CHAPITRE II : Chamboulement
L'histoire d'un jeune homme qui part vers son avenir chez un ami ours de la famille.
PS: Des imperfections peuvent persister.
CHAPITRE II : Chamboulement
Par Rouge_13
Attention : Cette histoire contient du contenu sexuel Gay/Yiffy. Si vous êtes mineur, veuillez ne pas lire cette histoire.
Le jeune homme respirait rapidement essayant de rassembler ses idées alors que la pluie frappait violemment contre son volet. Il transpirait abondamment, mais pas seulement. Il leva les draps pour constater ce qu'il savait déjà. Du sperme était rependu dans son short et son sexe était encore parfaitement droit. Jérémie ne comprit pas tout de suite ce qu'il venait de se passer, à vrai dire, il n'avait eu qu'une seule fois ce genre d'incident nocturne et ça n'avait pas été aussi puissant. Pourquoi était-il autant retourné ?
Il se passa les mains dans les cheveux et se laissa tomber lourdement sur le lit. De quoi rêvait-il déjà ? Il savait le souvenir proche et frais dans son esprit sans pour autant pouvoir l'atteindre. Seule restait son excitation qui commençait peu à peu à s'éloigner comme ses chances de comprendre ce qui l'avait mis dans cet état. Revenant à la priorité, il lui importait maintenant de nettoyer. Il ne pouvait décemment pas se recoucher comme çà. Il retourna sa couette et passa la main pour vérifier: elle été mouillé également. Le jeune homme gloussa nerveusement.
-- La vache, lâcha-t-il en réalisant l'ampleur des dégâts et la situation gênante dans laquelle il était. Fais chier...
Il avait du mal à le croire. Comment ce genre de chose avait-il pu arriver au vu des circonstances ? Il s'attendait à passer une mauvaise nuit, stressé par cette nouvelle page qui se tournait. Au mois, elle avait le mérite de rester très déstabilisante.
Son excitation retombée, il se motiva, prit sa couette, sortit discrètement de sa chambre et se dirigea dans le couloir sombre en direction de la buanderie repérée la veille. Il s'arrêta net en entendant une porte s'ouvrir derrière lui. Il sentit les vibrations du sol sous le pas lourd de l'être qui émergé de l'ouverture. Un grognement :
-- 'Jour...
-- Bonjour, balbutia le jeune homme.
L'ours s'arrêta en voyant Jérémie stoppé net dans le noir dos à lui.
-- Tout va bien ? s'inquiéta Léopold.
-- Oui, oui j'ai... J'ai juste du mal à dormir, il se retourna en plaçant discrètement la couette en boule devant son short humide. J'allais juste aux toilettes.
L'ours émit un bruit roc, apparemment surpris, et repris après quelques secondes d'hésitation.
-- Avec ta couette ? il se gratta le crâne en s'avançant vers la salle de bain.
-- Oui, elle sentait un peu bizarre alors je voulais la mettre à laver, rétorqua-t-il.
-- Ah...
Il se maudit, en plus de ne pas être crédible, il avait réussi à être une nouvelle fois désagréable envers son hôte.
Alors que l'ours s'approcha, le jeune homme le distingua plus clairement. Les poils de sa fourrure brune partaient dans tous les sens, Jérémie fut surpris de constater que ces bras étaient parfaitement dessinés. Son torse velu d'un gris léger ornait au-dessus d'un ventre légèrement bedonnant. Son regard se figea.
-- Euh... Jérémie sentit ses joues s'enflammer. Je... il baissa le regard sur les pieds étrangement humanoïdes de l'ours.
-- Que... Léopold baissa les yeux. Oh, je ... il se racla la gorge. Désolé, j'ai oublié que je n'étais plus seul ici, l'ours nu accéléra le pas vers la salle de bain.
Jérémie secoua la tête et se dirigea vers les toilettes.
-- Non pas de soucis, c'est encore chez vous, ne vous en fait pas.
-- Oui, bon. Je... Je vais me laver, je suis déjà en retard.
-- O... Oui.
Jérémie referma la porte et se posa sur la cuvette. Même dans ses pires prédictions, il n'avait jamais imaginé échange plus gênant avec l'Anthro. Son cur battait à la chamade. Il retira la couette de ses jambes pour dévoiler son érection douloureuse. Il regarda le plafond, les mains tremblantes et une boule dans le ventre. Il se souvenait maintenant, ce qui avait mis son lit dans cet état. C'est en posant les yeux sur le sexe épais de l'ours que tout lui était brutalement revenu.
Après être resté quelques minutes immobile sur le toilette, il essaya de se rappeler pourquoi il été venu dans cette pièce au-delà de la simple envie de fuir la vue terriblement excitante de Léopold. Il s'efforça de se nettoyer du mieux qu'il put tout en respirant lentement pour retrouver son calme.
Jérémie entendit la douche dans la pièce adjacente, il en profita donc pour quitter son refuge et se débarrassa de sa couette. Alors qu'il se dépêchait de regagner sa chambre, il remarqua une odeur enivrante en passant devant la tanière de l'ours dont la porte été restée ouverte. Il accéléra d'autant plus le pas, s'enferma et se jeta sur son lit.
Alors que le jeune homme restait allongé dans son lit, immobile et pensif, il entendit une voix.
-- Bon j'y vais petit, à tout à l'heure.
-- Ça marche, essaya-t-il de répondre de la manière la plus détachée possible.
La porte d'entrée claqua.
Jérémie passa la matinée à nettoyer l'appartement. Non pas qu'il prenait plaisir dans ce genre d'activité, mais il avait besoin d'aérer sévèrement le logis. L'odeur musquée de l'ours réveillé des pensées qu'il préférait garder le plus loin possible de son esprit. La pièce à vivre, une fois bien éclairé par les premiers rayons de soleil succédant la pluie, n'avait plus grand-chose à voir avec l'endroit découvert la veille. Elle était constituée de meubles en bois épais visiblement solides et anciens. L'écran plat était d'ailleurs le seul élément qui nous empêchait de nous croire quelques dizaines d'années en arrière. Jérémie se pinça les lèvres une fois son travail fini. Il espérait que l'ours ne prendrait pas mal le petit coup de frais que le jeune homme avait imposé à la pièce. Il se rassura avec l'idée que la femme de ménage devait probablement en faire autant. Il s'occupa ensuite de sa couette saccagée. Il été hors de question que quiconque s'aperçoit de son accident nocturne.
Il pénétra enfin dans la salle de bain. Jérémie avait quelques appréhensions quant à cette partie de la maison, mais il fut surpris de découvrir que c'était surement la pièce la plus banale de l'appartement. Alors qu'il déposait ses affaires au-dessus de l'évier, il constata que Léopold ne possédait rien à part une brosse à dents dans un gobelet. Une plutôt grosse brosse à dents d'ailleurs. Il ne put s'empêcher de s'imaginer les énormes crocs de l'Anthro.
Une fois propre, Jérémie resta quelques instants sous la douche chaude en fermant les yeux. Alors qu'il essayait de mettre ses idées au clair, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer l'ours sous la douche, les poils plaqués contre sa peau laissant apparaitre son corps solide. L'Anthro se frottant l'aine et passant une pâte entre ses cuisses alors que l'autre malaxé doucement sa bourse. Il lança sa main vers le robinet et le jeune homme lâcha un petit cri quand l'eau glaciale lui stoppa tout début d'excitation.
Léopold rentra en début d'après-midi.
-- Rebonjour, grogna l'ours. Je pensais que tu serais sorti visiter le coin et faire du repérage pour le métro, il s'arrêta et regarda la grande pièce visiblement surpris.
Jérémie se leva du canapé.
-- Je suis désolé, je me suis permis de nettoyer un peu.
-- Non, ce n'est pas grave, il posa sa veste. Ça fait juste longtemps que la pièce n'a pas été autant éclairée. D'habitude je ne me prends pas la peine ne serait-ce que d'ouvrir les volets, il tourna la tête vers lui avec sourire coupable.
-- C'est normal, si vous passez toute la journée au travail.
Jérémie lui rendit son regard. Noir de premier abord, on pouvait distinguer un subtil reflet vert mystérieux et hypnotisant. Il se rendit compte de l'insistance avec laquelle il le regardait et baissa les yeux.
-- Je...
Ses yeux se fixèrent un instant sur l'entrejambe de l'ours. Une boule se fit aussitôt sentir dans le bas du ventre du jeune homme.
-- Ça va ? s'inquiéta-t-il.
-- Euh... Oui, il se força à remonter son regard vers l'ours. Je pensais justement sortir.
-- Ah, tu veux que je te fasse visiter ? lui proposa-t-il en souriant.
-- Non ! il rougit. Je veux dire, je ne veux pas vous déranger alors que vous rentrez du travail, il se dirigea vers l'entrée en emportant sa veste.
-- Oh... lâcha-t-il déçus.
-- De toute façon, il faut bien que je m'habitue à être un peu autonome.
-- Oui, c'est vrai, Jérémie ouvrit la porte. Tu es sur que tout va bien?
-- Oui ne vous en fait pas, il se força à lui sourire.
-- Bon, euh... je pensais faire à manger ce soir donc ne rentre pas trop tard.
-- D'accord. Bon après-midi, il ferma la porte.
Jérémie leva les yeux de son portable pour admirer la majestueuse bâtisse portant fièrement l'inscription Faculté d'Horstone. Il resta de longues minutes ébahi, la bouche ouverte, devant le bâtiment semblant surgir d'une autre époque. Il ne s'attendait pas à une telle différence d'architecture avec le style plutôt moderne et épuré qui remplissait le centre-ville. Après s'être inutilement demandé si n'importe qui avait le droit d'y pénétrer, le jeune homme s'engouffra à travers les larges portes.
Étonnamment, l'intérieur était doté d'équipements bien plus récents que les solides pierres qui composées les murs. Plusieurs écrans plats affichaient des informations relatives aux différents cours qui été donnés. Quelques élèves circulaient alors que certains, assis, semblaient déjà être plongés dans l'étude d'énormes livres.
Après s'être renseigné à l'accueil et avoir traversé une cour intérieure impeccablement décorée, le jeune homme arriva devant les amphithéâtres. Curieux, il se glissa dans le plus grand qui devait accueillir les nouveaux élèves quelques jours plus tard. L'immense pièce pouvait aisément contenir plusieurs centaines de personnes, le dénivelé permettait à Jérémie de parfaitement distinguer les deux énormes tableaux noirs disposés au-dessus d'une estrade. Il eut le vertige rien que d'imaginer cette pièce entièrement remplie. Était-il fait pour pouvoir suivre des cours dans de telles circonstances ? Allait-il pouvoir se faire des amis avec qui partager ses malheurs et bonheurs scolaires ?
C'est plein de doutes que le jeune homme entreprit le chemin inverse. Alors qu'il traversait de nouveau le jardin, il entendit un groupe s'esclaffer. Cinq personnes dont deux Anthros, vraisemblablement un canidé et une bovine, semblaient prendre du bon temps et rigoler en profitant des rayons du soleil. Jérémie avait du mal à concevoir que les Hommes et les Anthro puissent avoir des rapports aussi naturels entre eux. À tel point que cette simple scène en devenait presque fascinante. La mi-femme mi-vache ayant senti son regard insistant sur eux, tourna la tête dans sa direction l'air interrogatif. Le jeune homme, gêné, détourna les yeux et continua sa route en souhaitant fortement pouvoir passer au-dessus des différences qui séparaient les Hommes des Anthros. Il le devait.
Inévitablement, ses pensées finirent par l'amener sur Léopold et l'incident matinal. Il avait maintenant les idées plus claires sur ce qui lui était arrivé. Jérémie avait fini par conclure que tout cela n'était que le fruit du stress qu'il avait accumulé mélangé à la gêne qu'il ressentait vis-à-vis de l'ours. Quant au rêve, il se faisait de moins en moins précis dans son esprit et surtout, ce n'était qu'un rêve. La plupart d'entre eux n'ont aucun sens, celui-ci d'autant plus. Jérémie ne se sentait pas attiré par les hommes, et encore moins par les Anthros, quand bien même il ne s'était jamais posé la question. En même temps, qui se la poserait spontanément ? La sensation qu'il avait eue en découvrant son hôte nu était dû à la situation embarrassante dans laquelle il se trouvait, tout simplement. Le jeune homme préféra ne pas s'en inquiéter, les choses allaient bien finir par se mettre en place toute seule.
Le trajet du retour fut beaucoup plus laborieux pour le jeune citadin. Il s'était trompé de ligne deux fois et avait perdu beaucoup de temps à trouver son chemin dans les dédales souterrains du métro. Arrivé dans son quartier, il constata qu'en plus de l'éloignement géographique vis-à-vis du centre-ville, il y avait surtout une différence d'ambiance par rapport à celui-ci. Les proportions d'Anthro étaient revues à la baisse, les gens dans la rue étaient, de manière générale, moins bien habillé et les bâtiments moins entretenus. Malgré tout, l'endroit restait loin d'être inhabitable.
La nuit commençait à tomber et il pressa naturellement le pas en s'engageant dans la dernière rue qui le ramenait chez Léopold. Avant de pénétrer dans le bâtiment, Jérémie eut le temps d'apercevoir un groupe de jeunes qui l'observaient de loin. Il préféra ne pas s'attarder.
Arrivé devant la porte, il hésita, puis entra.
-- Heu... Je suis rentrée, annonça-t-il anxieusement.
Léo grogna, confirmant qu'il l'avait entendu. Il était dans la cuisine et lui tournait le dos.
-- Encore 10 minutes et je t'appelais pour savoir où tu étais, râla l'ours sans se retourner.
-- Ah... Désolé. Je me suis perdu dans le métro, se justifia-t-il.
-- Évite de rentrer tard sans prévenir... Je ne dis pas çà pour te chaperonner, tu es suffisamment grand, mais il vaut mieux éviter de trainer la nuit dans le quartier, rajouta-t-il après un court silence pour se justifier.
-- C'est noté.
Arrivé devant la porte, il hésita, comme toujours, puis entra.
Il avait, une fois de plus, passé son après-midi à visiter la ville. Malheureusement, il commençait déjà à se lasser des lieux qu'il « découvrait » parfois pour la seconde ou la troisième fois. Depuis qu'il résidait ici, il passait toutes ses journées à l'extérieur plus pour éviter Léopold que par réelle volonté de connaitre chaque détail de la ville. Le temps passant, Jérémie ne parvenait toujours pas à se détendre en sa présence. Pire que çà, il avait peur de ce que lui procurait la proximité de l'Anthro. Une appréhension, mêlée à de la fascination... Avait-il finalement conclu. Cela se serait arrêté là, si la manière dont sa « fascination » se manifestait n'était pas aussi difficilement justifiable. Jérémie ne comprenait pas cette espèce d'attirance qu'il avait, mais il ne pouvait s'empêcher de l'observer sous tous les angles. Ne sachant comment gérer la chose, il préférait donc garder un maximum de distance avec l'Anthro. Même si de son côté, l'ours essayait de faire la conversation.
Le jeune homme rentra discrètement, remarqua la table mise et se glissa sur une chaise. Après quelques minutes l'ours, qui avait parfaitement entendu Jérémy rentrer, s'installa face à lui en apportant un énorme plat de pâtes copieusement garnies de boulettes de viande.
Alors qu'ils mangeaient sans un mot, l'ours s'arrêta soudainement et prit la parole
-- Écoute petit, 'faut qu'on parle.
Jérémie, surpris, sentit une boule se former au creux de son estomac.
-- Bon, reprit l'ours. Ça fait pas mal de temps que je vis seul, et je n'ai jamais vécus avec un jeune chez moi, il cherchait ses mots. Et je suis un Anthro... J'essaye vraiment de faire des efforts, mais il se peut que je fasse mal certaines... Choses. Dans ce cas il faut me le dire et sans prendre de gant. Après, si jamais la situation ne te convient pas, on peut essayer de trouver une autre solution pour ton hébergement.
Jérémie releva la tête, l'ours le regardait, inquiet. S'il n'avait pas été aussi concerné, Jérémy trouverait amusant de voir une grosse bête comme lui parler avec autant d'hésitation. Mais, visiblement, Léopold avait peur que le jeune homme confirme ses doutes. Terriblement gêné par ces aveux, il s'empressa de le rassurer.
-- Non, ne vous en faites pas. J'ai juste le mal du pays.
L'Anthro ne paraissait pas convaincu, Jérémie chercha ses mots puis reprit.
-- Ça fait juste beaucoup de choses qui changent d'un seul coup pour moi, il me faut un peu de temps pour digérer tout çà. Mais ça ne vient pas du tout de vous. À vrai dire, je commence à prendre mes marques, et ça va déjà un mieux.
Le jeune homme, convaincu de ses propres paroles, lâcha un sourire désolé. L'ours sembla se contenter de cette explication.
-- Ça me fait pas mal de changements pour moi aussi, grogna-t-il.
-- Désolé, s'excusa le jeune homme.
-- J'n'ai pas dit que c'était de mauvais changements, l'ours esquissa un sourire en le fixant droit dans les yeux.
Jérémie resta hypnotisé par son regard intense, à cet instant il eut l'impression que Léopold allait le dévorer. À dire, vrai le jeune homme ne demandait pas mieux. Soudain, l'ours secoua la tête, arrêta de sourire et baissa la tête sur son assiette l'air coupable.
-- On devrait manger avant que ça ne refroidisse, grogna-t-il.
-- Oui, confirma le jeune homme qui avait du mal à reprendre ses esprits.
Le repas se finit dans le silence.
Le téléphone sonna. Jérémie hésita puis décrocha.
-- Allo ?
-- Oui Jérémie, c'est Léopold, l'ours chercha ses mots. C'était juste pour te prévenir, ne m'attend pas ce soir, je rentrerais tard.
Jérémie, surpris, mit quelques secondes à répondre.
-- OK, pas de soucis. Bonne soirée alors.
-- Oui... À toi aussi, il raccrocha.
D'une certaine manière, le jeune homme était soulagé. Bien qu'il avait envie de passer ses soirées seul dans sa chambre, il s'efforçait de regarder un minimum la télévision avec Léopold depuis son arrivée. Il ne voulait absolument pas lui montrer sa gêne, même si les discutions sans grand intérêt qu'ils partagés alors trahissaient cruellement cette réalité. Pire, au fur et à mesure que les jours passaient, même ces quelques mots échangés devenaient de plus en plus rares. Jérémie se maudissait d'être arrivé aussi longtemps avant la reprise scolaire. Certes, il avait passé les premières journées à explorer la ville et commençait à bien s'y retrouver. Mais il devait cependant admettre qu'au-delà de 5 jours à déambuler seul dans les rues, ses sorties n'avaient plus aucun sens.
Alors qu'il vagabondait sur le net, Jérémie s'interrogea sur l'absence de Léopold.
D'une part, qu'il prenne le temps de le prévenir. L'ours accordait-il de l'importance au repas qu'ils partageaient en silence le soir ? Ou même à leur visionnage muet de la télévision ? Ou bien pensait-il que Jérémie en accordait ? Dans tous les cas c'était mauvais, car le jeune homme se serait volontiers passé de ce « rituel » éprouvant.
D'autre part, il ne s'était jamais imaginé que l'ours puisse sortir le soir. Était-il avec des collègues ? Avait-il une amie ? C'était possible. Il avait appris par son père que Léopold avait été marié, mais qu'il avait perdu sa femme plusieurs années auparavant. Bien qu'il ne sache pas depuis combien de temps l'Anthro vivait seul, il avait du mal à l'imaginer en train de séduire une femme... Il devait cependant admettre que l'ours ne manquait pas de charme. Il était gentil, viril, avec un regard profond et envoutant.
Avant même de s'en rendre compte, le jeune homme se retrouva devant la porte close. Il avait rapidement pris ses aises dans la maison, du moins, quand celle-ci était vide. Cependant, il restait une pièce qu'il n'osait explorer. De peur de la réaction de Léopold si celui-ci rentré subitement ? Ou de peur de sa propre réaction ? Il devait se rendre à l'évidence, elle hantait ses esprits, même s'il s'efforçait d'en rester éloigné.
Jusqu'à cet instant. Trop excité pour penser aux conséquences, Jérémie ouvrit la porte.
Une odeur puissante et enivrante s'engouffra dans ses narines et le jeune homme ne put que s'en délecter. Cela faisait plusieurs jours que l'odeur musquée et boisé de l'ours n'était presque plus entré en contact avec le jeune homme. Et pour cause, il avait tout fait pour. Il mit donc quelques secondes, immobile, avant de pouvoir s'intéresser à la chambre. Le coucher du soleil éclairé d'une teinte orangée la petite pièce par la seule fenêtre aux rideaux tirés. Là encore, on retrouvait des meubles en bois épais : une grande armoire, deux tables de nuit et un lit suffisamment solide pour supporter l'Anthro.
Il hésita quelques instants et se dirigea vers ce dernier. Les draps en vrac trahissaient la nuit mouvementée de l'ours. Attiré par l'odeur, il se pencha et plongeant son visage dans l'arôme extrêmement excitant qui s'en dégageait. Avec de grandes inspirations, Jérémie parcourait l'ensemble du lit s'étalant au maximum pour s'imprégner entièrement de l'arôme. Ne pouvant se retenir plus longtemps, il ouvrit son pantalon et laissa son sexe douloureusement dur se frotter contre les draps. En fermant les yeux, il avait l'impression de se tenir dans les bras fort de l'ours, emmitouflé contre sa poitrine. Il pouvait sentir l'étreinte, et le membre chaud à l'intérieur de son corps. Sentir le regard ferme posé sur lui. Sentir l'haleine chaude soufflée à quelques centimètres de son visage. Il jeta son visage dans l'oreiller pour étouffer le cri de plaisir trahissant son orgasme. Il n'eut pas la force de rouvrir les yeux.
Ne distinguant pas grand-chose dans la pénombre ambiante, Jérémie eut du mal à réaliser où il se trouvait. Il se sentait parfaitement détendu, malgré qu'un mal de tête inexpliqué vienne troubler ce moment paisible.
Se yeux s'habituèrent peu à peu à l'obscurité, il distingua un cadre sur la table de chevet. Des montagnes en arrière-plan, recouvertes d'arbres aux multiples couleurs. Au premier plan, un ours grand et imposant se tenait à côté d'une femme souriante aux longs cheveux sombres. Elle devait être plutôt grande pour ne pas paraitre ridiculement petite à côté de Léopold.
Léopold.
Jérémie se redressa. Le coucher de soleil avait laissé place à une lune particulièrement lumineuse. Il baissa les yeux et constata la tache humide laissée par son sperme dans le lit. Oubliant son membre encore droit, il se releva et se rhabilla. Ne sachant pas de combien de temps il disposait pour nettoyer ce qu'il avait fait, le jeune homme se contenta d'éponger au mieux et de camoufler la tâche avec les draps. Il espérait que la fourrure de l'ours l'empêcherait de sentir quoi que ce soit. Il retourna au plus vite dans sa chambre, laissant sa porte ouverte.
À l'affut du moindre signe du retour de Léopold, Jérémie, assis dans son lit, peinait à retrouver son calme. Que venait-il de se passer ? Inutile de poser la question tant c'était, cette fois, très clair dans son esprit. La pseudo-excuse du changement de situation vola en éclat alors qu'il se rendait compte de ce qu'il ressentait au « contact » de l'Anthro. Il devait se rendre à l'évidence, il était irrésistiblement attiré par cet être mi-homme mi-bête.
C'était totalement fou. Comment avait-il pu en arriver là ? Il se sentait terriblement gêné de ce qu'il venait de se passait, son comportement était maladif. Il fallait qu'il trouve une solution. Mais il n'avait aucune idée de seulement savoir s'il en existait une. Comment pouvait-il gérer çà ?
Devait-il remettre en question tout ce qu'il croyait savoir sur lui-même ? Que représentaient ses précédentes relations ? Avait-il toujours été comme çà, avec ce genre d'attirances hibernant au plus profond de lui ? Ce n'était pas normal, il devait forcément exister une explication logique. Ça ne devait pas se passer comme çà, il ne pouvait pas gérer çà ! Il leva la tête pour essayer de reprendre son souffle sentant les larmes lui monter aux yeux.
Par sa fenêtre, il croisa le regard de l'astre blanc qui éclairait la nuit. Elle était pleine, d'une rondeur parfaite et parsemée de teinte sombre mettant en évidence les nombreux cratères qui ornaient sa surface. Sa respiration se calma. C'était incroyable d'imaginer que la lune se trouvée à des centaines de milliers de kilomètres alors que l'on pouvait la voir aussi distinctement. Elle n'en était que plus fascinante, demeurant là bienveillante, constante, imperturbable...
Qu'importe ce qu'il se passait, celle-ci serait à son poste demain et le jour suivant. Comment ne pas ses sentir insignifiant face à tant de force et de majesté. Il ne pouvait dire pourquoi, mais cette idée le rassurait. Qu'importe ce qu'il devait se passer, il était futile de s'en inquiéter. Ça ne perturberait aucunement l'équilibre du monde. À part le sien.
-- Fais chier, murmura-t-il à sa confidente.
Perdu dans ses pensées, le jeune homme ne remarqua pas la bête pensive qui l'observait depuis le couloir.