Liam - Chapter 1

Story by Yvaslo1 on SoFurry

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Liam

Chapitre 1

Perdu

« Bonne anniversaire ! » s'exclamaient en cur tous ceux qui se trouvaient dans la grande salle que soudainement des dizaines de lumières venaient soudain d'illuminer.

Liam, sur le pas de la porte cligna des yeux, aveuglé par cette lumière si brusque.

A travers la lumière il discerna cependant les dizaines de silhouettes se tenant devant lui. Il secoua la tête, incrédule, devant lui se tenaient toute sa famille au grand complet.

  • C'est... c'est pas vrai... je rêve... balbutia-il en les observant.

  • Oui tu rêves, lui répondit une voix féminine, si tu veux je peux te pincer pour te réveiller.

  • Tais-toi Vira, soupira Liam.

  • Remarque si il se réveille sa fera plus de gâteau pour nous. lança une autre voix, celle d'un homme cette fois.

  • Arrête de dire n'importe quoi. soupira une quatrième voix.

Un grand éclat de rire se fit entendre, la voix grave se fit entendre dans toute la pièce, une voix qu'il aurait reconnus entre mille.

  • Papa... murmura Liam, sidéré.

  • Tu ne croyais tout de même pas qu'on t'avait oublié. lui dit-il en s'approchant de lui.

Il lui sourit, ses grands yeux plein de malice posés sur lui l'observant avec amusement.

  • Bon anniversaire mon grand. lui murmura-t-il à l'oreille en l'étreignant chaleureusement.

Liam n'en croyait pas ses yeux, dans la salle décorée de ballons d'une grande banderole et d'une grande table sur laquelle trônait un gigantesque gâteau dont la simple vue le faisait saliver.

Juste devant la dite table se trouvaient toute sa grande famille et ses amis tout sourire devant l'effet engendré par leur petite surprise.

  • Vous avez préparé tout sa pour moi. murmura Liam sans oser y croire.

  • Oui. répondit sobrement son père.

  • Je t'adore papa. s'exclama Liam en se collant à son père qui, de surprise manqua de tomber.

  • Il n'y a pas que moi qu'il faut remercier. répondit son père en riant.

Liam leva la tête et fixa intensément chacun des convives à cette fête surprise. Toutes ces paires d'yeux aux pupilles verticaux empreints d'une expression amusée le fixaient. Les bouches qui s'ouvraient sur des rangées de crocs qui auraient paru terrifiant pour celui qui ne remarquait pas leur sourire.

C'était ça, sa famille, une famille enduite d'écailles brillantes, se déplaçant sur quatre pattes pourvues d'impressionnantes griffes qui cliquetaient à chaque pas sur le marbre du sol et au dos encadré de larges ailes.

Il se jeta sur l'un des dragons se tenant au milieu, lui souriant de tous ses crocs blancs et l'étreignit avec force.

  • Merci oncle Beau. murmura-t-il, les yeux emplis de larme de joie.

Beau lui répondit d'un sourire.

Il se tourna vers une dragonne noire qui le fixait de ses deux yeux verts émeraude brillants d'une lueur de joie. Malgré les marques que commençait à laisser son âge avancé elle restait resplendissante, les même courbes gracieuses, la même taille fine. Et dire que cette sublime dragonne n'était autre que sa mère.

  • Merci maman. dit-il en se serrant près d'elle.

  • De rien mon cur. lui répondit-elle au creux de l'oreille.

Il salua ainsi chacun des dragons jusqu'à arriver face à un dragon noire dépourvu d'ailes au ventre vert feuille dont l'un des yeux était barré d'une série de cicatrices.

  • Joyeux anniversaire p'tit frère. lui dit-il chaleureusement.

Darkan , bien qu'il soit plus de deux fois plus vieux que lui n'avait jamais rechigné à s'occuper de lui, à s'amuser avec lui, comme si l'espace d'un instant il était redevenu un enfant. Son grand frère l'avait toujours adoré, depuis le jour de sa naissance à aujourd'hui. Chaque fois que leurs regards se croisaient il voyait dans ses yeux une joie immense, presque enfantine, voilée cependant par l'ombre de quelque chose de triste dont il ne parlait jamais.

  • Seize ans déjà... dit pensivement Darkan en le regardant de la tête aux pieds. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps que sa tu étais un gamin à-peine plus grand que ça. ajouta-il en levant sa patte juste au-dessus du sol.

  • Arrête de ressasser le passé. Lança une voix juste derrière lui.

Il se retourna pour se retrouver face à sa sur jumelle Elanor. Elle avait une silhouette fine, presque frêle, de magnifiques écailles dorées que quelques taches noires venaient sublimer, des griffes ciselées d'une incroyable finesse, un visage doux surmonté d'une série de pointes recourbées, des yeux dorés d'une incroyable beauté dont on disait que ceux qui en croisait le regard tombaient instantanément amoureux et un sourire à vous faire chavirer. Mais en plus d'être magnifique elle était dotée d'un esprit hors du commun et d'une malice dont elle jouait avec l'air de ne pas y toucher. Utilisant ses charmes et son intellect sur ses soupirants qu'elle envoyait balader d'un trait d'esprit ou d'une ruse bien trouvée.

-Tu savais. murmura Liam.

-Oui. répondit-elle avec un discret hochement de tête. Alors la surprise te plaît ?

  • Tu n'imagines pas à quel point. s'écria Liam en l'embrasant sur une joue, la faisant rougir.

  • A vrai dire c'était son idée depuis le début. avoua son père qui venait de les rejoindre, accompagné de sa mère et de son oncle Beau.

Son père, ce grand dragon noire et bleu qu'était son père, dont la démarche toujours droite et digne l'avait toujours un peu intimidé, et ce regard bleu en apparence dur qui se révélait doux et plein de tendresse quand on osait le regarder. Il n'avait jamais cessé d'être fière de lui, jetant toujours sur lui se regard l'air de dire « Sa c'est bien mon fils ! »

Cependant il voyait toujours en lui cette distance, comme si il n'osait pas l'approcher, et nombre de fois ils s'étaient retrouvés face-à-face à se dévisager comme deux idiots ne sachant que faire avant de s'étreindre en riant.

  • Alors petite terreur la fête te plaît ? demanda une voix tonitruante derrière lui.

Liam se retourna pour découvrir les deux plus étranges dragons qu'il ait jamais vu : le premier était presque entièrement noire, imposant par sa grande taille et sa carrure de combattant il était toujours souriant et malgré ces yeux rouges brûlant comme la braise il observait Liam avec une grande joie.

La seule chose qui n'était pas noire chez lui était ses griffes, ses ailes, les pointes hérissant son dos et ces yeux rouges perçant dont la couleur rappelait celle du sang.

Le second lui faisait à peu de chose près la même taille que son oncle Beau et sa seule présence imposait le respect, Liam sentait la puissance qui bouillonnait en lui comme un torrent déchainé, ses écailles rouges mettaient en valeur son corps musculeux et les étranges fines lignes comme tracées au pinceau qui couraient le long de son corps rougeoyant. De longues pointes ornaient son dos, de longues griffes acérées terminaient ses pattes et sa gueule s'ouvrait sur des crocs qu'on sentait capable de broyer n'importe quoi.

Il jeta un regard chaleureux à Liam et un au contraire glaciale à son oncle et à son père.

  • Je ne m'attendais pas à te voir ici. Lâcha son père avec dureté.

  • Je me serais bien passé de te voir mais il a insisté pour que je vienne. grommela l'intéressé en désignant le grand dragon noir qui regardait ailleurs.

  • Oncle Kaos ! s'écrièrent Elanor et Liam en se jetant à son cou.

Kaos voulut reculer mais se retrouva plaqué au sol sous le poids et la joie des deux adolescents. Il rit, amusé mais on pouvait percevoir une hésitation étrange, comme si il rechignait à étreindre ses neveux.

  • Vous avez gagné. déclara-il en les repoussant gentiment. Il tourna son regard vers son p-re et sembla lui poser une question à laquelle il répondit par un hochement de tête et un sourire.

  • Pourquoi te sens-tu obliger de me demander la permission ?

Kaos ne répondit pas et étreignit Liam et Elanor avec douceur.

Quand il les relâcha Liam remarqua que son père ainsi que l'autre dragon se jetaient des regards mauvais.

  • Ils ne vont pas s'y mettre. soupira Kaos d'une voix lasse.

  • On dirait bien que si. marmonna Darkan en le saluant d'un contact amical contre la joue.

  • Ils ont jamais pu se supporter ces deux-là. Grommela sa mère en s'approchant d'eux.

  • Ils ne pourraient pas enterrer la hache de guerre pour une fois. Lâcha Elanor exaspérée par leur comportement.

  • Surtout le jour de notre anniversaire. renchérit Liam.

  • Ce serait trop leur en demander. murmura Kaos en secouant la tête avec ennui.

Les deux dragons s'affrontaient du regard, comme deux animaux prêts à bondir l'un sur l'autre. Mais c'est alors qu'ils se mirent discrètement à sourire et leur expression guerrière se mua en une joie immense. Ils s'étreignirent comme le feraient deux vieux amis.

  • On ne vous l'avait pas dit, ils se sont rabibochés. annonça Vira en s'approchant d'eux, son habituelle expression moqueuse sur son visage.

  • Tu ne pouvais pas nous le dire plus tôt. répliqua Elanor.

  • On voulait vous faire la surprise.

Bientôt Liam eut salué tous les convives et ils se retrouvèrent en un rien de temps autour de la grande table ou le gâteau à l'air succulent attendait.

Les conversations emplissaient la salle de leur doux bruit joyeux.

La bonne humeur était communicative, les éclats de rire fusaient en tous sens entrecoupés d'exclamations amusées.

On commença à servir le gâteau après en avoir soufflé les bougies à l'air de torches.

C'est alors qu'un craquement retentit dans la pièce, suivit d'une étrange vibration.

-Qu'est-ce que c'est... balbutia Liam, pris d'une soudaine inquiétude.

  • Je ne sais pas. répondit Elanor. 0n dirait... un séisme.

Une seconde vibration ébranla la salle qui sembla tanguer.

Une lézarde traversa soudain le plafond.

  • Mon dieu... murmura Kaos.

  • Non... non... pas... pas maintenant. marmonna Furox.

Une nouvelle secousse ébranla la salle alors qu'un grondement terrifiant emplissait le silence.

Liam tourna son regard plein de peur vers son père qui regardait en tous sens, méfiant, comme prêt à combattre.

Ils échangèrent un regard dans lequel Liam décela de la terreur.

Kyo tendit une patte vers lui, Liam l'imita. Mais soudain tout bascula dans un flash de lumière aveuglante. Liam vit la patte de son père comme se désagréger, son visage emplie de crainte se volatilisait dans cette éblouissante lumière.

Liam se sentit alors comme tomber, tout autour de lui disparaissant dans la lumière.

...

Liam ouvrit brutalement les yeux. Sa vision était trouble, sa respiration hachée, son corps tremblant violement, son esprit embrumé. Il tenta de se calmer et, peu-à-peu sa vision se précisa. il sentit sous ses pattes le contact dur d'un sol de terre.

Il leva les yeux et ne vit autour de lui que d'étranges brins jaunes terminés par de tout aussi étranges épis de la même couleur dorée.

A travers ces épis pliant doucement dans le vent il discerna le bleu limpide d'un ciel. Il commençait à sentir la douce chaleur d'un soleil qu'il commençait à-peine à distinguer.

Il tenta de se lever mais ses pattes se dérobèrent sous lui.

Il se retrouva la tête dans la terre poussiéreuse le fit éternuer.

Il secoua la tête et se leva de nouveau.

Il réalisa qu'il se trouvait dans une sorte de champ immense remplis de ces étranges épis jaunes formant une mer ondoyant dans le vent.

  • Ou... ou suis-je ? murmura-t-il terrifié.

Rien ne lui répondit hormis le vent.

Il fit quelques pas entre les épis courbant sous ses pattes.

Il avança encore, les épis caressant ses flancs. Curieux il en saisit un et l'observa attentivement. L'épi était plein de petites graines oblongues.

  • Etrange ces graines.... Murmura Liam. Il ne me semble n'en avoir jamais vu de tel.

Il haussa les épaules et se remit à avancer.

La chaleur qu'il avait d'abord crûs douce devint soudain écrasante.

Il marcha encore un long moment, traversant d'autres champs de ces mêmes plans, séparés uniquement par quelques fils de fer tendus. Quand Liam posa une de ses pattes sur l'un des fils il sentit une violente douleur déchirer sa chaire.

Il la retira et la découvrit couverte de sang, une longue déchirure la coupant en deux.

  • Mais c'est quoi ces trucs. marmonna Liam en remarquant alors les étranges pointes hérissant le fil.

Il haussa les épaules et les enjambas.

Il marcha pendant ce qui lui sembla des heures avant de s'arrêter son ventre se tordant de douleur, sa gorge sèche, sa langue lui faisait l'effet de papier de verre.

Il avait faim et soif. Combien de temps était-il resté endormis ? Aucune idée mais en tout cas une faim dévorante l'assaillait.

Il se força cependant à avancer jusqu'à arriver près d'un petit ruisseau aux eaux verdâtres. Il le fixa un long moment et soupira.

  • Quand il faut y aller...

Il baissa la tête et but l'eau au goût nauséabond à grosse lampée.

Il grimaça, hoqueta, se tordit de douleur et vomit une bile acre et brulante dans l'eau répugnante.

Il fixa l'eau un moment, son ventre gargouillant sans cesse.

Il soupira et repartit. Après ce qui lui sembla une éternité il s'arrêta. Autour de lui les champs infinis avaient laissé place à des arbres aux branches pendantes, offrant un peu d'ombre, les feuilles les plus basses baignant dans une eau plus claire qu'il avala goulûment.

Une fois sa soif épanchée il chercha autour de lui espérant trouver quelque chose pour satisfaire sa faim.

Il repéra enfin ce qui ressemblait à une carcasse animale. Liam en s'en approchant la découvrit à moitié dévorée et habité par les mouches. Les os blancs le firent frissonner. Il observa la chaire couvrant encore la moitié de la bête. Le dégout l'envahit. Contrairement à son père il n'avait jamais gouté au sang, jamais plongé ses crocs dans la chair fraiche, jamais été initié à l'art de la chasse pourtant presque instinctif pour ceux de son espèce.

  • C'est répugnant. hoqueta-il en détournant les yeux. Je ne vais pas bouffer ça.

Mais pourtant son ventre criant famine, sa bouche s'emplissant de salive et d'un autre liquide épais, ses mâchoires tressautant de façon incontrôlée, ses griffes raclant le sol sans qu'il s'en rende compte.

  • Oh... et merde. soupira Liam avant de plonger ses crocs dans la chaire dont le goût rance manqua de le faire reculer.

Il dévora sans se préoccuper de ce qu'il avalait, se moquant de la chaire probablement viciée de l'animale. Quand il se recula rassasié et s'allongea sur le sol de terre il réalisa qu'il avait entièrement dévoré l'animal, ne laissant que des os et des flaques de sang coagulé. Il regarda ses pattes et les découvrit couverte de sang. Il se tourna et s'observa dans l'eau claire, sa gueule était maculée de sang. Il fit un pas en arrière horrifié par cette vision.

  • Qu'est-ce que j'ai fait. hoqueta Liam.

Dans le même temps il se sentait bien.

Brutalement il s'endormit, terrassé de fatigue.

...

Le lendemain, ou ce qui s'en rapprochait le plus, il fut réveillé avant l'aube par une immense douleur dans son ventre. Il se leva, fit quelques pas chancelants, se plia de douleur et vomit sur le sol humidifié par la rosée du matin tout ce qu'il avait engloutis la veille. Quand enfin il se redressa, à moitié sonné, des filets de bile aux commissures des lèvres, haletant, le regard perdu dans le vague il fit une discrète grimace. Sa lui apprendrait à se nourrir de charogne. Ses quelques cours dispensé par son père et quelques-uns des autres membres de sa famille lui revinrent en mémoire. Les dépouilles d'animaux morts comme celle qu'il avait découvert étaient très souvent infestée de vermine, cette masse grouillante qui sous les lambeaux de peau qui recouvraient le squelette mis à nu, dans la chaire moisie se nichaient, dévorant petit-à-petit la chaire, cette immonde colonie vivant de la mort qu'il avait ingurgité avec le reste de la créature pourrie.

Il retourna vers l'eau et en but jusqu'à n'en plus pouvoir, espérant ainsi laver ses entrailles de ces vers qui l'infestait désormais.

Il se remit en marche, son corps secoué de violentes crampes. Il marcha sous le couvert des rares arbres, chancelant parfois, la sueur perlant sur son front, son corps secoué de tremblements. Devant ses yeux le monde tanguait, se déformait, changeait. Il secoua la tête, tentant d'éclaircir ses pensées troubles. Il délirait.

  • Regardes-toi. dit-il pour lui-même alors qu'il s'était arrêté pour se désaltérer. Une journée seul dans la nature et voilà comment tu finis.

Il rit tout seul avant de se remettre en marche. Enfin après un second jour de marche et de faim, car il n'avait oser avaler quoique ce soit, pas même le moindre fruit. Tout lui semblait soudain dangereux, emplis de maladie. Il n'avait bus que de l'eau, et encore, à petite lampées prudentes et n'avait presque pas dormis de la nuit. Les bruits qui emplissaient la nuit ne cessaient de le faire tressaillir. Le souffle du vent dans les branches était inquiétant, les bruits des animaux nocturnes le faisaient trembler. Il ne put s'endormir qu'aux premières lueurs de l'aube et s'éveilla deux heures plus tard écrasé de chaleur.

Des heures plus tard il s'arrêta prêt d'une étrange bande grise coupant la campagne, en son centre était tracée une ligne blanche. Méfiant il regarda à droite puis à gauche. L'étrange chemin se poursuivait vers l'horizon, sans jamais bifurquer.

  • Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Se demanda Liam, curieux.

Il posa une patte prudente sur cet étrange chemin grisâtre et rencontra une surface dure presque lisse, chauffée par le soleil.

Cette étrange surface lui rappelait un endroit similaire, mais où ?

Il creusa dans ses souvenirs jusqu'à ce que soudain la mémoire lui revienne. Cette étrange route il en avait déjà vu de tel, tout près de chez lui, son père et ses frères s'en servait sans cesse, les parcourant sur d'étranges engins à moteur dont le vrombissant avait mainte fois emplis le silence de sa maison. Mais ce n'était pas celle-ci qui l'avait marqué jusqu'à ce jour. Il se rappelait de cette immense piste parfaitement rectiligne décorée de lignes blanches et jaunes s'achevant brutalement au bord de la falaise. Plus bas les vagues de l'océan tumultueuses venaient s'écraser contre les roches noires, projetant leur écume blanche en tous sens. Plus d'une fois il avait vu les étranges vaisseaux de sa famille s'envoler de cette longue piste que plus d'une fois il avait parcourue en courant. Il se rappelait cette fois ou, piqué par la curiosité il s'était approché de l'un de ses vaisseaux alors que, aligné sur la piste il attendait de décoller. Son moteur produisait un vacarme assourdissant et projetait un puissant flux d'air qui rendait son avancée difficile.

Soudain le moteur avait émis un sifflement strident et dans une détonation il s'était élancée sur le long ruban d'asphalte à une vitesse vertigineuse, sans voir que le brutal jaillissement d'air surchauffé et de gaz d'échappement avait propulsé le pauvre Liam loin, loin derrière. Il se souvenait du vol plané, se rappelait le choc et l'immense douleur qui avait suivie, puis du néant et enfin il se le remémorait comme si c'était arrivé la veille : le réveil sur les durs rochés battus par les flots bordant la falaise. Son corps n'était que douleur. Il avait attendu jusqu'à voir ce vaisseau survolant la falaise dangereusement incliné, puis ces silhouettes plongeant dans l'eau. Son père, suivis de Thag et de sa sur Elanor se matérialisèrent devant lui. Depuis ce jour il avait fuis comme la peste cette immense piste de décollage. Chaque fois qu'il s'en approchait une peur panique l'envahissait, le faisant reculer, tremblant comme une feuille. Son père avait tenté d'apaiser ses phobies sans grand succès. Il avait même tenté de le faire entrer dans l'un des vaisseaux alignés le long de la piste et s'était envolé, laissant même Liam le piloter. Quoique effrayé au début il s'était vite laissé prendre au jeu, s'amusant comme un fou, prenant rapidement goût au pilotage presque enfantin du vaisseau, enchainant les figures acrobatiques et réussissant même à le poser du premier coup. Mais une fois au sol sa peur l'avait écrasé de nouveau.

Mais, dans le cas présent il ne s'agissait pas de la même chose, la piste était trop peu étroite et par endroit craquelée par le soleil.

  • Qu'est-ce que je fais ? se demanda-il. Je la traverse ou je la suis ?

Il resta un moment ainsi, observant l'infini ruban gris se déroulant devant ses yeux, hésitant, pesant le pour et le contre et enfin, posa une patte tremblante sur l'asphalte brulant. Il la retira brusquement, les souvenirs l'assaillant avec violence. Il recula de quelques pas, son corps secoué de tremblements saccadés.

  • Je ne peux pas... hoqueta-il.

Il décida finalement de longer la route vers la droite et se mit en marche. Il progressa le long de la route pendant un long moment, enveloppé par la chaleur étouffante du soleil, son estomac gargouillant le faisait se tordre sans cesse, sa gueule était sèche, sa langue lui semblait pâteuse et sa gorge lui faisait l'effet d'un antique parchemin. Bientôt il se sentit vaciller, chanceler doucement.

Il leva les yeux vers le soleil haut dans le ciel dont la chaleur semblait vouloir le piétiner. Il se sentit défaillir, ses maigres forces l'abandonnant soudain et bascula dans les herbes sèches.