec une voix rauque et étranglée.
- De quoi te plains-tu ? Tu vas avoir une histoire de cul sans autres conditions que celle d'en profiter.
- Là où je ne suis pas d'accord, c'est sur le fait que tu m'ais attaché.
- C'est plus drôle comme ça.
- Tu aurais pu me le demander avant.
- Tu aurais refusé...
- évidemment que j'aurais refusé ! Criais-je, excédé.
Elle semblait se moquer complètement de ce que je désirais.
- Laisse toi faire, dit-elle d'une voix douce. Ça ira mieux après.
Évidemment, je ne voulais pas la laisser faire ce qu'elle voulait avec mon corps, mais j'étais attaché avec ce qui ressemblait à des menottes. Elle me chevaucha et s'assit sur mon ventre. Elle m'embrassa sur les lèvres, puis me dit :
- Tu vas voir, ça va être grandiose.
Elle se leva, fit demi-tour, puis se rassit. Elle commença à me caresser les parties intimes avec ses mains douces. Je commençais à bander. Malgré tous mes efforts pour l'en empêcher, mon sexe n'en faisait qu'à sa tête. Dès que la dureté lui parut suffisante, elle se recula, puis se coucha sur moi. Elle pris mon sexe dans sa bouche, et commença à me faire une fellation. J'avais sa vulve juste devant les yeux, il aurait suffit que je lève ma tête pour y mettre le nez. Elle devait espérer que lui fasse un cunnilingus, mais je n'avais aucune envie de lui donner ce genre de plaisir. De toutes façons, elle mouillait d'elle-même. Elle mouillait même tellement que ses sécrétions me coulaient sur la bouche. Je trouvais que le goût était écurant. Je bandais très dur, car il fallait noter qu'elle était plutôt experte ès plaisirs buccaux. Mais je n'en tirais aucun plaisir sexuel, c'était tout juste si je ressentais un chatouillement, et pas forcément agréable. Voyant que je n'avais pas l'intention de la lécher, elle se redressa, se retourna, puis s'empala sur mon sexe. Elle remuait sur mon membre, elle faisait des va-et-vient, elle s'extasiait toute seule. Je la regardais faire, sans rien sentir d'autre que son poids et ses mouvements. Elle gémissait en me souriant. Je tentais de me débattre, dans l'idée de ne pas lui faciliter le travail, mais je cessai quand je m'aperçu que ça lui procurait encore plus de plaisir. J'étais hypnotisé par ses seins qui se ballottaient de haut en bas, je sentais ses sécrétions couler sur mes cuisses et mes fesses. Je fermai les yeux et j'abandonnai le combat, j'avais envie que tout ça se termine. Je l'entendais respirer bruyamment, pousser des petits gémissements, que d'autres auraient trouvé très gratifiants. Plusieurs minutes passèrent, une éternité pour moi, mais elle n'était toujours pas à cours d'énergie. Je sentais que je n'étais pas loin d'éjaculer, par pur réflexe nerveux. Elle eu son orgasme, accompagné d'un hurlement de plaisir peu discret. Elle se coucha sur moi, en sueur. C'est ce moment que mon sexe choisit pour éjaculer. Je ne ressentais toujours pas de plaisir, j'avais juste l'impression d'uriner. J'ouvrai les yeux, j'avais ses chevaux sur le visage. Elle reprenait son souffle, en grandes bouffées d'air. Elle m'enlaça. Je cru un moment qu'elle allait s'endormir sur moi, mais elle se leva. Ne plus sentir son poids sur moi était un vrai soulagement.
- Tu pourrais me détacher, maintenant, lui proposais-je.
Elle fit comme si je n'avais rien dit. Elle prit une très longue douche, j'en avais vraiment marre, je voulais lui mettre des claques dans sa tête, extérioriser toute ma frustration et mes envies de vengeance. Elle sortit envie de la douche, elle se rhabilla, puis elle jeta la clef des menottes à mes pieds. Elle sortit une autre clef, puis ouvrit la porte de la salle de bains, et sortit. Elle m'avait bien eu, elle n'avait pas jeté la bonne clef dans l'évier. Elle avait prévu son coup jusqu'au dernier détail, une vraie prédatrice. Je ramenais la clef des menottes tant bien que mal avec mes jambes. Je parvins, après moult tentatives, à attraper la clef avec mes mains, puis à ouvrir les menottes. Je me relevais enfin. J'étais tout poisseux, et je puais la transpiration et les phéromones humaines. Je pris une autre douche, pour me laver de toute la crasse dont elle m'avait recouvert. L'eau était froide, car elle avait complètement vidé le ballon du chauffe-eau. Je sortis et me séchai, puis je me rhabillai. Je me rendais à la cuisine, où je trouvai le café que j'avais préparé deux heures plus tôt, d'après la pendule du four. Je repensais à tout ce que Linette m'avais fait. Bizarrement, cela me paraissait déjà lointain, comme si tout n'était qu'une invention de mon esprit torturé par les récents évènements.
- Vincent, ça va ?
Je sursautai, Max était assit devant moi, je ne l'avais pas vu arriver. Je remis le nez dans ma tasse, et remarquai que le café était froid. Ça faisait un long moment que j'étais planté là, à ressasser des pensées maussades. Je redressais ma tête, fixant Max avec des yeux vides de toute émotion.
- Vous vous sentez bien ?
- _Non..._réponds-je, d'un voix inaudible.
- Qu'est-ce qui se passe ?
étrangement, je ne voulais rien lui dire. Il était mon confident, l'humain en qui j'avais le plus confiance. Mais quelque chose dans mon subconscient m'empêchais de tout lui raconter, sans que je sache pourquoi.
- Vous vous êtes absenté toute la matinée. Vous avez laissé Graphite sans surveillance, et ça ne vous ressemble pas, remarqua-t-il.
Le fait d'avoir laisser mon amour seule me jeta un froid immédiat. Je regrettais mon replis, mon égoïsme, de mettre occupé que de moi pendant près de trois heures, d'après la pendule du four. Sans un mot, je levai brusquement, faisant tomber la chaise au passage. Max dit quelque chose que je ne compris pas, mais je ne m'arrêtais pas. Je sortis de la maison, me dirigeai directement vers les écuries. Je m'empêchais de me mettre à courir, je ne voulais pas paraître complètement affolé, Charles aurait trop aimé me voir ainsi. J'entrai dans les écuries, et me figea devant le box de Graphite. Elle était là, visiblement heureuse de me voir. Mes pensées maussades disparurent instantanément, et je me jurais de ne plus jamais penser qu'à moi, de ne plus m'isoler la moindre seconde. Je faisais le serment intérieur de ne me consacrer qu'à elle et à ses désirs, à être un véritable compagnon. Elle me regarda bizarrement, comme si elle tentait de deviner mes pensées. Comme je lui souriais, elle se détendit, puis vint contre la porte. Elle avait l'envie irrésistible de bouger. Je lui posai un baiser sur son museau, puis ouvrai la porte. Je la fit sortir des écuries, pris le matériel, puis je l'emmenai vers l'hippodrome. Max nous rejoint, puis nous nous entraînâmes toute l'après-midi.
Les semaines passèrent. Max s'entraînait tous les jours avec Graphite, et souvent jusqu'à l'épuisement total. Ma jument n'aimait pas beaucoup son nouveau jockey, mais elle m'obéissait sans trop faire de vagues. Grâce à cet entraînement intensif, nous étions prêt à temps pour nous aligner au départ du concours. J'eu quelques aventures sexuelles avec jument, pendant cette période, mais rien de bien exceptionnel et de suffisamment digne pour être évoqué.
Nous étions à une semaine du concours. Le stress commençait à se faire sentir, l'angoisse du départ était de plus en plus intense. Nous nous entraînions tous les jours, quels que soient la météo, l'état du terrain, et le moral. Maintenant que Max connaissait bien Graphite, il était devenu envisageable de se mettre en ligne dans l'espoir de gagner. Une belle complicité s'était installée entre eux, j'avais même vu une fois Graphite tenter une approche sexuelle sur Max, mais il se s'était pas montré intéressé. À part ça, les temps étaient respectables, frôlant même parfois la barre des deux minutes, digne des meilleurs coureurs des années précédentes. La légèreté de Max était vraiment un atout précieux. J'aurais quand même préféré tester le tandem sur une vraie course, histoire de prendre en compte le facteur de la peur de Graphite envers les autres chevaux.
Il était près de sept heures du soir, je décidai que la fatigue suffisait pour la journée. Nous rentrâmes calmement vers les écuries. Pendant que Max rangeait le matériel, je douchais Graphite. Je mourrais d'envie de lui faire un câlin, mais la présence de Max me gênait, je ne voulais pas exposer mon amour à un hétéro, je n'avais rien d'un exhibitionniste. La douche se passa donc normalement, même si je vis que mon amour n'aurait pas été contre une petite caresse, je restais calme. Lorsque j'eu finis de la sécher et de la brosser, je ramenais ma jument vers son box. Max me rejoint dès qu'il acheva son travail. Je donnais un seau rempli d'avoine à la coureuse, puis j'envoyais Max se laver. Une fois seul avec Graphite, je m'assis pour la regarder manger. Elle était très fatiguée, cela se voyait au temps qu'elle prenait pour prendre une bouchée dans le seau, la mastiquer, puis l'avaler. J'attendais patiemment qu'elle finisse de manger. Je lavai et rangeai le seau dès qu'elle l'eu achevé. Elle se coucha peu de temps après. Je m'assis à côté de sa tête, pour la caresser et l'aider à s'endormir paisiblement. Je n'étais pas vraiment fatigué, mais la voir dans les bras de Morphée m'inspira fortement à l'accompagner. Je me déshabillai et me couchai contre elle, au contact de son doux pelage et de sa tendre chaleur, puis je fermai les yeux.
Un bruit suspect me tira soudainement du pays des songes. J'identifiai le bruit comme les pas de quelqu'un qui cherche à se faire discret. Je me cachai dans un coin sombre du box et épiais le couloir. Je vis une vague silhouette, de petite taille, guettant dans toutes les directions. Je crus un moment qu'il m'avait vu, car il fixa un certain temps dans ma direction, mais il détourna finalement le regard. Il s'approcha lentement du box de Graphite. Je me terrai un peu plus dans l'obscurité, espérant qu'il ne me verrait pas. Lorsqu'il entra dans le box, je le reconnu : Charles. Mes poings se serrèrent d'eux-mêmes, je sentais tous mes muscles se préparer à l'intervention violente que je ferais s'il s'approchait d'un peu trop près de ma chère jument. Il inspecta le box, sûrement pour s'assurer de mon absence. J'étais en apnée, pour qu'il n'entende pas ma respiration. Il ne me vit pas. J'étais sûr qu'il allait faire quelque chose de mal à Graphite. Mais il ne tenta rien, il sortit du box et continua de marcher le long du couloir. J'étais rassuré, je me calmais lentement, je sortis de l'ombre et retournai me coucher avec ma jument. Je m'apprêtais à me rendormir lorsque j'entendis un cri de peur équin. Je me levai en sursaut, et regardai le box. Personne. Le grognement se répéta, il venait des écuries, mais loin de moi. Je sortis du box, et me dirigeai vers l'origine des plaintes. J'entendis la voix de Charles, qui intimait le cheval de se taire. J'arrivai devant le box d'Annette, et ce que je vis me glaça jusqu'au fond de mes entrailles. Charles était debout, sur une chaise, derrière les fesses d'Annette, en train de la pénétrer comme un sauvage. Elle était entravée, elle ne pouvait pas bouger, ou même tenter de se défendre, de s'échapper de l'emprise de ce petit nabot d'imitation de jockey. Je restai figé, incapable de réagir. Mon esprit ordonnait à mon corps de faire quelque chose, mais il refusait catégoriquement d'obéir. Un cri de douleur d'Annette me ramena le contrôle, et perdis presque toute ma raison. Je courrai vers Charles, l'empoignai par la gorge et le plaquai au sol. Je l'enjambai, m'assis sur lui et le frappai à la tête comme un forcené. Je frappais, encore et encore, rien ne m'arrêtait, je n'avais aucune envie de m'arrêter. Ce fut lui qui m'arrêta, il me saisit les testicules à pleine main et me les serra de toutes ses forces. La douleur me fit hurler. Je me levai brutalement, l'obligeant à me lâcher les parties sensibles. Je récupérais de ma douleur durant quelques minutes, loin de Charles. Il était encore couché sur le dos, le visage ensanglanté, il avait l'air un peu sonné. Lorsque que j'eu fini de voir la Voie Lactée au grand complet, j'enlevai les entraves d'Annette. Dès qu'elle fut de nouveau libre, je du la retenir d'aller piétiner son tortionnaire. J'eu beaucoup de mal à l'en empêcher. Elle m'adressait un regard implorant, mêlé avec de l'incompréhension, elle ne comprenait pas pourquoi je ne voulais pas qu'elle aille achever ce petit salaud d'humain. Je ne pouvais pas lui expliquer que tuer un homme lui vaudrait certainement un aller simple vers les abattoirs. Je du l'attacher loin de Charles, car elle n'abandonnait pas l'idée de le transformer en compote. J'évacuai Charles en le saisissant par les épaules et en le traînant dans la poussière. Annette hennissait de colère, elle essayait d'arracher son licol en tirant dessus. Je posai Charles et allai la calmer. Je m'approchai calmement d'elle, l'enlaçai par le cou, puis lui murmurai aux oreilles des mots doux et rassurant, je lui promettais que je m'occuperais de Charles moi-même, que ce qu'il avait fait ne resterait pas impuni, qu'il allait payer le centuple de ses crimes. Ces paroles eurent l'air de l'apaiser un peu. Je la débarrassai de son licol, puis me dirigeai vers le couloir sans la perdre du regard. Elle ne bougea pas alors que je refermai la porte. Le couloir était désert, Charles s'était fait la malle. Je lâchai un juron avant de retourner voir Graphite. Elle était réveillée, sans doute à cause du bruit de la bagarre. J'inspectai les moindres recoins du box pour vérifier que Charles ne s'y était pas caché. Comme je ne l'y trouvais pas, je passai toutes les écuries au peigne fin. Il n'y était pas. Je me rhabillai en hâte puis, je sorti et marchai vers la maison. Je craignais qu'il aille voir les gendarmes, car même si mes coups étaient justifiés, il restait encore cette foutue vidéo de moi couchant avec ma jument. Celle-ci réduirait ma crédibilité à néant. Il fallait que je la trouve et que je la détruise avant lui.
Je me rendis vers le bureau du père de Rostollan. J'avais de la chance, la porte était restée ouverte. Aucune trace de Charles à l'intérieur. Je me mis à fouiller le bureau, les tiroirs et les tiroclass. Je ne trouvais aucun disque. J'allumai son ordinateur puis fouillais tous son disque dur, aucune vidéo. Le film devait être dans son coffre, mais je n'avais pas le code. Je parti en quête du moindre indice susceptible de me souffler la solution à ce problème. Je découvris un document donnant toutes les dates de naissances des employés, celle de Charles y compris. Utiliser l'anniversaire de son fils comme code était un classique, je l'essayai donc. Raté, il aurait trop facile que ce soit ça. La date de naissance des deux autres enfants d'Edouard n'était pas dans ce fichier, j'abandonnai donc l'idée. Un autre document donnait les informations de tous les chevaux. J'essayai toutes les dates de naissances des vainqueurs d'au moins une courses. échec total. Ma motivation commençait à se démonter. Je scrutais dans le bureau, à la recherche de la moindre petite chose à essayer comme code. Un trophée m'intrigua, il occupait la place centrale. Je le pris, il était très propre, comme si Edouard l'astiquait tous les jours. Ce trophée commémorait la victoire d'Edouard de Rostollan au Royal Oak, une course de galop du groupe I, le plus prestigieux, qui se déroulait à l'hippodrome de Longchamp, à Paris. Si ma mémoire était bonne, c'était sa première grande victoire. Je tentai d'utiliser la date comme code pour le coffre. Il s'ouvrit. J'en fouillai le contenu. Je découvris plusieurs DVD. Un seul d'entre eux ne portait aucune indication de son contenu, je décidais donc de le lire en premier. Un film était gravé dessus. Je le visionnai rapidement, et vis que c'était exactement le film qui me compromettait. La chance était avec moi. Je le sorti du lecteur, et l'empochai. Je remis tous à sa place, en laissant le bureau dans l'état le plus proche possible de celui quand j'étais entré. Je refermai le coffre après un dernier coup d'il à l'intérieur. Je quittai le bureau en prenant soin de bien fermer la porte, et de ne laisser que le minimum d'indices de mon passage.
Je croisais Charles dans le couloir, il devait venir de la chambre de son père, endroit où il pensait que la vidéo était planquée. Il se figea à ma vue, je brandis le DVD, sans rien dire. Il resta un instant bouche bée, il savait très bien ce que ce disque contenait. Il n'avait plus aucun moyen de pression sur moi. Il prit la fuite de nouveau, bien avant que je me décide si, oui ou non, je devais l'achever. Je ne me lançai pas à sa poursuite, il avait trop d'avance, et je n'avais pas envie de courir.
Je retournai aux écuries, afin de finir ma nuit. Annette était toujours aussi énervée, mais je ne pouvais pas faire grand-chose de plus que la rassurer et lui prodiguer des caresses réconfortantes.
Chapitre 4 : Mauvaises choses
Je me réveillai avec le Soleil, prêt à affronter une dure journée. J'allais très probablement de voir répondre de mes actes de violences devant le proprio, et il allait très certainement me mettre à la porte. Je sorti du box pour préparer le petit-déjeuner de Graphite. Mes jours au haras étant comptés, je m'accordai la faute d'aller me servir dans les cuisines. J'ignorais les employés déjà présents, et chipai une bonne grosse botte de carottes fraîchement achetées au marché, je me servis une grande tasse de café au passage, puis je rapportai le tout au -- bientôt ancien -- box de ma jument. Nous savourâmes ce petit gueuleton improvisé avec autant de plaisir que si nous avions utilisé les carottes pour autre chose... Même si cette idée me traversa l'esprit l'espace d'un instant, je ne la retins pas, ce n'était pas raisonnable. L'heure de l'entraînement matinal approchait, je sortis donc le matériel, afin que Max puisse tout porter jusqu'à l'hippodrome. J'attendis un certain temps, Max était en retard. Même si cela ne lui ressemblait pas trop, je ne m'en inquiétais pas outre mesure, un imprévu peut se produire de temps en temps.
Au bout d'une bonne heure, alors que je me décidais à appeler Max, j'eu la désagréable surprise de voir Edouard débarquer en personne :
- Que me vaut l'immense honneur de vous voir fouler le sol couvert de crottins de ces lieux odorants ? Demandais-je en riant.
- Je cherche Charles, l'auriez-vous vu ?
Il paraissait inquiet, et absolument pas au courant des évènements de la nuit, soit très loin de la colère que je lui imaginais.
- Je l'ai vu ici même, hier, tard dans la nuit, lui dis-je. Pourquoi ça ?
- Il n'est pas rentré à la maison hier, et il n'est pas revenu travailler ce matin.
J'étais plutôt surpris, je pensais sincèrement que Charles serait allé voir son père illico presto pour raconter comment je l'avais violemment agressé.
- Peut-être a-t-il fait une petite fête avec ses amis, et qu'il cuve dans un coin, raillais-je.
- J'y ai pensé, mais j'ai appelé tous ses amis, aucun ne l'a vu.
- Vous avez pensé aux flics, peut-être s'est-il fait chopé en état d'ébriété au volant de sa voiture.
- Si il aurait fait cette connerie, il m'aurait appelé pour me supplier de le sortir de là.
J'étais à court d'idées.
- Alors je ne sais vraiment pas où il pourrait être, monsieur de Rostollan.
Il resta silencieux un petit moment, le regard dans le vague, avant de me poser la question que je redoutais :
- Vous avez dit que vous l'aviez vu hier, tard. Qu'est-ce qu'il faisait ici ?
J'avais le choix entre la vérité, que je l'avais surpris en train de violer une jument, ou un mensonge. Je choisis rapidement la seconde solution, afin de reporter les problèmes à plus tard :
- Je l'ai vu couché dans l'herbe, à regarder les étoiles.
Je regrettais immédiatement ce que j'avais dis. Je ne su pas si c'était réellement un bon mensonge, je n'avais jamais vu, et je ne pensais jamais voir, Charles faire quelque chose du genre « se sentir comme un insignifiant grain de poussière dans tout l'Univers », mais Edouard n'avait aucune raison de ne pas me croire. Malgré tout, je n'avais pas la conviction qu'il m'avait cru. Il partit des écuries d'un pas quelque peu précipité.
J'attendis qu'il soit loin avant de me décider à appeler Max sur son portable. Je tombais sur sa messagerie. J'appelai sa copine, et tombait aussi sur sa messagerie. Là, j'étais inquiet. La copine de Max, Charlotte, était plutôt du genre l'oreille pendue au portable toute la journée, le fait de constaté que son portable était éteint n'était pas bon signe. Je tentai le domicile de Max, en espérant tomber sur son colocataire.
- _Allo,_dit le colocataire.
- Bonjour, je suis Vincent Fabre, le patron de Max.
- Bonjour, Monsieur Fabre.
- Max n'est pas venu au travail, et je n'arrive pas à le joindre sur son portable.
- On ne vous a pas dit ? Max est à l'hôpital. Il a eu un accident de voiture.
La nouvelle me scia, je du m'asseoir pour ne pas tomber. Max à l'hôpital, c'était la mauvaise nouvelle que je n'aurais pas voulu entendre ce matin là.
- Allo ? Vous toujours là ?
J'inspirai un grand coup pour chasser le choc, avant d'essayer d'en apprendre plus :
- Vous savez comment il va ?
- Non, je ne sais rien. Sa copine et sa mère sont allées le voir à l'hôpital.
- Quel hôpital ?
- Le CHU de Lapeyronie.
- Merci.
Je raccrochais, puis laissai tomber mon téléphone. Je ne savais pas quoi faire à part crier. Graphite sentit que quelque chose n'allait pas, et elle vint me voir. Je me levai et l'enlaçai, j'évacuais ce gros moment de déprime sur ses épaules. Elle essayait de me rassurer en me caressant le dos avec son museau. Je me décidai à partir, à aller à l'hôpital pour voir Max de mes yeux, savoir comment il allait, pour connaître ses chances.
- Max a eu un accident, je vais le voir, mais je ne peux pas t'emmener, un cheval à l'hôpital, je ne pense pas qu'ils te laisseraient entrer, murmurais-je à Graphite.
Elle me regarda, je lu de la tristesse dans ses yeux. J'eus l'impression bizarre qu'elle avait compris ce que j'avais dis.
- Je reviens vite.
Je fermai la porte du box, et trouvais un des petits jeunes soigneurs du haras, je lui confiais la garde de Graphite. Je montai dans ma chambre, que je n'avais plus utilisé depuis des semaines, et prenait les clefs de mon espèce de tas de tôles rouillées qui me servait de voiture. Je descendis au parking, puis entrai dans ma voiture. Je mis les clefs dans le neiman, en priant qu'elle ne me fasse pas le coup de la panne. Elle démarra au quart de tour, et je pris la route comme un missile. Je roulais très vite, pied au plancher, à fond de cinquième. J'ignorais complètement les limitations de vitesse. J'ai du me faire flasher quelques fois, mais je m'en foutais. Arrivé à l'hôpital, je garai ma voiture, et je courrai à l'accueil :
- Bonjour, je cherche la chambre de Max Jovain.
- Vous êtes de la famille ?
- Un ami.
La vieille dame pianota un moment sur son ordinateur, avant de me dire :
- Monsieur Jovain est toujours en soins intensifs, les visites sont interdites.
- Est-ce que je peux au moins savoir comment il se porte ?
- Vous pouvez attendre qu'il sorte des soins intensifs, allez dans la salle d'attente en face du service traumatologie.
- Merci.
Je me perdais plusieurs fois dans le labyrinthe de couloirs et de services divers, avant de trouver la salle d'attente. Il n'y avait que cinq personnes assises sur les bancs. Je reconnu Charlotte, et allait m'asseoir à côté d'elle. Elle tenait son visage entre ses mains, des larmes coulaient entre ses doigts, elle pleurait silencieusement. J'avais l'envie assez irrésistible de l'imiter, mais je gardais le contrôle de mes émotions. Je regardai la mère de Max, et vis qu'elle était plus calme, peut-être plus susceptible de m'en apprendre un peu plus sur son état. Je me levai, traversai la pièce, et m'assis à côté d'elle.
- Bonjour Madame Jovain, dis-je d'une voix lourde.
- Bonjour Monsieur. Excusez-moi, mais je ne me rappelle plus qui vous êtes.
- Je suis l'entraîneur de Max, Vincent Fabre.
- Vincent... ce n'est pas très courant comme nom... c'est même vraiment étrange de donner un tel nom à son enfant...
Elle délirait un peu, à cause du choc, de l'émotion et de la détresse.
- Comment va Max ? àl'accueil, ils n'ont rien voulu me dire.
- Max va mal...
Je décidai de ne pas lui faire plus de mal que ce qu'elle subissait déjà, et d'attendre que Max sorte des soins intensifs.
Mon regard se perdait sur le sol, que le décorateur avait eu la bonne idée de le faire peindre couleur vomi, depuis déjà deux heures lorsque le médecin en charge de Max entra dans la salle d'attente :
- _J'ai une bonne nouvelle !_Déclara-t-il en adressant un large sourire à toute l'assemblée.
Tout le monde releva la tête, impatient de connaître l'état de Max.
- Monsieur Jovain va s'en sortir, nous sommes très optimiste. Son choc à la tête ne devrait pas laisser de séquelles, ses fractures sont franches et se guériront très vite, et ses hématomes ne sont qu'assez superficiels. Il pourrait sortir des soins intensifs d'ici quelques heures.
Des soupirs de soulagements sortirent des lèvres de la mère et de la copine de Max. Les questions diverses commencèrent à fuser, et j'attendis une petite accalmie pour poser la mienne :
- Est-ce qu'il pourra refaire de l'équitation ?
- Pas avant un an, peut-être un an et demi. Normalement, il n'y aura pas de rééducation, mais il devra suivre des séances de renforcement musculaire.
- Merci, docteur.
Visiblement, ma question avait gêné la mère de Max :
- Max a eu un accident, il a failli mourir, et tout ce qui vous intéresse, c'est de savoir si il pourra encore monter à cheval ! Mais quel genre d'homme êtes vous ? N'avez-vous donc pas la moindre compassion ?
Non, je n'avais aucune compassion, aucun sentiment envers les humains. Mais Max était l'un des seuls avec qui je me sentais proche, que je connaissais mieux que moi-même, et même apparemment bien mieux que sa propre mère. Max ne vivait que pour monter à cheval, il ne se sentait bien qu'en présence d'un cheval, et il appréciait plus le parfum de la sueur équine qu'un plein bouquet de lavande. Je le soupçonnais d'être zoophile, mais qu'il n'osait pas s'avouer à lui-même son attirance pour les chevaux. Je décidai de ne rien répondre, mais elle revint à la charge, elle était en train de décharger ses nerfs sur moi :
- Vous n'êtes qu'un misérable enfoiré, vous avez une très mauvaise influence sur Max, vous lui mettez des idées complètement folles dans la tête, vous l'obligez à faire des choses futiles et sans intérêt, il est mal payé...
- Mais au moins, il est heureux, lui dis-je calmement, sans laisser transparaître la colère qui commençait à me gagner.Il a réalisé son rêve, travailler avec les chevaux.
- ça ne change pas le fait qu'il ait un entraîneur détestable, un être immonde qui ne mérite même pas le statut d'être humain.
Une telle haine envers moi me surpris, je ne savais pas pourquoi elle me détestait tant, mais elle avait l'air de vouloir venger son fils en me rabaissant plus bas que terre.
- Mon fils m'a raconté comment vous traitez les chevaux, vous êtes dégoûtant, et vous n'essayez même pas de le cacher. Au contraire vous l'affichez, vous en faites votre identité, une parcelle de votre personnalité torturée que vous exposez. C'est à vomir.
- _De quoi vous parlez ?_Demandais-je calmement, même si je me doutais de la réponse.
- Que vous baisez avec des animaux ! Vous forniquez avec votre cheval, celui-là même dont Max est le jockey.
- Arrêtez, vous ne savez pas de quoi vous parlez...
- Je sais que vous répandez votre semence dans une jument. Comment pouvez-vous vous souiller à ce point, sans parler du mal que vous faîtes à votre cheval.
Je n'en pouvais plus. La somme des souffrances que j'avais subies depuis plusieurs mois s'additionnait à ces mots blessants, et le résultat atteignait le point critique de l'explosion de colère. Je tentais de me contrôler, à ne plus écouter les inepties qu'elle débitait encore, elle ne semblait pas à court de paroles. Mes mains blanchissaient tellement je les serrais, je bouillonnais de rage. Je m'efforçais à me contrôler, me concentrant sur des pensées agréables. Elle criait encore. Je ne saisissais que les morceaux de phrases les plus blessants, ceux qui perçaient le barrage de ma conscience. Je cédai soudainement, me levant subitement et attrapant la mère de Max par le col :
- La ferme ! Fermez-la ! Vous ne savez pas ce que c'est de ne pas avoir sa place dans cette saloperie de société où tout le monde doit obéir à la normalité. Vous ne savez pas ce que c'est que de se sentir exclu toute sa vie, d'être rejeté, de subir toutes les sales blagues de tous ses petits camarades de classes, de n'être surnommé que « baiseur de chèvre », « violeur de poules » et « niqueur de chiennes », de voir toutes les portes se fermer parce que on ne retient que la déviance. Arrêtez de vous croire plus propre que tous ceux qui ne vous ressemblent pas. Vous n'êtes pas plus digne que moi !
- Il faut vous faire soigner.
- Merde !_Gueulais-je._Ce n'est pas une maladie, ça ne se soigne pas, il n'y a pas de retour à la normale, parce qu'il n'y a pas de normale. J'en ai plein le cul d'entendre tous les « normaux » dire que je ne suis qu'un malade mental.
- Allez voir un psy, gémit-elle.
- Pour qu'il cherche une cause à ce que je suis ? Qu'ils aillent tous se faire foutre avec leur science à deux balles. Ils croient que tous ce qui s'éloigne de la norme ne sont que les résultats d'un traumatisme datant de l'enfance. Qu'ils aillent se psychanalyser eux-mêmes pour voir à quel point ils se plantent.
J'étais redevenu calme, maintenant que tout ce que j'avais sur la conscience était sorti. Ma petite crise de nerfs avait l'air d'avoir mis toutes les personnes présentes dans la salle dans l'embarras. Je me rassis sur le banc en me laissant presque tomber dessus, ce qui le fit craquer. La petite copine de Max ne pleurait plus, elle avait levé la tête, et elle me fixait avec un regard à la fois désolé et gêné. Elle ne pensait peut-être que du mal de moi avec ma petite explosion. Max avait apparemment raconté que je n'étais pas normal à toute sa famille. Je ne lui en voulais pas, mais il aurait pu ne pas le faire, ça m'aurait évité ce genre de problèmes. Plus personne n'osait ouvrir la bouche, un lourd silence pesait dans la salle.
Le médecin revint une bonne heure plus tard :
- Monsieur Jovain est sorti des soins intensifs, vous pouvez allez le voir, nous l'avons installé dans la chambre 225.
La mère et la copine de Max se levèrent en remerciant le docteur. Pour ma part, j'hésitais à me lever. Je savais très bien qu'elles m'empêcheraient d'entrer dans la chambre, je n'avais donc aucun intérêt à décoller mes fesses du banc. Je pris la difficile décision de partir, maintenant que je savais que Max était tiré d'affaire mais que je ne pourrais pas le voir. Je me levai donc et pris la direction de la sortie, mais à peine avais-je mis le nez hors de la salle que Charlotte m'aborda :
- Vincent ! Attendez !
- Qu'est ce que vous voulez ?
- Max voudrait vous parlez.
Je la suivi jusque dans la chambre de Max. La mère me fixa agressivement, mais elle ne dit rien. Max était couché sur le dos. D'après ses plâtres et ses pansements, j'aurais dit qu'il avait les deux bras et la jambe droite cassés, une belle blessure à la tête, et il portait plusieurs lacérations en différents endroits du corps. Le plus impressionnant était l'hématome qui lui bleuissait la quasi-totalité du torse, mais l'apparence ne reflétait pas la gravité. Max me fit signe d'approcher.
- _Comment tu te sens ?_Demandais-je.
- ça pourrait aller mieux...
- D'après le toubib, tu vas t'en tirer sans trop de séquelles.
- Je suis désolé...
- Pourquoi serais-tu désolé ?
- Je ne pourrais pas accompagner Graphite pour le concours...
- Ce concours n'a aucune importance, le plus important est que tu ailles mieux.
- Alors faites-moi une faveur.
- Tout ce que tu voudras.
- Participez vous-même au concours, et gagnez-le.
- Je ne sais pas si je réussirais à le faire, Max.
- Vous pouvez le faire, il suffit que vous y croyiez. Graphite vous accorde une confiance totale. Vous pouvez le faire, tous les deux.
Il jeta un coup d'il vers sa mère et sa copine, puis me murmura :
- Croyez en Épona, si elle vous a choisi, c'est qu'elle croit en vous. Ayez confiance en elle, et tout se passera bien.
- J'ai encore du mal à croire à son existence, Max.
- Alors elle vous le prouvera elle-même...
Ces paroles d'allumé mystique ne me rassurèrent pas sur son traumatisme crânien. Mais je ne savais si le dire au toubib l'avancerait en quoi que ce soit. Je sortis de l'hôpital et retournai au haras avec ma vieille poubelle.
Chapitre 5 : Gloire
Arrivé au haras, je me dirigeai directement vers les écuries. Il était près d'une heure de l'après-midi, et Graphite me réclamait son déjeuner. Je lui remplis donc son seau d'avoine, et lui apportai. Elle parut un peu déçue du menu, elle se souvenait des carottes du matin, mais elle mangea tout de même la quasi-totalité de ce que je lui avais donné. Je la sellai, puis nous partîmes vers l'hippodrome.
Je tentais d'égaler les temps de Max, mais mon poids m'empêchait d'atteindre cet objectif. Je n'avais pas beaucoup de choix, je devais maigrir. Mais perdre pas loin de dix kilos en l'espace d'une seule semaine était pratiquement impossible. Je devais donc trouver une autre solution. Le dopage n'était pas envisageable, non seulement parce que c'était contraire à ma philosophie sportive, mais aussi parce que c'était trop risqué, les contrôles anti-dopage étant quasi systématiques. Sinon il me restait ce que m'avait dit Max, croire en Épona, avoir confiance en elle, mais je n'y croyais pas trop. Je pris finalement la décision de ne manger que le strict nécessaire pour rester en forme jusqu'à la course et de m'entraîner un maximum avec Graphite, je mettrais le mysticisme à part, un peu comme un plus qui ne me coûterait rien.
Je passais donc une semaine à faire un régime drastique, à m'entraîner et à entraîner Graphite. Je faisais preuve d'une abnégation que je ne me soupçonnais pas, la faim m'était insupportable, mais je continuais, simplement en tachant de l'ignorer. Plus le temps passait, plus j'avais le sentiment qu'épona était réelle. Il y avait plusieurs raisons à cela, la première était que les chevaux comprenaient exactement ce que je disais, comme si je parlais leur langage, la deuxième raison était que je parvenais à deviner les volontés des chevaux d'un simple regard, comme si je lisais dans leur pensées, la dernière raison était que je ressentais comme une présence bienfaisante et rassurante. Peut-être était-ce cela, ce sentiment profond, ce que les croyants appellent la foi.
Le jour de la course arriva. Je passerais sous silence le trajet entre le haras et l'hippodrome de Nîmes, car il ne s'y était rien passé, à part s'ennuyer à mourir dans le van.
À l'entrée de l'hippodrome, je présentais mon badge de participant, et tous les papiers nécessaires à la participation à la course. Le vigile me lassa passer et je pu rejoindre les box pour décharger ma jument et le matériel. Malgré le fait que cet hippodrome soit un peu de seconde zone, les box n'étaient pas si mal, ils étaient équipés d'une douche individuelle avec même de l'eau chaude. Edouard entra alors que je douchais Graphite, il ne fit aucun commentaire sur l'absence de Max, il devait être au courant de l'accident. Il vint me parler :
- Vu que Max a eu un accident, et que Charles est introuvable, je pense que je n'ai plus d'illusion à me faire sur l'issue de cette course... Me dit-il.
- Ne misez pas de suite sur l'adversaire, monsieur de Rostollan, on ne sait jamais ce qu'il pourrait se passer.
- Arrêtez votre optimisme puéril, vu votre poids, on n'a aucune chance.
C'est vrai que malgré mon régime drastique, je n'avais finalement perdu que deux kilos, très insuffisant aux yeux des parieurs. La course était sans handicap, et donc sans égalité de poids, paramètre qui jouait alors un rôle primordial et indéniable.
Je continuais tout de même à préparer ma belle pour la course, je voulais courir, pour voir si j'en étais toujours capable. De toutes façons, je n'avais plus grand-chose à perdre. Le départ était prévu à 16h, et il était encore 10h, en prenant en compte l'avant course, il restait un peu plus de quatre heures devant nous. Je passais ce temps à masser ma jument, à évacuer le stress qui montait en elle, à la rassurer, à lui parler. Si l'idée de lui faire une gâterie me vint en tête, elle, n'avait pas vraiment la tête à ça. Je respectais sa volonté, et continuais de la préparer à la course.
Vers 14h30, je sortis avec Graphite pour la faire marcher, pour commencer à échauffer ses articulations, la mettre un peu au contact de ses adversaires, et accessoirement tâter le terrain. Il y avait douze concurrents, juments, hongres et entiers, et tous les âges étaient représentés, de la plus jeune, une pouliche d'à peine trois ans, au plus vieux, un vénérable entier de treize ans. à l'exception des deux petits nouveaux, je connaissais tous les chevaux. Par contre, je ne reconnaissais aucun des jockeys.
L'heure de la présentation approchait, et je reconduisis Graphite au box. Je l'équipais de sa selle et de sa bride. Après quelques détails et l'ajustement de tout l'équipement, elle était fin prête à galoper. De mon côté, je mis ma casaque puis mon casque et me saisi de ma cravache.
Après un passage à la balance, pour faire relever mon poids, je n'avais plus qu'à nous emmener vers le rond de présentation, où les spectateurs nous attendaient déjà.
La présentation se déroula par ordre de stalle, cheval en main. Au passage devant les gradins, l'organisateur annonçait le nom du cheval, ainsi que celui du jockey et de l'entraîneur, puis le nom du propriétaire et enfin la couleur de casaque.
Au tirage au sort, j'avais obtenu la cinquième stalle, une place plus enviable que la treizième, mais j'aurais tout de même préféré la première, même si elle présentait de risque de se faire « enfermer » par ses adversaires, elle permettait d'avoir moins de distance à parcourir. La présentation ne présentait pas d'intérêts uniquement pour le public, elle servait aussi aux jockeys d'estimer la valeur de leurs adversaires. À l'applaudimètre, je n'étais pas le favori, et même de loin le plus ignoré par le public. Cela ne m'étonnait pas, je n'avais pas personnellement couru depuis trois ans. Les deux concours précédents, c'était Charles qui montait l'une des deux autres juments que j'entraînais, avant qu'elles ne soient vendues.
La présentation terminée, tous les concurrents montèrent en selle, et se dirigèrent au pas vers la piste, et une fois sur la piste, tous allèrent jusqu'aux stalles en faisant le sprint d'échauffement, le canter. J'observais mes concurrents, pour juger leur manière de monter. Il n'y avait que des jeunes, j'étais le seul « vieux » de tous les participants, et je ne me sentais bizarrement pas à ma place. Mais ce statut me donnait l'avantage de l'expérience, qui peut faire une différence. Une fois les quatre premiers concurrents partis, je lançais Graphite au canter. Elle savait ce qu'elle faisait, elle n'utilisait pas toutes ses capacités en vitesse, je n'avais pas à la faire ralentir pour l'économiser. Je la fis ralentir avant d'arriver aux stalles, puis je la conduisis à notre, la 5. Du fait de ma grande taille, et par pure inattention, je me pris la poutrelle transversale, ce qui fit rire certains de mes adversaires.
Je voyais que l'entier à ma droite était visiblement attiré par Graphite, mais elle n'y prêtait aucune attention. L'organisateur annonça au micro que nous étions « sous les ordres du starter », ce qui signifiait que la course allait commencer dans trois minutes. L'hongre à ma gauche était complètement intimidé par l'entier à sa gauche, il n'allait pas prendre un bon départ. Du coin de l'il, je vis un jeune jockey complètement stressé, ça devait être sa première course en régional.
Le starter leva son pistolet, je pris la bonne position pour le départ, et glissais un petit mot d'encouragement aux oreilles de Graphite.
Le starter appuya sur la détente et le signal de départ retentit, les stalles s'ouvrirent en un clin d'il et Graphite s'élança d'elle-même dans la course, je ne fis que l'accompagner dans son mouvement. Le départ n'était pas trop mauvais, mais pas le meilleur. À ce que je voyais, c'est-à-dire pas grand-chose, nous étions troisième. Les positions des chevaux n'évoluèrent que peu jusqu'à que nous n'abordions la corde. Je fis prendre à Graphite le chemin le plus court possible, et coupais ainsi la route au second. Je venais de gagner une place.
Graphite collait le premier du plus près qu'elle le pouvait, presque à en manger les crins de sa queue. La sortie de corde arrivait à grand pas, et j'apercevais déjà le poteau d'arrivée, la dernière ligne droite pour le sprint final.
Je n'eu aucun ordre à donner, Graphite se lançait d'elle-même, donnant tout ce qu'elle avait dans les tripes. Le premier n'allait pas aussi vite que le missile que je chevauchais, mais il avait mieux pris la corde, et avait une petite longueur d'avance, peut-être suffisante pour que nous ne le rattrapions pas.
Nous passâmes le poteau, puis nous ralentîmes, pour s'arrêter quelques dizaines de mètres plus loin. Je ne sus pas de suite si j'étais premier ou second, et mon concurrent n'avais pas l'air de le savoir non plus.
Nous écoutâmes donc l'organisateur au micro :
- Alors... alors, alors... On me signale... On me signale que ça se jouera à la photo finish.
Soit l'annonce qu'il fallait attendre, le temps qu'ils décortiquent la vidéo, et qu'ils en tirent le vainqueur. Je fis marcher Graphite, pour qu'elle récupère de l'effort intense qu'elle venait d'accomplir. Je lui flattais l'enclôture, elle avait fait un travail remarquable. Je me collais à elle pour sentir l'odeur de sa transpiration, un véritable aphrodisiaque pour moi, mais je n'allais pas pouvoir en profiter avant plusieurs heures.
L'attente fut longue et ennuyeuse, mais le résultat tomba enfin :
- Mesdames et messieurs, les commissaires viennent de rendre leur avis, ils déclarent, qu'après visionnage de la photo finish, le concurrent portant la casaque rouge, soit Graphite, monté par Vincent Fabre, est déclaré vainqueur de la course. Il devance d'un nez son concurrent, à la casaque bleue, Devoted Arabian, monté par Isidore de la Jonquière.
Le tonnerre d'applaudissement qui s'en suivit sonna si beau à mes oreilles qu'il m'enivra. Graphite ne pu s'empêcher de faire la belle, elle exécuta un joli cabré et hennit à pleins poumons, elle tint la positions plusieurs secondes avant de se remettre sur ses quatre pieds.
- Les concurrents sont priés de se présenter à la balance.
Je calmai ma jument, et la conduisit vers le pied de l'estrade, sous laquelle se trouvait la salle des balances. Les applaudissements sonnaient toujours, et Graphite avait adopté d'elle-même un pas de parade, elle savourait la moindre seconde de ce moment.
Après avoir mis pied à terre et desseller ma jument, j'entrais pour me faire peser. Une fois cette tâche accomplie, je rejoins ma jument, qui s'était fait identifier, pour l'emmener à la douche.
Je rentrai avec Graphite aux box de l'hippodrome. Nous étions fatigués, mais fiers d'avoir accompli une performance jugée difficile. Je fis couler l'eau pour la chauffer.
- On a réussi Graphite, lui dis-je, on a réussi à prouver à ce gros connard de Rostollan qu'on pouvait encore lui servir.
Une voix, dans mon dos, se fit entendre :
- C'est vrai que le gros connard reconnaît qu'un petit con de pervers zoophile peut encore lui rapporter du pognon.
La voix d'Edouard de Rostollan était presque menaçante. Je ne l'avais pas vu entrer dans le box.
- Votre côte était de 73/1, vous m'avez rapporté une fort coquette somme, en plus de l'allocation.
- Est-ce qu'on est quitte ? Demandais-je, à demi optimiste.
- Vous rigolez, quand je vois les exploits que vous faites quand vous êtes le couteau sous la gorge, je vois pas pourquoi est-ce que j'arrêterais de vous menacer, répondit-il en rigolant.
Un immonde salaud comme l'espèce humaine savait les faire. Il en voulait plus, mais il ne savait pas qu'il n'avait plus la vidéo. Pour une fois, j'avais une longueur d'avance sur lui. Je choisi de lui dire, pour lui couper l'herbe sous pied, et le déstabiliser :
- Au sujet de la vidéo me montrant moi et ma jument...
- Vous ne l'aurez pas, si c'est ça que vous alliez demander, me coupa-t-il.
Je rigolai avant de lui dire :
- Justement, je n'allais pas vous la demander, parce que c'est moi qui l'ai.
Ce fut à son tour de rire, sauf que je ne m'y attendais pas du tout.
- Espèce d'imbécile, tu penses sérieusement que j'allais cacher une chose aussi précieuse sans en faire plusieurs copies.
Il continuait de rire, et il avait bien une raison de le faire, il m'avait bien eu, et je n'avais pas pensé une seule seconde au fait qu'il pouvait y avoir des copies. Il riait même si bien qu'il en commença à tousser, son âge le rattrapait. J'espérais intérieurement qu'il en meure, comme pour me débarrasser de mes problèmes. Mais je n'eus pas ce plaisir.
- Occupez vous donc de votre jument, elle n'attend que ça. Nous reparlerons de tous ça une fois rentrés au haras.
J'avais été un con, pour défier le roi des enfoirés, il fallait être plus salaud que lui, et j'étais loin de son niveau.
Je douchai ma jument, puis je la séchai et l'accompagnai jusqu'au rond de présentation, pour la remise des prix.
Une fois toutes ces mondanités bâclées, nous retournâmes au van, pour faire le chemin du retour. Je fis l'heure de route à l'arrière, avec ma jument. Elle était épuisée, elle dormait debout.
Nous arrivâmes enfin au haras, je réveillai Graphite pour l'emmener à son box. Une fois à l'intérieur de celui-ci, elle se coucha immédiatement sur la paille, et eut l'air de s'endormir presque instantanément, elle avait beaucoup donné pour cette course. Je remplis néanmoins un seau d'avoine et de granulés pour le cas où elle aurait un petit creux pendant la nuit. De mon côté je partis prendre une douche, sans omettre de vérifier que j'avais bien fermé la porte de la salle de bains à clef, l'agression de Linette était encore vivace dans mes souvenirs, puis je rentrai aux écuries sans encombres. Je me déshabillais, et me couchais contre le dos de Graphite, en l'enlaçant. Je ne parvenais plus qu'à dormir comme ça, j'étais définitivement devenu accro à la douce chaleur équine.
Le lendemain, je me réveillais avec le Soleil. Graphite dormais encore, elle n'avait pratiquement pas bougé de la nuit. Faire la grasse matinée me semblant une excellente idée, alors je choisi de l'imiter et de me laisser bercer par sa respiration. Ce fut efficace, car je retournai au pays des songes en quelques minutes.
Graphite se leva, me bousculant et me réveillant au passage. Le Soleil était haut dans le ciel, il était déjà tard. Ma jument avait faim, cela se voyait à la vitesse à laquelle elle engloutissait les victuailles contenues dans son seau. Moi aussi, j'avais un vide à combler. Je me rhabillai sans hâte, et je sortais du box. Mes jambes m'obéissaient à peine, les courbatures étaient douloureuses, ce qui me fit envisager le chemin jusqu'à la maison avec une certaine flemme. Je vis le sac de granulés pour chevaux, que j'avais laissé là la veille, j'en pris une grosse poignée, et retournai dans le box. Cette nourriture n'avait rien de mauvais, elle avait un léger goût d'herbe au début, puis un arrière goût persistant de carotte. Il y avait juste que c'était prévu pour les puissantes mâchoires des chevaux, et non pour les ridicules petites bouches d'humains, c'était donc très dur et très long à mâcher.
Graphite, qui avait fini son seau, me regardait manger sa nourriture avec un regard amusé.
- Plus les jours passent, plus je te ressemble, lui dis-je_. Bientôt, il me poussera une queue et des sabots, je marcherais à quatre pattes et j'hennirais comme toi._
En guise de réponse, elle vint me coller, me faire un gros câlin. Je ne savais pas comment je le savais, mais je savais qu'elle m'avais compris.
- Tu aimerais que je sois ton étalon ? Lui demandais-je.
Elle leva son museau, et me lécha les lèvres, comme si elle voulait m'embrasser langoureusement. Je me laissais faire, et ouvrit ma bouche, pour accepter ce baiser. Elle m'embrassa avec la langue, presque comme je l'aurais fait avec une humaine. C'était émouvant, comme situation, c'était la première fois que je l'embrassais, et ce n'était pas moi qui en avais eu l'idée. Nos bouches se séparèrent après ce qu'il m'avait semblé être une éternité. Elle m'enlaça avec sa tête, je l'enlaçais à mon tour, et je la caressais. J'étais en transe, mon corps entrait en ébullition, et je la sentais aussi très chaude. Nos curs battaient la chamade de concert, presque synchronisés. Elle tremblait au contact de mes mains.
Comme porter mes vêtements m'empêchait de ressentir pleinement la douceur de son pelage, je la quittais quelques secondes pour me déshabiller à la va-vite. Mais en tentant d'enlever mon slip, je me coinçais dedans, et basculai en arrière, sur le dos et de tout mon long. Avec l'épaisseur de paille, je ne me fis pas mal. Graphite se pencha sur moi, et me caressa le visage avec son museau. Je me débarrassai finalement du bout de tissus gênant d'un mouvement de la jambe. Graphite s'intéressa à mon service trois pièces, elle le renifla, puis lui donna un grand coup de langue. Elle me regarda droit dans les yeux, pour savoir si ça me plaisait. Qu'elle chercha par elle-même à essayer une nouvelle préliminaire m'enchanta. Elle poursuivit son petit jeu de langue, ce qui réveilla rapidement mes ardeurs. Dès que mon pénis eut une belle érection, Graphite le pris en bouche, en me faisant une véritable fellation. Je ne savais pas qu'elle savait faire ça, et j'appréciais grandement ce petit plaisir qu'elle m'offrait. Elle était même très douée, car j'eu un orgasme très rapidement, et j'eu le grand étonnement de la voir boire tout mon sperme, et même de lécher le peu qui lui avait échappé.
C'était mon tour de lui faire un plaisir lingual, et donc, je me relevais. Je n'eu même pas besoin de faire le tour du corps de Graphite, car elle se retourna d'elle-même, en me présentant son intimité, la queue relevée, et avec un petit jet d'urine. Le comportement d'une jument en chaleur surexcitée devant un étalon entreprenant. Elle avait déjà des spasmes vaginaux, ce qui faisait saillir et cligner son clitoris. Son odeur forte et riche en phéromones me montait à la tête. Avec mes doigts, j'écartais délicatement ses lèvres, puis je glissais ma langue dans son intimité. Son jus avait pour moi la saveur du miel, relevé d'une pointe d'acidité et d'un trait d'aphrodisiaque. Mes léchouilles faisaient déjà leur petit effet, elle grognait, elle respirait bruyamment, elle contractait son vagin. Je faufilai une main entre ses membres, à la recherche de ses mamelles, que je caressais, que je titillais. Mon autre main s'occupait de son anus, que j'excitais du bout des doigts. Quelques minutes de ce traitement suffirent à lui offrir un bel orgasme. Je pris le jet de cyprine et d'urine dans la bouche, et je l'avalais par la même occasion, savourant ce goûteux produit de son corps.
Je lui donnais quelques secondes pour récupérer, juste le temps que j'aille chercher un truc pour compenser mon manque de hauteur. Je saisi le seau, et le plaçait derrière Graphite, puis je grimpai dessus. Je me collais à elle, et la pénétrait. Mon va-et-vient provoquait un bruit de succion très érotique et très stimulant. J'augmentais lentement mon amplitude et ma vitesse, pour me calquer à ses spasmes vaginaux, de plus en plus fréquents. Sentir ses sécrétions couler le long de mes jambes me provoquait des frissons, l'odeur de sexe me faisait tourner la tête. Elle contractait ses muscles de plus en plus fort, presque jusqu'à me faire mal. Son corps était parcouru de petits spasmes qu'elle ne pouvait contrôler. Son orgasme fut explosif, et arriva sans crier gare. Elle déversa ses fluides sur mes cuisses et parterre. De mon côté, j'avais le mien quelques secondes plus tard, qui fut suffisamment puissant pour me troubler la vue.
Je mis quelques minutes à retrouver mes repères. Elle s'était couchée sur le flanc, à bout de souffle, couverte de sueur et des produits de son corps. J'étais tout poisseux aussi, et également très essoufflé. Je me couchai blotti contre son ventre, et m'endormais aussi vite qu'elle.
Nous nous réveillâmes presque en même temps, à cause de la faim. D'un rapide regard vers l'extérieur, j'estimais l'heure à plus de deux heures après le zénith. Il était donc trois heures de l'après-midi. Je me rhabillais, puis allai vers la maison pour aller chercher de quoi manger.
Une fois la tête dans le frigo de la cuisine, je cherchais quelque chose de savoureux à se mettre sous la dent. Une paire de mains me pinça les fesses, ce qui me surprit, me fis sursauter, et me prendre le haut du frigo sur le crâne assez violemment. Je me retournais pour gueuler sur le petit blagueur, et je tombai nez à nez avec la secrétaire judoka, Linnette. Elle huma bruyamment l'air, avant de dire :
- Tu sens la jument en chaleur.
Je reniflai mes vêtements pour vérifier ses dires. Je sentais effectivement très fort le sexe, pas vraiment la jument en chaleur. Elle ne devait pas savoir faire la différence entre les deux. Je choisi néanmoins de ne pas lui faire la remarque, je n'avais ni l'envie ni le courage d'affronter les commentaires salaces de Linette.
Je pris possession de la laitue du fond du frigo, et parti sans rien dire. Je retournai au box, pour partager la salade avec Graphite. Ce petit repas expédié, je l'emmenai à la douche pour la rendre plus présentable. J'en profiter pour y passer aussi. Comme il faisait beau et chaud, nous sortîmes nous laisser sécher au Soleil.
Nous passâmes le reste de la journée à faire une longue promenade, et à vaquer aux habitudes quotidienne.
Chapitre 6 : ça sent mauvais
Quelques jours plus tard, un beau matin et de bonne heure, je fut réveillé par les gendarmes. J'étais entre les pattes de ma jument, nu comme un vers. Ils me donnèrent l'ordre formel de me rhabiller, avant de me passer les bracelets, et de m'emmener. Ils m'expliquèrent qu'un dénonciateur anonyme leur avait apporté une vidéo de moi en train de commettre un acte sexuel sur ma jument. Ils me dirent aussi qu'un vétérinaire allait emmener Graphite pour l'examiner.
Je n'eu aucun mal à deviner qui était ce dénonciateur anonyme, Charles avait trouvé un des DVD que sont père avait caché.
Ils me firent traverser la moitié du haras avec les menottes aux poignets, devant tous les employés. En les regardant, suivant l'expression de leurs visages, je pu savoir ceux qui me pensaient pervers, et ceux ne me voyaient pas comme cela. Je fis la route jusqu'à la gendarmerie assis au fond de leur fourgon pourris. Je sentais que la journée commençait mal.
Les gendarmes m'avaient placé dans une de leur salle d'interrogatoire. Ils m'avaient débarrassés des bracelets et m'avaient pris ma ceinture et mes lacets. Je pouvais me déplacer librement. La pièce était loin des standards des séries télé, elle était lumineuse et décorée d'affiches de propagande. Une fenêtre, avec des barreaux, donnait sur le parking, siège d'une activité très intense : des gendarmes y faisait la pause clope depuis pas loin d'une demi-heure, et ils ne semblaient pas se décider à retourner travailler. Au moins cela me signalait qu'ils ne me faisaient pas mariner, juste qu'ils ne voulaient pas bosser. Je choisi de m'asseoir le plus confortablement possible, histoire de reposer mes jambes. Le temps passait au compte-gouttes. J'étais inquiet, non pas pour ce qu'il pouvait m'arriver, mais pour ma jument. La savoir aux mains des vétérinaires m'angoissait, et même si je savais ce qu'ils allaient lui faire, je ne leur accordais aucune confiance. Je passais le temps à me ronger les ongles, en attendant que les poulets pensent à moi.
Je ne sais pas combien de temps j'avais attendu, mais un flic vint enfin prendre ma déposition :
- Bonjour, je suis le brigadier-chef Despuits, je vais vous poser quelques questions, et prendre votre déposition.
Il s'installa devant moi, et continua :
- Tout d'abord, quel est votre nom ?
- Vincent Fabre.
- Votre date de naissance ?
- Le 7 Décembre 1980.
- Cela vous fait donc 27 ans.
- Savez vous pour quoi vous êtes ici ?
- Oui, répondis-je.
- _Avez-vous eu des relations sexuelles avec votre cheval ?_Demanda le gendarme.
J'hésitais sur ce que j'allais répondre. Je savais que la vidéo m'incriminait, elle me montrait explicitement en train de pénétrer Graphite avec mon bras. Mais cette vidéo était à double tranchant, car elle montrait aussi l'orgasme de ma jument, soit donc une expérience positive pour elle, et donc son consentement. Mais pour utiliser cette vidéo à mon avantage, je devais avouer que j'avais bien fait l'amour avec Graphite.
- Oui, j'ai bien eu des relations sexuelles avec ma jument, dis-je.Et je peux même vous dire qu'elle a aimé ça.
- Comment le savez-vous ?
- Elle a eu deux orgasmes, le soir où cette caméra m'épiait.
- En êtes vous sûr ?
- Regardez la vidéo.
D'après son regard, noir, j'en déduis qu'il avait vu la vidéo, mais qu'il n'avait rien vu d'autre que le truc « dégueulasse » que je faisais. Il devait me trouver répugnant, et se demandait comment est-ce que je pouvais faire l'amour avec un cheval. Il ne pouvait peut-être même pas l'imaginer. Il tenta tout de même de me déstabiliser, de me faire douter de moi, et de l'amour que je portais pour Graphite :
- Êtes-vous vraiment sûr que, ce que vous avez pris pour des orgasmes, en étaient vraiment ?
- J'en suis absolument sûr.
- Vous n'avez pas plutôt l'impression que c'était un cri de douleur ?
- Dans ce cas, elle aurait refusé de continuer, se serait enfui, ou elle m'aurait rué.
- Elle vous est soumise.
- Peut-on vraiment soumettre trois cents cinquante kilos de muscles ?
Le fait qu'il ne parvienne pas à me faire perdre pied semblait l'énerver. Comme il me regardait droit dans les yeux, je lui souriais, pour bien lui faire comprendre que ce ne sont pas ses beaux galons ou ses gros pectoraux, bien visibles sous sa chemisette trop ajustée, qui pourraient m'impressionner.
Il se leva et sortit de la pièce, me laissant de nouveau seul. Je pris mes aises, m'affalant dans la chaise, et mettant mes pieds sur la table. Je fis coucou à la caméra, avec un joli sourire, histoire de leur montrer que je comptais bien leur en faire baver. Ils me firent attendre plusieurs heures, durant lesquelles je finis par m'endormir d'ennui.
Un grand cou de poing sur la table me réveilla en sursaut. Un vieux capitaine de gendarmerie me regardait avec l'air de quelqu'un qui avait eu une journée trop longue. Son haleine fétide, mariage exquis entre une vague odeur de cassoulet et d'un cendrier froid, me donna des nausées.
- Pour commencer, enlevez vos pieds de la table, on n'est pas au Club Med ici.
J'enlevai mes pieds, comme demandé, mais en prenant mon temps.
- Je viens vous donner des nouvelles de votre cheval. Le vétérinaire n'a rien trouvé de concluant. En tous cas, rien qui ne prouverait un quelconque abus sexuel.
- Me voilà donc rassuré. Je peux y aller maintenant ? Lâchais-je avant de me lever.
- Non.
- Pourquoi donc ?
- Parce que le procureur a décidé de vous mettre en examen pour sévices sexuels sur animaux, et que le juge a accordé de vous mettre en détention préventive, en attente de votre comparution immédiate.
Je n'en revenais pas, il venait juste de me dire que l'abus n'était pas prouvé, mais ils me mettent quand même en examen. Cette vidéo était vraiment une arme diabolique, Charles avait bien su l'utiliser, et maintenant je faisais les frais de sa vengeance. Je m'en voulais de ne pas l'avoir tué, et d'avoir empêché Annette de le faire. Surtout que se débarrasser du corps en toute discrétion était très faisable aux alentours du haras. Je fis le choix de me défendre au mieux, car je devais absolument sortir, il était strictement hors de question de laisser Charles en liberté. Et je devais aussi protéger Graphite.
- _Est-ce que je peux téléphoner ?_Demandais-je.
Il sortit, puis revint quelques minutes plus tard avec un téléphone sans fil. Il me le tendit, puis il s'assit. Je composai le numéro de quelqu'un que je connaissais bien :
- _Allo ?_Dit la voix un brin fluette de mon avocate d'amie d'enfance.
Christina, c'est Vincent.
Salut Vincent, comment va ?
Pas très bien.
Qu'est-ce qui se passe ?
Je suis chez les flics.
Ah merde ! Tu veux que je vienne ?
Oui, s'il te plait.
J'arrive tout de suite.
Et j'aurais un service à te demander.
J'accepte d'avance.
Tu pourrais accueillir Graphite dans ton pré ?
Il n'y a aucun problème.
Tu peux t'en occuper avant de passer à la gendarmerie ?
Si tu me demandes ça, c'est que tu crains pour elle... Sa voix s'était fait inquiète, elle connaissait l'importance de Graphite à mes yeux. Je m'en occupe, puis j'arrive.
Merci, Christina.
Je rendais le téléphone au flic. Il voulait continuer de me poser des questions, mais comme je restais silencieux, il finit par se lasser et sortir.
Christina était ma plus vieille amie, la plus fidèle, la femme à qui je serais prêt à donner ma vie, et à tout accorder, quelles qu'en soient les conséquences. Et pourtant, entre elle et moi, c'était la nuit et le jour. J'étais grand, elle était petite. J'étais maigre, elle était grosse. Elle souriait tout le temps, je n'étais jamais content. Elle était pétée de tune, je n'avais pas un rond. Elle adorait la viande, j'étais végétarien...
Notre seule caractéristique commune était notre sexualité. Nous avions découvert notre zoophilie presque en même temps. En fait, je l'avais surprise, une nuit, en train de faire une fellation à un hongre, alors que moi, je venais voir une jument, dans le même pré. Elle m'avait vu, et elle avait fuit. Le lendemain, au collège, je l'avais revue.
- Hier, je t'ai vu, en train de sucer un cheval, avais-je dis.
- Si tu le répètes, je devrais te tuer, m'avait-elle répondu, d'une voix empreinte de d'affolement, mais sérieuse.
- Jamais je ne le dirais, je suis trop heureux d'enfin découvrir que je ne suis pas le seul.
- Tu veux dire que toi aussi tu... suces des chevaux ?
- En fait, je... je fais l'amour avec des juments...
Ainsi naquit une amitié sans faille, inébranlable. Puis elle tomba amoureuse de moi, et devint ma première et dernière amante humaine. Par la suite, nous suivîmes nos chemins respectifs. Elle ne dit jamais rien à personne, et devint avocate, poussé par son père, un haut magistrat. Elle avait rencontré un homme, lui aussi zoophile, et qu'elle disait moins pire que les autres, et s'était marié avec lui. De mon côté, j'avais tout avoué à mes parents, un soir de beuveries, et me retrouvais tenant le rôle du paria de la famille, celui du disparu dont personne ne remarquait l'absence, ainsi je devins palefrenier dans un haras paumé, avant de rassembler suffisamment d'argent pour pouvoir acheter ma propre jument... au rabais. Graphite était le cheval que personne ne voulait, trop agressive, peu obéissante, et, surtout, de lignée impure, fille non souhaitée d'un grand étalon et d'une jument non prévue pour la reproduction. Mais l'amour et la confiance l'avaient rendue la pouliche illégitime adorable.
Christina arriva deux heures plus tard. Elle était officiellement mon avocat, et je comptais sur ses talents pour me sortir de ce merdier.
- J'ai mis Graphite avec Tornado, me glissa-t-elle en entrant dans la salle d'interrogatoire.
- Merci, lui dis-je en retour.
Tornado était le cheval de Christina, un bel étalon percheron. Au moins ma jument pourrait s'amuser, si jamais je lui manquais.
- Je voudrais m'entretenir en privé avec mon client, déclara Christina au capitaine.
Elle attendit qu'il sorte, avant de me demander :
- Dans quelle merde tu t'es fourré ?
- _La pire de toutes celles que je craignais..._Lui répondis-je.
Je lui racontai toute l'histoire des derniers mois.
- _Dans la mouise bien profond..._Commenta-t-elle.
- Tu peux m'en sortir ?
- Je peux jouer sur le fait que Graphite a ressenti un plaisir, par cette expérience sexuelle.
- Ça suffirait ?
- Normalement, si tout se passe bien tu devrais t'en sortir avec une peine de prison avec sursis.
- Et après ?
- Tu te planques un peu mieux.
- Pas vu, pas pris, c'est bien ça ?
- La loi n'interdit que de se faire prendre, pas de faire.
Je réfléchi un long instant, avant d'ajouter :
- Ils vont m'interdire de posséder un animal à vie.
- Je n'osais pas te le dire, mais il y a de grande chance que le juge ajoute cette peine.
- Dans ce cas, que va devenir Graphite ?
- Rien n'est sûr. Je pense qu'ils la confieront à la SPA, ou bien retournera-t-elle au haras des Rostollan.
Cette perspective m'effraya, chez les Rostollan, Charles pourrait lui faire tout ce qu'il voudrait, et à la SPA, ils pourraient la vendre au plus offrant, ou pire. Un avenir bien sombre.
- Est-ce que je peux te la confier, définitivement ? Demandais-je_._
- Non, tu ne peux pas. Il y aurait un conflit d'intérêts.
- àqui, alors ?
- Pense à Max, il m'a l'air d'un homme bon. Et il la connaît très bien. Et je pense que la justice n'aura pas son mot à dire.
- Alors prévient Max que je lui confie Graphite.
- Je le ferais dès que l'on aura fini de mettre au point la stratégie de ta défense.
Nous passâmes deux bonnes heures à discuter de ma défense. Nous conclûmes que la meilleure stratégie était de reconnaître les actes sexuels, mais de mettre l'accent sur le fait que cette expérience était positive pour Graphite. Elle partit lorsque tout fut réglé. Le gendarme vint me chercher, et m'emmena au sous-sol, dans les cellules de la gendarmerie.
On m'installa dans une cellule collective, où j'avais pour compagnie un ivrogne en train de cuver, un jeune homme, et un vieil homme recroquevillé dans son coin. J'eu droit à un sandwich au saucisson, je donnai le saucisson au jeune, et mangeai le pain seul. Une courte conversation avec le jeune m'appris que le poivrot avait tué une femme qui traversait la route alors qu'il conduisait bourré, que le vieux avait trucidé sa femme à coups de poings, et que lui s'était fait choppé en train de vendre du cannabis à ses camarades de lycée. Lorsqu'il me demanda ce que j'avais fait, je lui répondis honnêtement que j'étais un zoophile. Il me traita de pervers dégueulasse, et alla s'asseoir sur le banc d'en face. Il ne lâcha pas du regard avant que les gendarmes ne viennent le chercher pour l'emmener au tribunal.
Mon tour n'arriva que le lendemain. La nuit fut très longue, car l'ivrogne avait vomi un peu partout dans la cellule, et que l'odeur avait de quoi réveiller les morts.
Le tribunal de Grande Instance de Montpellier était un beau bâtiment moderne et bien entretenu, du moins extérieurement. Intérieurement, il était très dégradé, les murs étaient taggués de partout, et les toilettes ne fonctionnaient plus. Seules les salles d'audiences avait gardée un tant soit peu d'élégance. Mais je n'étais pas là pour profiter de l'architecture avant-gardiste de ces lieux.
- Veuillez vous lever, la séance est présidée par son honneur le juge Kalsinski, annonça le greffier.
Le juge s'assit sur son fauteuil en cuir.
- _Vous pouvez vous rasseoir,_dit-il.
Le juge ouvra le dossier qui me concernait. Il le parcouru quelques minutes avant de commencer.
- Monsieur Fabre Vincent, veuillez vous lever et aller à la barre.
Je m'exécutai.
- Monsieur Fabre, à la demande de l'avocat général, partie civile de cette affaire, vous comparaissez devant le tribunal de Grande Instance de Montpellier pour les faits de sévices sexuels sur animaux. Au cours de votre garde à vue, vous avez reconnu ces faits, mais nié qu'ils étaient mal intentionnés. Pouvez vous nous dire en quoi ces faits ne seraient pas répréhensibles par ce présent tribunal ?
- Votre honneur, ces faits ne son pas répréhensibles car la jument en a ressentit du plaisir, répondis-je.
- Vu que vous l'aviez également précisé dans votre déposition, j'ai demandé à un expert en éthologie équine l'analyse de vos dires. Cet expert m'a répondu, je cite : « Que le plaisir sexuel est un sentiment propre à l'espèce humaine, que ce sentiment n'existe pas chez les chevaux, où le comportement sexuel est le résultat d'un instinct faisant partie de l'intérêt de la survie de l'espèce », fin de citation.
Que répondre à cela, un expert en éthologie équine avait trouvé malin de dire que les chevaux étaient incapables de ressentir ce ma jument vivait à chaque fois que nous faisions l'amour. Il se plantait en beauté, et il allait envoyer quelqu'un en tôle.
- Qu'avez-vous à répondre à cela ? Demanda le juge.
- Que cet imbécile d'expert n'a jamais essayé de donner du plaisir à un cheval avant de donner ses conclusions, dis-je excédé.
- Pas d'insulte, s'il vous plait. Vous dites donc que cet expert n'a rien compris au comportement des chevaux.
- C'est exactement ce que j'ai dit.
- Vous estimez donc que vous avez de meilleures connaissances que cet expert.
- Au moins sur le plan sexuel.
- Donc, pour vous, un expert qui étudie les chevaux depuis plus longtemps que votre âge ne mérite pas que nous ne l'écoutions.
Ce coup-ci, je ne répondis rien, car de toute façon, il ne m'écouterait pas, c'était la parole d'un expert reconnu contre celle d'un vague entraîneur -- soigneur -- jockey coupable d'un comportement sexuel tabou dans la société. C'était foutu d'avance. Je gardai le silence jusqu'au verdict :
- Au nom de la République Française, je vous condamne à un an de prison ferme, accompagné d'une peine d'interdiction définitive posséder un animal, et d'une interdiction définitive d'exercer un métier en rapport avec les animaux. Vous pouvez emmener le prévenu.
Les flics vinrent me mettre les menottes pour m'emmener. Christina me dit que nous allions faire appel de cette décision, et qu'il ne fallait pas trop m'en faire. Mais la perspective de ne plus revoir Graphite pendant un an me fit très mal.
Chapitre 7 : Au bord de l'abîme
La maison d'arrêt de Villeneuve-Lès-Maguelones, célèbre pour avoir eu plusieurs fois comme locataire José Bové, était assez éloigné de l'idée que je me faisais des prisons françaises, les bâtiments étaient assez bien entretenus, le calme régnait et l'odeur restait dans les limites de l'acceptable. Les gardiens m'avaient pris tout ce que j'avais, mis le tout dans un sac, et remis un espèce de survêtement informe en guise d'uniforme, un oreiller et une paires de drap. Ils me conduisirent dans ma cellule, une petite pièce de 5 mètres sur 3, avec 2 lits. Une chance dans mon malheur, mon compagnon de taule n'avait pas trop l'air d'une grosse brute. Les gardiens partirent, sans oublier de refermer la porte, me lassant seul avec le taulard.
- Bonjour, dis-je.
- Salut, répondit-il.
Je posai mes fesses et les draps sur le lit libre. Mon voisin lisait une de ces revues people débiles et inutiles, du genre de celles qui ne peuvent même pas servir de papier toilette. Il ne semblait pas sensible à ma présence. Je passai ainsi une longue journée à m'installer, faire mon lit, et me morfondre dans mon coin.
Le lendemain, j'eus une visite de Christina, pour discuter de la procédure d'appel du procès.
- _Comment ça se passe ?_Dit-elle.
- Le lit est miteux, la bouffe dégueulasse et le voisinage insupportable. Mais je me dis que ça ne durera qu'un an, voir moins, si j'arrive à me tenir à carreaux.
- ç'aurait pu être pire, c'est ça que tu veux dire ?
- Oui.
Son regard me dit qu'elle me plaignait, qu'elle était attristée de me savoir enfermé.
- On va faire appel de cette peine.
- Si le juge utilise le même type d'expert, c'est foutu d'avance...
- Pas si nous faisons, nous aussi, appel à un éthologue, mais un qui pense comme nous.
- Un éthologue qui a compris que la zoophilie n'est pas forcément quelque chose de mal ?
- C'est exactement ça.
- _Reste à trouver un éthologue zoophile qui accepte de témoigner,_remarquais-je.
- Je trouverais, ne t'en fais pas.
- Comment va Graphite ? Demandais-je.
- Elle passe ses journées à te chercher, à hennir à la mort, mais elle est en bonne santé, elle ne risque rien.
Ces mots me firent pleurer, je ne pris pas la peine de résister aux larmes. Christina pris mon visage entre ses mains, puis partit.
Vers la fin de l'après-midi, j'eu droit à la visite surprise de Charles. Je faillis faire demi-tour, mais après une brève réflexion, je m'assis finalement à la table.
- Alors, comment va mon petit violeur de chevaux favoris, dit-il, un peu fort, histoire que les taulards l'entendent.
- Si c'est juste pour se foutre de ma gueule que t'as fait cent kilomètres...
Je me levai et me dirigeai à grand pas vers la sortie.
- Attend ! J'ai un petit cadeau pour toi, cria-t-il.
Je m'arrêtai, et le regardai. Charles posa un gros sac en papier sur la table. Je succombai à la curiosité, et retournai m'asseoir. Il déballa son paquet. Ce que je vis me sidéra, je n'osais pas m'avouer savoir ce que c'était.
- Tu sais ce que c'est, n'est-ce pas ? Remarqua-t-il.
Le paquet contenait un grand sac en plastique, qui contenait un foie de cheval entier, dégoulinant de sang. L'odeur puissante d'hémoglobine me donna la nausée.
- Ne t'inquiète pas, cette vieille Annette n'a pas trop souffert, je l'ai simplement égorgée, pour que je puisse la voir agoniser en s'agitant dans la poussière.
C'en était déjà trop pour moi, je vidai tout le contenu de mon estomac par terre.
- Ça ne va pas ? Dit-il en riant. Tu es tout pâle.
Il dépassait la limite de ma ténacité, mon point de rupture n'était pas loin.
- Au début, je voulais faire ça avec ta jument, mais comme elle n'était plus au haras, j'ai dû me contenter d'Annette.
Je me forçais à rester calme, je ne devais pas le frapper, c'était exactement ce qu'il voulait. Je serrais les dents.
- Je ne l'ai pas tué directement, je me suis un peu amusé avec elle. Tu veux savoir ce que je lui ai fait ? Oh, oui ! Je suis sûr que tu en bandes déjà.
J'en pleurais, tellement je me retenais.
- J'ai commencé par l'attacher, pour ne pas qu'elle s'enfuit, puis je l'ai entièrement entravée, les pattes écartées, pour que je puisse m'amuser facilement.
Je serrais tellement mes poings que mes ongles avaient perforés la peau des mes paumes, et du sang gouttait sur la table.
- Ensuite, je lui ai fourré ma cravache dans son joli petit trou du cul et...
Et la limite du tenable était largement dépassée. Je sautai sur la table, je ne me contrôlais plus. Je le saisi par le col et le renversai par terre. Je le mitraillais de puissants coups de poings dans le visage. Il était inconscient depuis longtemps lorsque les gardiens me mirent un grand coup de matraque pour m'arrêter. Ils m'attachèrent, et me maintinrent au sol, le temps qu'ils ramassent ce qu'il restait de Charles. Je tentais de me dégager de leurs emprises, je voulais à tout prix l'achever, lui arracher la carotide avec mes dents, en finir avec cet être immonde qui ne méritait même pas le statut d'être vivant. Mais les gardiens s'y étaient mis à plusieurs, je ne pouvais vraiment plus bouger. Ils finirent par évacuer Charles, et me reconduisirent à ma cellule.
Mon voisin taulard rentra quelques heures plus tard, peu avant le dîner, et vint directement s'asseoir à côté de moi :
- Il paraît que tu as foutu sur la gueule d'un visiteur et qu'il a fallu trois gardiens pour te maîtriser.
- C'est vrai, répondis-je.
- Paraît aussi que le mec est ressorti sur un brancard.
- Ouais...
Il se leva et alla s'asseoir sur son lit, en face de moi. Il se mit à rire à pleins poumons avant de dire :
- Quand je regarde ton gabarit, j'aurais plutôt dit que tu étais un petit homme faible, un mec idéal pour servir de femme à la moitié de la prison.
Comme je le fixais d'un regard noir, il s'arrêta de rire.
- Après ce que tu viens de faire, je ne pense pas que quelqu'un cherchera à te violer sous la douche, ajouta-t-il, sur un ton à la fois gêné et admiratif.
Pour moi, ce statut de psychopathe dangereux m'allait à merveille, au moins pourrais-je rester tranquille dans mon coin. Je n'avais plus qu'à entretenir cette crainte, et attendre de sortir. Les relations humaines ne m'importaient finalement que peu. Surtout avec les déchets qui habitaient ce sinistre endroit.
Le lendemain matin, après un petit-déjeuner tranquillement avalé, je sortis dans la cour. Ma réputation avait déjà fait le tour de la prison, et la crainte que les autres prisonniers me portaient avait du bon. Mais aussi du moins bon, car les gros bras me regardaient comme pour me défier. Je restais donc à bonne distance d'eux. Je choisis de me coucher à même le sol, au Soleil et à l'écart des autres. Je m'endormis rapidement.
Un taulard me réveilla, et me dit :
- J'ai un cadeau pour toi.
Je craignais de savoir ce qu'allait être ce cadeau. Je me levai et fis face, tout en restant à une certaine distance. Le taulard sorti un couteau improvisé avec une brosse à dents et une lame de rasoir, et me le montra. Il me faisait peur, et ça devait se voir. Avec une vivacité que je n'attendais pas, il fondit sur moi et me planta sa lame dans le foie. La douleur, très vive, me bloqua la respiration, et anéantit mes forces. Il me tenait immobile, il m'empêchait de retirer le couteau, et aussi de tomber. Il m'enlaçait, une étreinte très probablement destinée à camoufler mon meurtre. Il était vraiment fort, je n'arrivais pas à me dégager, je pouvais à peine bouger. À mesure que je me vidais de mon sang, je perdais progressivement connaissance. Avant que ne succombe à l'hémorragie, et que j'entame le voyage de mon âme, il me glissa dans l'oreille :
- J'ai un message de la part de Charles de Rostollan, il m'a demandé de te dire : « Meurt, petit baiseur de chèvres ».
J'expirai pour la dernière fois.
Tout était noir, vide, et froid. Je n'avais plus aucune sensation, aucun de mes sens n'envoyait la moindre information. Le néant.
Une voix familière se fit entendre :
- Ce n'est que le commencement, Vincent. La fin de ta vie, mais le début de ton histoire.
Commencé le Lundi 27 Août 2007
Terminé le Mardi 6 Mai 2008
Temps total d'édition : environ 100h
Réécriture commencé le Lundi 18 février 2013