Lionne-Neige
#5 of Anthro Fairy Tales
Il y a très longtemps, vivaient dans un lointain pays, un sage roi et une douce reine. Cette lionne, dont le pelage était fauve, avait épousé un splendide lion blanc aux yeux bleus clair. Et tous deux menaient joyeuse vie.
Au cur du premier jour d'hiver, alors que la reine cousait assise près d'une fenêtre, elle se piqua un doigt. Incommodée par cette douleur, la lionne voulut prendre l'air. Elle quitta son siège et ouvrit la fenêtre. Avançant sur le balcon, elle vit trois gouttes de sang tomber sur la neige. Puis, contemplant la mer immobilisée par la glace, la reine se dit en soupirant : -- Ah ! Si je pouvais avoir une fille à la fourrure aussi blanche que la neige, aux lèvres aussi rouges que le sang, et aux yeux aussi bleus que la mer ! Quel bonheur cela serait !
Quelques mois plus tard, elle mit au monde une lionçonne qui était exactement comme elle l'avait souhaitée. Ses parents l'appelèrent donc "Lionne-Neige". Mais, peu après la naissance de la princesse, sa mère mourut. Le roi en éprouva un grand chagrin ; mais ne pouvant se résoudre à laisser sa fille seule dans le château, il décida de se remarier.
Un an plus tard, il épousait une lionne très belle, mais dont le cur était froid et dur. La nouvelle reine était également très sensible à sa beauté. Cependant, Lionne-Neige grandit, et devint elle aussi très belle. Lorsque la princesse eut sept ans, la reine prit la décision de s'isoler dans la chambre à coucher royale. Elle se dirigea ensuite vers son miroir, et comme elle l'avait déjà fait maintes fois, dit à l'objet : -- Miroir magique, répond-moi ; Qui au pays est plus belle que moi ?
Contrairement aux autres fois, ou il ne cessait de lui répéter que c'était elle la plus belle, le miroir répondit : -- , ma reine ! Vous êtes très belle ; Mais c'est Lionne-Neige qui est la plus belle.
À ces mots, la reine grinça des dents de colère. Elle fit mander son chasseur, et lui ordonna : -- Emmène Lionne-Neige dans la forêt, et tue-la ! Et rapporte-moi ses poumons et son foie comme preuves de sa mort !
Le lendemain, le chasseur conduisit la princesse en forêt. Mais, incapable de la tuer, il l'abandonna. Sur le chemin du retour, il tua un marcassin, et en rapporta les poumons et le foie à la reine en prétextant qu'il s'agissait de ceux de Lionne-Neige ; un large sourire aux lèvres, cette dernière les confia au cuisinier du château.
Pendant ce temps, Lionne-Neige errait dans la forêt ; épuisée, la princesse aperçut finalement une petite maison. Elle se dirigea vers l'entrée, et frappa à la porte. N'obtenant pas de réponse, elle se glissa à l'intérieur. Dans la cuisine, elle aperçut une table sur laquelle était disposés sept couverts et sept verres d'eau.
Songeant qu'elle ne pouvait laisser les habitants de la maison se coucher le ventre vide, la princesse mangea une bouchée de chaque assiette et but une gorgée de chaque verre. Lionne-Neige grimpa ensuite à l'étage ; ouvrant la porte de la chambre, elle vit sept lits. Aucun des six premiers n'était à sa taille, mais le septième lui convint. Fatiguée, elle ferma les yeux.
Ce soir-là, quand les nains auxquels appartenait la maison découvrirent l'intruse, sa beauté leur fit un tel effet, qu'ils ne voulurent pas la réveiller. Et le septième nain dormit une heure durant dans chacun des six autres lits. Le matin suivant, Lionne-Neige fit connaissance avec eux et leur raconta son histoire. Émus par le récit de la princesse, les nains acceptèrent de la loger chez eux ; et sept années s'écoulèrent encore.
Durant tout ce temps, la reine menait une existence tranquille. Convaincue d'être la plus belle, elle était sûre que sa rivale ne reviendrait plus jamais. Un jour, elle décida tout de même d'interroger son miroir ; elle se rendit dans la chambre à coucher royale, prit place devant l'objet enchanté, et lui dit : -- Miroir magique, répond-moi ; Qui au pays est plus belle que moi ?
À sa grande surprise, le miroir répondit : -- , ma reine ! Vous êtes très belle ; Mais c'est Lionne-Neige qui est la plus belle.
Furieuse, elle lui demanda de lui indiquer l'endroit où la princesse se cachait. Le jour suivant, déguisée en mercière, la reine se rendit chez les nains ; une fois à l'intérieur, prétendant remplacer remplacer le ruban du corsage de Lionne-Neige, la reine serra le nouveau ruban si fort, que la princesse tomba à terre, essoufflée. Mais, après que la reine fut partie, il ne fallut pas longtemps aux nains pour ranimer la princesse.
Quelques jours plus tard, déguisée en coiffeuse, la reine se présenta de nouveau chez les nains. Une fois de plus, Lionne-Neige accepta de la laisser entrer. À peine le peigne magique eut-il caressé sa tête, que la princesse tomba à terre sans connaissance. Mais, après que la reine fut partie, il ne fallut pas longtemps aux nains pour ranimer la princesse.
Quelques jours après, déguisée en marchande, la reine se représenta chez les nains. Mais cette fois-ci, Lionne-Neige refusa de la laisser entrer : -- Tu es fille prudente, lui dit la reine en changeant sa voix. Accepte néanmoins le modeste cadeau que je te fais.
Sortant de son panier une pomme rouge et verte, la reine coupa le fruit en deux : -- Tiens, dit-elle en lui tendant la moitié rouge. Prend-la ; ainsi, nous nous régalerons toutes les deux.
Confiante, la princesse prit la moitié rouge de la pomme. Après le départ de la reine, Lionne-Neige décida que le moment était venu de goûter son cadeau. À peine y avait-elle mordu, qu'elle sentit ses yeux se fermer et sa respiration s'arrêter. En s'écroulant par terre, elle lâcha le fruit ; ce dernier tomba dans la cheminée, où il brûla.
Ce soir-là, les nains découvrirent leur amie étendue comme morte. Ils la dévêtirent entièrement, et la lavèrent avec de l'eau et du vin. Après l'avoir rhabillée, ils prirent chacun une bougie, et la veillèrent toute la nuit.
Le jour suivant, ils fabriquèrent pour elle un cercueil de verre. Sur le couvercle, était incrustée une plaque commémorative portant l'inscription : "Ci-gît la princesse Lionne-Neige"
Les nains allongèrent ensuite la princesse dans le cercueil, refermèrent le tout, et l'emportèrent dans la forêt ; là, tous la veillait à tour de rôle.
Un jour, un jeune lion remarqua la princesse endormie. Le prince descendit de son cheval, et s'approcha du cercueil ; après avoir lu la plaque, il s'adressa aux nains : "Laissez-moi emporter ce cercueil, dit-il. Je vous donnerai en échange tout ce que vous voudrez. -- Impossible ! répondit le premier nain. -- Il vaut davantage pour nous que tout l'or du monde, ajouta le quatrième. -- En ce cas, faites-m'en cadeau, supplia le prince. Car je ne pourrais plus vivre sans voir Lionne-Neige."
En entendant ce discours, les nains prirent pitié et lui remirent le cercueil. Le prince ordonna à ses serviteurs de transporter la princesse au château de son père. En chemin, l'un d'eux trébucha. Par suite de la secousse le morceau de pomme empoisonnée rejaillit de la bouche de Lionne-Neige. Aussitôt, elle ouvrit les yeux.
Le prince fit arrêter son cortège, mit pied à terre, et alla ouvrir le cercueil. À peine leurs regards se furent-ils croisés, que tous deux tombèrent éperdument amoureux l'un de l'autre.
Lorsqu'elle fut invitée au mariage, la reine décida d'interroger son miroir ; elle se rendit dans la chambre à coucher royale, prit place devant l'objet enchanté, et lui dit : -- Miroir magique, répond-moi ; Qui au pays est plus belle que moi ?
À sa grande surprise, le miroir répondit : -- , ma reine ! Vous êtes très belle ; Mais c'est la jeune reine qui est la plus belle.
Intriguée, la reine se rendit au château du prince. Lorsqu'elle y reconnut Lionne-Neige, elle voulut s'enfuir. Mais le père du prince, qui avait écouté Lionne-Neige lui raconter toute l'histoire, ordonna que l'on emmène la reine. Cette dernière fut ensuite condamnée à danser avec des chaussures de métal chauffées au rouge jusqu'à ce que mort s'ensuive.