Morbiyus chapter 1
#1 of Morbiyus
Matthew était le genre de mec qui, en le voyant, on pouvait deviner qu'il lui est arrivé les pires crasses du monde. Pourtant il était beau, un jeune tigre à la fourrure toute blanche, de profonds yeux bleus, une fragilité craquante qui cachait que jusqu'à il y a deux ans, il avait failli devenir un catcheur pro. Il avait plaqué progressivement ses études pour s'y consacrer entièrement, et était bien parti pour devenir célèbre, puis il avait tout arrêté, personne ne sait pourquoi. Ses deux seuls vrais amis étaient des jumeaux, gays eux aussi. Eux, compte tenu qu'ils étaient exactement identiques, attiraient tous les hommes qu'ils voulaient, mais Matthew, lui, voulait toujours plus qu'un coup d'un soir. Le problème était qu'il ne réussissait jamais à garder un homme plus de trois jours.
Aujourd'hui pour Matthew était un douloureux jour. Il pleuvait, il n'avait plus de voiture, et, déprimait, était en train de boire, torse nu malgré un froid d'hiver mordant. Il s'empêchait de pleurer, assis à la table de son salon, fixant le vide. On tapait et sonnait à la porte depuis un bon moment. Quand il s'en aperçut, il alla lentement ouvrir la porte, appuyé contre les murs, en laissant la chaîne.
« Ouvre, vieux, c'est nous !
_Les jumeaux...
_Putain, quelle voix !
_Il a encore picolé.
_Ouais.
_Allez ouvre !
_Ouvre ! »
Ces deux piles survoltées étaient des écureuils, que Matthew laissa entrer après un petit moment de réflexion. Ils entrèrent et allèrent s'asseoir à la table du salon. Il n'y avait que deux chaises, occupées par les jumeaux.
« En d'autres circonstances, je dirais que ta voix est très sexy.
_Mais comme tu bois, il dira pas ça !
_Je te comprends pas, t'es beau, jeune, sexy, et tu pourris ta vie...
_Ce jeu, là , interrompit Matthew, de finir la phrase de l'autre...
_ça nous a pris la journée !
_Et alors ?
_C'est insupportable... Dit-il. Je ne sais pas à qui je parle...
_Normal, t'as trop bu !
_Mais non... »
Matthew tituba, heurta le mur, et glissa. Assis sur le sol, il recouvrit son visage de ses mains.
« Tu me brises le c.."ur, un si beau tigron...
_C'est Shad ? Demanda Matthew en pointant du doigt l'un des deux frères.
_Non, c'est l'autre. T'as bu comme un trou ! »
Un long silence prit place. Shad se leva et alla aider Matthew à se relever et à s'asseoir sur sa chaise. Le second frère, Vince, sortit, disant qu'un homme l'attendait. Shad s'assit, et regarda la jeune épave que devenait Matthew. Il y eut un long silence. Matthew saisit la bouteille sur la table, mais Shad posa sa main sur la sienne, l'empêchant de la soulever.
« T'as eu ta dose, chéri.
_Laisse-moi crever.
_Certainement pas.
_Pourquoi ? Je sers à rien...
_Si. Regarde, Tu m'as fait adorer le catch et maintenant je fais chier mon frère quand ça passe à la télé. D'ailleurs, tu comptes reprendre quand ? T'étais génial ! »
Matthew leva la tête, et regarda Shad droit dans les yeux. Il avait les larmes au bord des yeux. Shad fit une légère grimace puis s'excusa. De nouveau, le silence s'installa, mais moins longtemps.
« Écoute, Mew...
_M'appelle pas...
_Matt. Ce n'est pas la peine de te laisser dépérir comme ça, t'avais un brillant avenir et t'es en train de tout bousiller. Motive-toi, Vince et moi on est là pour t'aider, tout n'est pas perdu. Réfléchis-y, moi je dois aller jouer à un petit jeu...
_...Lequel ?
_Et bien, le mec que Vince est en train de se taper ne sais pas que Vince à un jumeau... »
Shad salua Matthew avant de partir. Une longue minute plus tard, Matthew éclata de rire quand il comprit le jeu des jumeaux. IL était en train de gâcher sa vie, et il se marrait. Pas de petit ami, un boulot minable de comptable, ses rêves de gosses en train de voler en éclats, mais il se tordait de rire. Quand il se rendit compte de tout ça, il se calma, puis se leva. Appuyé contre le mur, il alla dans sa chambre se coucher. Il se laissa lourdement tomber sur le lit. Il regardait par la fenêtre depuis le lit, malgré la diminution momentanée de la vue causée par l'alcool. I faisait gris, il pleuvait toujours, et assez fort. Après tout, on était en octobre. Il s'endormit lentement, pour finalement être réveillé par un Shad en pleine forme.
« Allez, debout !
_On est quel jour ? Demanda Matthew en se levant brusquement.
_On est Lundi ! T'es en retard ! »
Matthew sauta hors du lit, et demanda à Shad de lui préparer un café, noir et sans sucre. Il se déshabilla, sans savoir que Shad le regardait. Il mit son costume pour aller au travail, et alla boire son café au salon. Il avait un mal de crâne à réveiller un mort.
« T'as une sale mine, malgré ta gueule d'ange, dit Shad. »
Matthew ne répondit pas, il se brûla la langue avec le café, à la place. Shad s'en excusa non sans cacher le fait que ça l'amusait. Voyant que Matthew ne parlait pas, il prit la parole.
« Avant que tu me le demande, chéri, je te mène au boulot, et j'ai réussit à rentrer parce que t'avais oublié de fermer la porte à clés... Oh et puis, t'as un très beau tatouage. »
Matthew se brûla de nouveau.
« Quoi ? Dit-il. »
Matthew avait un tatouage noir, dans le bas du dos, un motif tribal avec une pointe qui descendait jusqu'un peu après la base de la queue, puis deux autre pointes qui dessinait l'intérieur des deux fesses, presque entre les deux muscles, jusqu'à l'extérieur, une forme de demi-lune pointue, ce qui faisait un peu plus ressortir la forme de son fessier, tout du moins, au trois quarts. Il mit un court instant à comprendre, et parut très fâché.
« Salaud ! Dit-il.
_Quoi ? Il est magnifique !
_... C'est mon ex qui avait insisté.
_Il avait raison... »
Shad lui dit de se dépêcher, puis alla l'attendre dans la voiture. En attendant que son café refroidisse un peu, il mit les bouteilles vides dans un sac plastique. Il dû tout de même boire son café, puis partit rejoindre Shad, en pensant cette fois à fermer la porte à clés. Il ne pleuvait plus dehors, mais il faisait tout aussi froid.
« N'empêche, reprit Shad, ce tatouage... Il est vraiment magnifique. Assez discret, pas surchargé, et puis il met ton magnifique cul en valeur...
_Hé !
_Pardon, pardon...
_... Vraiment ?
_Oh oui ! On serait pas potes que je t'aurais plaqué contre l'armoire. »
Ils arrivèrent devant un grand immeuble, là où Matthew travaillait. Il sentit qu'il allait passer une mauvaise journée. A l'entrée, un loup le harcelait depuis deux semaines, depuis qu'il apprit qu'il était gay à vrai dire. Il était avec des amis à lui, et tenait par la hanche une chatte. Il fit en sorte de ne pas se faire remarquer, mais il passa apparemment trop près.
« Et bien, on a fait la fête tout le week-end on dirait ! Alors, tu t'es fait sauté par combien de mecs hein ? Étonnant que tu marche normalement après t'être fait sauter tout le week-end ! Les pédés, toujours à sauter n'importe qui n'importe où... »
La chatte, après avoir jeté un coup d'.."il à Matthew pour comprendre la situation, demanda à son petit ami pourquoi il le harcelait comme ça. Il répondit tout simplement qu'il avait cas pas être pédé. Voyant entrer Matthew dans l'ascenseur, elle lui demanda de retenir les portes, et entra dans l'ascenseur avec lui.
« Je suis désolée, dit-elle. Vraiment.
_J'ai l'habitude, dit-il doucement.
_ça ne me regarde pas, mais vous n'avez pas à vous laisser faire.
_J'ai pas la force.
_Vous ne devriez pas rester seul...
_J'arrive pas garder un mec plus de trois jours !
_...Je voulais dire, dans la rue ou n'importe où ailleurs, pour ce genre de situations par exemple...
_Oh... »
L'immeuble était immense, et ils allaient à un haut étage, à deux niveaux de différence. Un silence s'installa, où Matthew fut terriblement gêné.
« Vous êtes seul ? Demanda la chatte.
_Oui.
_C'est étonnant. Vous êtes mignon. J'ai pas de problèmes pour vous le dire, vous êtes gay...
_J'aurais pu être bisexuel.
_Vous ne parliez que d'hommes tout à l'heure... Enfin. Il y a vraiment des salauds sur cette Terre, et il a fallu que je tombe sur l'un d'entre eux.
_Pourquoi vous ne le quittez pas ?
_On s'aime... J'aime pas trop sa manière de pensée, mais je l'aime quand même. Me voilà arrivée. Moi c'est Cathy.
_Matthew. »
Elle laissa Matthew seul après lui avoir adressé un joli sourire, pour aller travailler. Matthew alla à son bureau. Il n'aimait pas les chiffres, et c'était son boulot. La matinée fut infernale, longue et dure. Vers les dix heures, Cathy apparut à son bureau, et l'invita à manger à une pizzeria. Il hésita ; après tout, c'était la petite amie d'un homophobe, et s'il les voyait ensemble, il entrerait sûrement dans une colère noire, mais en même temps, ça lui ferait du bien de sortir. Aussi accepta-t-il. Midi sonné, il descendit, et rejoignit Cathy qui l'attendait à l'entrée. Durant le repas, ils parlèrent surtout d'homosexualité, d'homophobie. Elle ajouta entre deux bouchées qu'elle trouvait incroyable qu'un beau jeune homme comme Matthew soit seul. Il répondit simplement qu'il était compliqué. Mais en fait, il avait sa petite idée, peut-être qu'il était trop mignon, que les hommes voulaient uniquement coucher avec lui. Et puis il n'était pas très sociable, il parlait peu. Aussi gentil pouvait-il être, les autres ne regardait que ses fesses, à en être gêné par sa sensibilité. Et puis il y avait son manque de confiance en soi et d'assurance aussi.